Ostéoporose

ParMarcy B. Bolster, MD, Harvard Medical School
Vérifié/Révisé sept. 2023
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L'ostéoporose est une maladie osseuse métabolique progressive, qui diminue la densité minérale osseuse (masse osseuse par unité de volume), avec détérioration de l'architecture osseuse. La fragilisation osseuse entraîne des fractures causées par des traumatismes mineurs, voire qui sont passés inaperçus, en particulier au niveau du rachis lombaire, du poignet et de la hanche (appelées fractures de fragilisation). Le diagnostic est posé par l'absorptiométrie biphotonique par rayons X (DXA scan) ou par la confirmation d'une fracture de fragilité. La prévention et le traitement reposent sur la modification des facteurs de risque, la supplémentation en calcium et en vitamine D, l'exercice physique pour renforcer l'os et les muscles, améliorer l'équilibre et réduire le risque de chutes, un traitement médicamenteux pour préserver la masse osseuse ou stimuler la formation osseuse.

Physiopathologie de l'ostéoporose

De l'os est constamment formé et résorbé. Normalement, la formation et la résorption osseuse sont étroitement équilibrés. L'activité des ostéoblastes (cellules chargées de la fabrication de la matrice organique de l'os et de la minéralisation des os) et des ostéoclastes (cellules qui résorbent l'os) est régulée par l'hormone parathyroïdienne (PTH), calcitonine, œstrogènes, vitamine D, diverses cytokines et d'autres facteurs locaux tels que les prostaglandines.

Le pic de masse osseuse chez l'homme et la femme est atteint vers 30 ans. Les hommes ont une masse osseuse plus élevée que les femmes. (Des données antérieures suggérant que les personnes d'ascendance africaine atteignent un pic de masse osseuse plus élevé sont actuellement remises en cause.) Après avoir atteint son pic, la masse osseuse reste en plateau pendant près de 10 ans, période pendant laquelle la formation et la résorption osseuse sont équilibrées. À partir de la ménopause, la perte osseuse s'accélère chez la femme à environ 2% par an pendant environ 10 ans, puis le taux de perte diminue (1).

La perte osseuse ostéoporotique intéresse à la fois l'os cortical et l'os trabéculaire (spongieux). L'épaisseur de l'os cortical, le nombre et la dimension des travées diminuent, provoquant une augmentation de porosité. Les travées peuvent être interrompues ou entièrement détruites. La perte osseuse trabéculaire survient plus rapidement que la perte osseuse corticale parce que l'os trabéculaire est plus poreux et le turnover osseux y est plus rapide. Cependant, la perte des deux types d'os contribue à la fragilité du squelette.

Fractures de fragilité

Une fracture de fragilité est celle qui se produit lors d'un traumatisme moindre que ce que l'on pourrait s'attendre être en mesure de fracturer un os normal. Les fractures résultant de chutes d'une hauteur debout ou moins, y compris les chutes du lit, sont généralement considérées comme des fractures de fragilité. Les sites des fractures de fragilité les plus fréquents sont les suivants:

D'autres sites peuvent comprendre l'humérus proximal et le bassin.

Les fractures de sites tels que le nez, les côtes, la clavicule, la rotule et les métatarsiens ne sont pas considérées comme des fractures liées à l'ostéoporose.

Référence pour la physiopathologie

  1. 1. Finkelstein JS, Brockwell SE, Mehta V, et al: Bone mineral density changes during the menopause transition in a multiethnic cohort of women. J Clin Endocrinol Metab 93(3):861-868, 2008. doi:10.1210/jc.2007-1876

Classification de l'ostéoporose

L'ostéoporose peut se développer comme un trouble primaire du remodelage osseux ou secondairement à un autre facteur. Les sites de fracture sont similaires dans l'ostéoporose primaire et secondaire.

Ostéoporose primitive

Presque toutes les manifestations de l'ostéoporose chez l'homme et chez la femme sont primitives, sans cause sous-jacente identifiable. La plupart des ostéoporoses surviennent chez la femme ménopausée et l'homme âgé. Cependant, certaines pathologies peuvent accélérer la perte osseuse en cas d'ostéoporose primitive. L'insuffisance gonadique est un facteur important chez l'homme et la femme; d'autres facteurs comprennent une diminution de l'apport en calcium, des taux bas de vitamine D, certains médicaments, et l'hyperparathyroïdie. Certains patients ont un apport de calcium insuffisant au cours de la période de croissance osseuse de l'adolescence, et n'atteignent donc jamais le pic de masse osseuse idéal.

Le principal mécanisme de perte osseuse est l'augmentation de la résorption osseuse, qui se traduit par une diminution de la masse osseuse et une détérioration micro-architecturale, mais parfois la formation d'os est diminuée. Les autres mécanismes de perte osseuse peuvent être les suivants:

  • Modifications locales de la production de cytokines, en particulier impliquant des cytokines telles que le receptor activator of nuclear factor kappa-B ligand [RANKL] qui augmentent la résorption osseuse en favorisant la différenciation et la maturation des ostéoclastes

  • Une formation osseuse insuffisante au cours du remodelage osseux probablement liée à l'âge et à la diminution du nombre et de l'activité des ostéoblastes, en partie liée à l'augmentation médiée par les cytokines de la protéine sclérostine

  • D'autres facteurs qui affectent la résorption osseuse tels que l'hormone parathyroïdienne (PTH) et la vitamine D

L'ostéoporose idiopathique correspond aux rares cas de fractures de fragilité chez des enfants, des adolescents, des femmes non ménopausées ou des hommes de < 50 ans qui ont une fonction gonadique normale et aucune cause secondaire détectable, y compris en cas de faible masse osseuse pour leur âge (Z-scores bas sur l'absorptiométrie bi-énergie par rayons X [DXA] scans).

Ostéoporose secondaire

L'ostéoporose secondaire est responsable de < 5% des cas d'ostéoporose chez la femme et d'environ 20% chez l'homme. Des causes (voir tableau Causes d'ostéoporose secondaire) peuvent également accélérer davantage la perte osseuse et augmenter le risque de fracture en cas d'ostéoporose primitive.

Les patients qui ont une maladie rénale chronique peuvent présenter plusieurs causes de faible masse osseuse, dont une hyperparathyroïdie secondaire, une élévation du phosphate sérique, une carence en calcitriol, des anomalies du calcium sérique et de la vitamine D, une ostéomalacie et des troubles osseux à faible taux de renouvellement (maladie osseuse adynamique).

Tableau

Facteurs de risque d'ostéoporose

Si la contrainte mécanique, y compris le port de charge, est nécessaire pour la formation osseuse, l'immobilisation ou des périodes de sédentarité occasionnent une perte osseuse. Un indice de masse corporelle bas prédispose à une diminution de la masse osseuse.

L'insuffisance des apports alimentaires en calcium, phosphate, magnésium et vitamine D prédispose à la perte osseuse, de même que l'acidose endogène. Le tabagisme et l'excès d'alcool affectent également défavorablement la masse osseuse. Des antécédents familiaux d'ostéoporose, en particulier des antécédents de fracture de la hanche chez les parents, augmentent également le risque. Les patients qui ont eu une fracture de fragilité ont un risque accru d'avoir d'autres fractures cliniques (symptomatiques) ainsi que des fractures vertébrales par tassements asymptomatiques.

Certaines populations, dont les Blancs et les Asiatiques, auraient un risque plus élevé d'ostéoporose que d'autres groupes. Cependant, ces prétendues différences de population sont mises en doute en raison des difficultés nouvellement comprises dans le tri des individus en groupes de population.

Symptomatologie de l'ostéoporose

Les patients qui ont une ostéoporose sont asymptomatiques, sauf en cas de fracture. Les fractures non vertébrales sont généralement symptomatiques, mais environ deux tiers des fractures vertébrales par compression sont asymptomatiques (bien que les patients aient des douleurs dorsales chroniques sous-jacentes due à d'autres causes telles qu'une arthrose). Une fracture par compression vertébrale (tassement) symptomatique commence brutalement, n'irradie habituellement pas, est aggravée par le port de charges, peut entraîner un point douloureux local et commence à diminuer habituellement après 1 semaine. La douleur résiduelle peut durer des mois ou être constante, auquel cas, des fractures supplémentaires ou des troubles sous-jacents de la colonne vertébrale (dont une tumeur maligne ou une infection) doivent être suspectés.

De multiples fractures par tassement de vertèbres thoraciques peuvent provoquer à terme une cyphose dorsale, avec hyperlordose cervicale (bosse de la douairière). Les tensions anormales exercées sur les muscles et les ligaments paravertébraux peuvent occasionner une douleur chronique, sourde, pénible, particulièrement dans le bas du dos. Les patients peuvent être essoufflés en raison d'un volume intrathoracique réduit et/ou une satiété précoce due à la compression de la cavité abdominale lorsque la cage thoracique se rapproche du bassin.

Diagnostic de l'ostéoporose

  • Absorptiométrie biphotonique par rayons X (DXA)

  • Rx (effectuées en général, mais non diagnostiques)

Bien qu'un diagnostic de densité minérale osseuse faible (et de risque associé accru de fracture) puisse être suggéré par des rx, il doit être confirmé par une mesure de la densité osseuse. Typiquement on utilise le DXA; la TDM quantitative peut produire des mesures similaires de la densité minérale osseuse, mais n'est pas largement disponible.

Absorptiométrie biphotonique par rayons X (DXA)

La densité minérale osseuse doit être mesurée par DXA scan pour dépister les sujets à risque, fournir une mesure quantitative de la perte osseuse, permettre de prédire le risque de fracture et surveiller les patients sous traitement (1). Dans une absorptiométrie biphotonique par rayons X (DXA scan), les zones cibles, généralement la colonne vertébrale et une ou les deux hanches, sont imagées en utilisant des rx de haute et basse énergie (d'où le terme de "double énergie"). La différence d'atténuation entre les faisceaux de haute et de basse énergie reflète le contenu minéral osseux. La teneur en minéraux de l'os divisée par la surface de l'os (également mesurée par la DXA scan) est la densité minérale osseuse en g/cm2.

Si la colonne ou la hanche ne sont pas disponibles pour l'analyse (p. ex., du fait de la présence de matériel d'arthroplastie totale de hanche), le radius distal peut être examiné (appelé «radius 1/3» sur le rapport DXA scan). Le radius distal doit aussi être scanné chez un patient présentant une hyperparathyroïdie parce que c'est le site le plus fréquent de perte osseuse dans l'hyperparathyroïdie.

Les résultats de la DXA sont rendus sous forme de T et Z-scores.

Le T-score correspond au nombre d'écart-types par lequel la densité minérale osseuse du patient diffère par rapport à la masse osseuse d'un sujet jeune en bonne santé, du même sexe et de même ethnie. L'OMS établit des valeurs seuils pour les T-scores qui définissent l'ostéopénie et l'ostéoporose (2). Un T-score < -1,0 et > -2,5 définit l'ostéopénie. Un T score ≤ -2,5 définit une ostéoporose.

Le Z-score correspond au nombre d'écart-types par lequel la densité minérale osseuse diffère de celle d'une personne du même âge et du même sexe, et il doit être utilisé chez l'enfant, la femme en pré-ménopause ou l'homme de < 50 ans. Si le Z-score est ≤ -2,0, la densité minérale osseuse est faible par rapport à l'âge du patient et des causes secondaires de la perte osseuse doivent être envisagées.

Une absorptiométrie biphotonique par rayons X (DXA scan) est recommandée chez les patients suivants:

  • Toutes les femmes de ≥ 65 ans

  • Les femmes entre la ménopause et l'âge de 65 ans qui ont des facteurs de risque, dont des antécédents familiaux d'ostéoporose, un indice de masse corporelle bas et la consommation de tabac et/ou de médicaments à risque élevé de perte osseuse (p. ex., des corticostéroïdes, inhibiteurs de l'aromatase)

  • Les patients (hommes et femmes) de tout âge qui ont présenté des fractures de fragilité

  • Patients présentant, à l'imagerie, des signes de diminution de la densité minérale osseuse ou de fractures asymptomatiques de compression vertébrale découvertes de façon fortuite à l'imagerie

  • Patients à risque d'ostéoporose secondaire

Actuellement la DXA permet également d'évaluer les déformations vertébrales du rachis thoracique et lombaire, par un procédé appelé analyse des fractures vertébrales. Les déformations vertébrales par compression en l'absence de traumatisme, même celles cliniquement silencieuses, sont diagnostiques de l'ostéoporose et sont prédictives d'un risque accru de futures fractures. L'analyse des fractures vertébrales est plus susceptible d'être utile en cas de perte de hauteur ≥ 3 cm. Si les résultats de l'analyse des fractures vertébrales révèlent des anomalies suspectes, des radiographies doivent être effectuées pour confirmer le diagnostic.

La nécessité de traitement pharmacologique est basée sur la probabilité de fracture, qui dépend des résultats obtenus par DXA ainsi qu'à d'autres facteurs. Le fracture risk assessment (FRAX) score (voir Fracture Risk Assessment Tool) prédit la probabilité à 10 ans de fracture ostéoporotique majeure (de la hanche, de la colonne vertébrale, de l'avant-bras, ou de l'humérus) chez les patients non traités. Le score représente plusieurs facteurs de risque significatifs de perte osseuse et de fracture, dont la densité minérale osseuse, de multiples caractéristiques cliniques et le pays d'origine du patient (pour tenir compte des différences de population observées). Si le score FRAX est au-dessus de certains seuils (aux États-Unis, une probabilité de fracture ostéoporotique majeure ≥ 20% ou une probabilité de 3% de fracture de hanche), le traitement pharmacologique doit généralement être recommandé (3). L'utilisation du score FRAX est limitée car il ne tient pas compte de plusieurs facteurs, dont les antécédents de chutes ou d'augmentation du risque de chutes, la densité minérale osseuse du patient au niveau du rachis lombaire ou les antécédents familiaux de fractures vertébrales.

Rx

Les os montrent une diminution de la radiodensité et une perte de la structure trabéculaire, mais sont insuffisants à des fins diagnostiques. Cependant, les rx sont importantes pour documenter les fractures résultant de la perte osseuse. La réduction de la hauteur et l'augmentation de la biconcavité du corps vertébral sont des signes caractéristiques de fracture vertébrale par tassement. Les fractures vertébrales au niveau dorsal peuvent entraîner une cunéisation antérieure de l'os. Les fractures vertébrales se produisent le plus souvent au niveau du milieu du thorax lorsqu'elles sont dues à l'ostéoporose (4). Les fractures vertébrales situées au-dessus de la région médio-thoracique doivent faire évoquer une étiologie maligne ou traumatique. Des rx du rachis pour rechercher des fractures asymptomatiques de fragilité vertébrale doivent être envisagées chez les patients âgés qui ont des douleurs dorsales sévères et une sensibilité localisée au niveau des épineuses vertébrales et chez les patients qui rapportent une perte de taille > 3 cm. Dans les os longs, bien que les corticales puissent être fines, la surface périostée reste lisse.

L'ostéoporose induite par les corticostéroïdes est principalement susceptible de provoquer des fractures vertébrales par compression (tassement), mais elle peut également entraîner des fractures au niveau d'autres sites où les fractures ostéoporotiques sont fréquentes (5). L'hyperparathyroïdie peut être évoquée lorsqu'on observe une résorption sous-périostée ou des lésions osseuses kystiques (rarement). L’ostéomalacie peut causer des anomalies à l’imagerie similaires à celles de l’ostéoporose.

Différenciation entre ostéoporose et ostéomalacie

Deux maladies métaboliques osseuses diminuent la masse osseuse: l'ostéoporose et l'ostéomalacie.

Dans l'ostéoporose la masse osseuse est diminuée, mais le rapport os minéralisé sur matrice osseuse est normal.

Dans l'ostéomalacie, le rapport os minéralisé sur matrice osseuse est bas.

L'ostéoporose est la conséquence d'une association d'un pic de masse osseuse insuffisant, d'une augmentation de la résorption osseuse et d'une altération de la formation osseuse. L'ostéomalacie est due à une mauvaise minéralisation, habituellement du fait d'une carence sévère en vitamine D ou d'un métabolisme anormal de la vitamine D (voir vitamine D). L'ostéomalacie peut être causée par des troubles qui perturbent l'absorption de la vitamine D (p. ex., maladie cœliaque) et par certains médicaments (p. ex., médicaments anti-convulsivants). L'ostéoporose est beaucoup plus fréquente que l'ostéomalacie aux États-Unis. Les deux troubles peuvent coexister et leur expression clinique est similaire; de plus, les patients souffrant d'ostéoporose peuvent présenter une carence légère à modérée en vitamine D.

Une ostéomalacie doit être suspectée en cas de douleurs osseuses, de fractures de côtes récurrentes ou d'autres fractures inhabituelles et si le taux de vitamine D est en permanence très bas. Pour différencier définitivement les deux troubles, une biopsie osseuse marquée à la tétracycline peut être effectuée, mais cela est rarement justifié.

Autres examens

Une évaluation des causes secondaires de perte osseuse doit être envisagée en cas de Z-score ≤ -2,0. Les tests systématiques doivent habituellement comprendre les examens suivants:

  • Calcium, magnésium et phosphore sériques

  • Taux de 25-hydroxyvitamine D

  • Tests de la fonction hépatique, dont la mesure d'une phosphatase alcaline basse (hypophosphatasie)

  • Taux de PTH intact (hyperparathyroïdie)

  • Testostérone sérique chez les hommes (hypogonadisme)

  • Urine des 24 heures pour calcium et créatinine (hypercalciurie)

D'autres examens de laboratoire, tels que la TSH ou la thyroxine libre à la recherche d'une hyperthyroïdie, de concentrations de cortisol libre urinaire, la NFS et d'autres examens pour éliminer une tumeur maligne en particulier un myélome (p. ex., électrophorèse des protéines sériques, électrophorèse des chaînes légères libres sériques et des protéines sériques et urinaires) doivent être envisagés selon le contexte clinique.

Les patients qui ont perdu du poids doivent faire l'objet de la recherche d'un trouble gastro-intestinal (p. ex., un syndrome de malabsorption, une maladie cœliaque, une maladie intestinale inflammatoire) ou d'un cancer. La biopsie osseuse est réservée aux cas exceptionnels (p. ex., les patients jeunes qui ont des fractures de fragilité sans cause apparente, les patients atteints de maladie rénale chronique qui peuvent avoir d'autres troubles osseux, les patients qui ont des taux de vitamine D très faibles de manière persistante chez qui on suspecte une ostéomalacie).

Les taux sériques à jeun de C-télopeptide cross-linké (CTX) ou urinaires de N-télopeptide cross-linké (NTX) reflètent l'augmentation de la résorption osseuse. Cependant, la fiabilité des tests est variable, ce qui complique leur utilité dans les soins cliniques de routine. Des études suggèrent que les taux élevés de CTX et de NTX peuvent être utiles pour prédire le risque de fracture chez un patient non traité, surveiller la réponse au traitement antirésorptif et déterminer le moment des fenêtres thérapeutiques médicamenteuses (6). Chez les patients sous traitement antirésorptif, les taux doivent être nettement supprimés. Sinon, une absorption anormale ou une mauvaise observance du traitement doivent être suspectées.

Références pour le diagnostic

  1. 1. Leslie WD, Majumdar SR, Morin SN, Lix LM: Change in bone mineral density is an indicator of treatment-related anti-fracture effect in routine clinical practice: A registry-based cohort study. Ann Intern Med 165(7):465–472, 2016. doi: 10.7326/M15-2937

  2. 2. Kanis JA, McCloskey EV, Johansson H, et al: A reference standard for the description of osteoporosis. Bone 42(3):467-475, 2008. doi:10.1016/j.bone.2007.11.001

  3. 3. Siris ES, Adler R, Bilezikian J, et al: The clinical diagnosis of osteoporosis: a position statement from the National Bone Health Alliance Working Group. Osteoporos Int 25(5):1439-1443, 2014. doi:10.1007/s00198-014-2655-z

  4. 4. Alsoof D, Anderson G, McDonald CL, et al: Diagnosis and management of vertebral compression fracture. Am J Med 135(7):815-821, 2022. doi:10.1016/j.amjmed.2022.02.035

  5. 5. Van Staa TP, Leufkens HG, Abenhaim L, et al: Use of oral corticosteroids and risk of fractures. J Bone Miner Res 15(6):993-1000, 2000. doi:10.1359/jbmr.2000.15.6.993

  6. 6. Lorentzon M, Branco J, Brandi ML et al: Algorithm for the use of biochemical markers of bone turnover in the diagnosis, assessment, and follow-up or treatment of osteoporosis. Adv Ther 36(10): 2811–2824, 2019. doi: 10.1007/s12325-019-01063-9

Traitement de l'ostéoporose

  • Correction des facteurs de risque

  • Supplémentation en calcium et en vitamine D

  • Les médicaments antirésorptifs (p. ex., les bisphosphonates, la thérapie hormonale substitutive, un modulateur sélectif des récepteurs des œstrogène, les inhibiteurs du receptor activator of nuclear factor kappa-B ligand [RANKL] [denosumab])

  • Agents anabolisants (p. ex., analogues de l'hormone parathyroïdienne (PTH) tels que le tériparatide et l'abaloparatide)

  • Le romosozumab, un anticorps monoclonal dirigé contre la sclérostine avec des effets à la fois antirésorptifs et anabolisants

Les priorités du traitement de l'ostéoporose consistent en une préservation de la masse osseuse, une prévention des fractures, une diminution de la douleur et un maintien de la fonction.

La vitesse de perte osseuse peut être ralentie par la pharmacothérapie, mais une ingestion adéquate de calcium et de vitamine D et une activité physique sont essentielles pour maintenir une densité minérale osseuse optimale. Les facteurs de risque modifiables doivent également être traités.

Correction des facteurs de risque

Les modifications des facteurs de risque visent à réduire le risque d'ostéoporose et le risque de fractures. Les mesures comprennent

  • Des exercices réguliers en charge

  • Une modération de la consommation d'alcool

  • Le sevrage tabagique

  • Des mesures de prévention des chutes

Les exercices en charge peuvent augmenter la densité minérale osseuse (1). La durée optimale des exercices en charge n'est pas établie, mais une moyenne de 30 min/jour est recommandée (2). Cependant, un exercice excessif sans apport alimentaire adéquat chez la femme non ménopausée peut entraîner une perte de poids et une aménorrhée, et une perte osseuse ultérieure. Si de l'alcool est consommé, l'apport ne doit pas être supérieur à 1 verre par jour pour les femmes et 2 verres par jour pour les hommes.

Les médecins doivent systématiquement poser des questions sur les chutes récentes et évaluer le risque de chute. De nombreux patients âgés sont à risque de chutes à cause d'une mauvaise coordination et d'un mauvais équilibre, d'une mauvaise vision, d'une faiblesse musculaire, d'une confusion et de la prise de médicaments qui provoquent une hypotension orthostatique ou altèrent la vigilance. Les kinésithérapeutes peuvent évaluer la démarche et le risque de chute d'un patient et créer des programmes individualisés sûrs d'exercices de renforcement des muscles abdominaux, du bas du dos, des hanches et du bassin pour augmenter la stabilité et réduire le risque de chutes. Éduquer les patients sur les risques de chutes et de fractures, apprendre à faire les activités quotidiennes en toute sécurité et modifier l'environnement de la maison pour assurer la sécurité est également important pour prévenir les fractures.

Calcium et vitamine D

Tous les hommes et les femmes doivent consommer au moins 1000 mg/jour de calcium élément. L'absorption de 1200 mg/jour (incluant la consommation alimentaire) est recommandée chez la femme ménopausée et l'homme âgé et au cours des périodes de la vie où les besoins sont augmentés, telles que le pic de croissance péripubertaire, la grossesse et l'allaitement. La consommation de calcium doit idéalement provenir de sources alimentaires, avec des suppléments utilisés si l'apport alimentaire est insuffisant. Les suppléments calciques sont le plus souvent pris sous la forme de carbonate de calcium ou de citrate de calcium. Le citrate de calcium est mieux absorbé en cas d'achlorhydrie, mais tous deux sont bien absorbés s'ils sont pris au cours d'un repas. Les patients qui prennent des suppresseurs de l'acide gastrique (p. ex., inhibiteurs de la pompe à protons, anti-H2) ou ceux qui ont eu pontage gastrique doivent prendre du citrate de calcium pour maximiser l'absorption. Le calcium doit habituellement être pris à des doses de 500 à 600 mg 2 fois/jour.

La supplémentation en vitamine D est recommandée avec 600 à 800 unités/jour. Les patients qui présentent une carence en vitamine D peuvent demander de fortes doses. La supplémentation en vitamine D est habituellement administrée sous forme de cholécalciférol, la forme naturelle de la vitamine D, bien que l'ergocalciférol, la forme végétale d'origine synthétique soit aussi valable. Le taux de 25-hydroxy-vitamine D doit être ≥ 30 ng/mL.

Médicaments antirésorptifs

Les bisphosphonates représentent le traitement de première intention. En inhibant la résorption osseuse, les bisphosphonates préservent la masse osseuse et peuvent réduire l’incidence des fractures vertébrales et de la hanche jusqu'à 50% (3) Le renouvellement osseux est réduit après 3 mois de traitement par bisphosphonates et la réduction du risque de fracture est évidente 1 an après le début du traitement. Les bisphosphonates peuvent être administrés par voie orale ou IV. Les bisphosphonates comprennent les éléments suivants:

Les preuves sont en faveur d'une durée de traitement par bisphosphonates oraux (p. ex., alendronate ou risédronate) de 5 ans ou par l'acide zolédronique IV de 3 ans; cependant, une durée de traitement plus longue peut être justifiée chez certains patients à risque de fracture particulièrement élevé (4).

Les bisphosphonates oraux doivent être pris à jeun avec un grand verre d'eau (250 mL). Après l'administration, le patient doit rester debout pendant au moins 30 minutes (60 minutes pour l'ibandronate) et ne rien prendre d'autre par voie orale pendant cette période, car la nourriture diminue la biodisponibilité. Ces médicaments sont sûrs en cas de clairance de la créatinine > 35 mL/min. Les bisphosphonates oraux peuvent occasionner des érosions œsophagiennes. Les troubles œsophagiens qui retardent la vitesse de transit et les troubles du tractus digestifs supérieurs représentent des contre-indications relatives aux bisphosphonates par voie orale. Les bisphosphonates IV sont indiqués si le patient ne tolère pas les bisphosphonates oraux ou ne respecte pas les prescriptions.

L'ostéonécrose de la mâchoire et des fractures atypiques du fémur ont rarement été rapportées chez des patients recevant un traitement antirésorptif par des bisphosphonates, du romosozumab ou du denosumab (5). Les facteurs de risque comprennent les procédures dentaires invasives, l'utilisation de bisphosphonates IV et l'existence d'un cancer. Les avantages de la réduction de l'ostéoporose liée aux fractures dépassent de loin ce faible risque. Bien que certains dentistes demandent à un patient d'arrêter un bisphosphonate pendant plusieurs semaines ou mois avant une procédure dentaire invasive, il n'est pas évident que cela diminue le risque d'ostéonécrose de la mâchoire.

La prise de bisphosphonates à long terme peut augmenter le risque de fractures atypiques du fémur (6). Ces fractures se produisent au milieu de la diaphyse fémorale avec peu ou pas de traumatisme et peuvent être précédées par des semaines ou des mois de douleur à la cuisse. Les fractures peuvent être bilatérales même si les symptômes ne sont qu'unilatéraux.

Afin de minimiser l'incidence des fractures, il faut envisager d'arrêter les bisphosphonates après environ

  • 3 à 5 ans d'utilisation en cas d'ostéoporose (par DXA scan), mais peu ou pas d'autres facteurs de risque de perte osseuse (3 ans pour l'acide zolédronique IV et 5 ans pour les bisphosphonates par voie orale)

  • 5 à 10 ans d'utilisation en cas d'ostéoporose (par DXA scan) et de fractures ou d'autres facteurs de risque significatifs de perte osseuse et de fractures futures (7, 8)

L'arrêt intermittent du traitement par bisphosphonates (vacances médicamenteuses), ainsi que le début et la durée du traitement, dépendent des facteurs de risque tels que l'âge, les comorbidités, les antécédents de fracture, les résultats de l'analyse DXA et le risque de chute. L'interruption du traitement médicamenteux est de 1 an ou plus. Les patients ne prenant plus de bisphosphonate doivent être étroitement surveillés à la recherche de nouvelles fractures ou d'une accélération de la perte osseuse visible sur un DEXA scan, en particulier après l'arrêt du traitement pendant 2 ans ou plus.

Pendant le traitement par un médicament antirésorptif, tel qu'un bisphosphonate, le turnover osseux est inhibé, comme en témoignent les faibles taux sériques ou urinaires de réticulation des N-télopeptides (NTX) (à jeun) ou de réticulations des C-télopeptides (CTX). Ainsi, la mesure des marqueurs du turnover osseux peut permettre de vérifier l'observance du traitement, ainsi qu'une absorption suffisante, ce qui est particulièrement utile pour la surveillance des patients qui prennent des bisphosphonates oraux. Ces marqueurs peuvent rester bas pendant ≥ 2 ans d'une fenêtre (vacances) thérapeutique. Chez les patients non traités, une augmentation des niveaux de marqueurs du remodelage osseux, en particulier avec des taux plus élevés, indique un risque accru de fracture. Cependant, on ne sait pas si les taux de marqueurs du remodelage osseux doivent être utilisés comme critères pour savoir quand commencer ou terminer une fenêtre (vacances) thérapeutique.

L'initiation immédiate d'un traitement par un biphosphonate après une fracture ostéoporotique a été controversée en raison d'une préoccupation théorique selon laquelle ces agents pourraient perturber la cicatrisation osseuse. Cependant, la plupart des experts recommandent de commencer un bisphosphonate pendant l'hospitalisation pour la fracture (9). Il n'y a aucune raison de retarder le traitement afin d'obtenir une scintigraphie DXA car une fracture de la hanche ou de la fragilité vertébrale établit la présence d'une ostéoporose.

Le dénosumab est un anticorps monoclonal dirigé contre RANKL (receptor activator of nuclear factor kappa-B ligand) qui réduit la résorption osseuse par les ostéoclastes en inhibant la formation des ostéoclastes (10). Le dénosumab peut être utile en cas d'intolérance ou de non réponse à d'autres thérapies ou chez les patients insuffisants rénaux. Ce médicament s'est avéré avoir un bon profil d'innocuité à 10 ans de traitement (11). Le dénosumab est contre-indiqué en cas d'hypocalcémie car il peut entraîner des sorties de calcium entraînant une hypocalcémie profonde et des effets indésirables tels qu'une tétanie. Une ostéonécrose de la mâchoire et des fractures atypiques du fémur ont rarement été rapportées chez des patients traités par le dénosumab.

Les patients qui prennent du dénosumabne doivent pas interrompre le médicament, car cela pourrait entraîner une perte rapide de densité minérale osseuse et, ce qui est important, augmenter le risque de fractures, en particulier de fractures vertébrales souvent multiples (12). Si et quand le dénosumab est arrêté, les patients doivent passer sous un traitement par un bisphosphonate tel que l'acide zolédronique IV pendant au moins un an et plus s'il existe un risque de fracture (13).

Le raloxifène est un modulateur sélectif des récepteurs des œstrogènes (SERM, [Selective Estrogen Receptor Modulator]) qui peut être approprié au traitement de l'ostéoporose chez la femme qui ne peut pas prendre de bisphosphonates ou de dénosumab. Il est administré oralement 1 fois/jour et réduit les fractures vertébrales d’environ 50%, mais il n’a pas prouvé son efficacité dans la réduction des fractures de hanche (14). Le raloxifène ne stimule pas l'endomètre et est un antagoniste des œstrogènes dans la glande mammaire. Il réduit le risque de cancer du sein invasif. Le raloxifène peut augmenter le risque de thromboembolie.

Les œstrogènes peuvent préserver la densité minérale osseuse et prévenir les fractures. Cependant, en raison de la disponibilité d'autres traitements plus efficaces et des inconvénients potentiels associés au traitement par les œstrogènes, son utilisation est limitée à des cas sélectionnés. Les œstrogènes augmentent le risque d’accidents thrombo-emboliques et de cancer de l’endomètre et peuvent augmenter le risque de cancer du sein. Le risque de cancer de l'endomètre peut être réduit chez la femme dont l'utérus est intact en prenant un progestatif associé aux œstrogènes (voir Thérapie hormonale). Cependant, la prise d'une association de progestatifs et d'œstrogènes augmente le risque de cancer du sein, de coronaropathie, d'accident vasculaire cérébral et de maladie biliaire. Ainsi, les inconvénients potentiels du traitement œstrogénique de l'ostéoporose l'emportent sur ses avantages potentiels chez la plupart des femmes.

La calcitonine de saumon intranasale ne doit pas être utilisée régulièrement pour traiter l'ostéoporose. La calcitonine de saumon peut avoir un effet antalgique à court terme après une fracture aiguë, comme une fracture vertébrale douloureuse, en raison d'un effet endorphinique (15). Son action sur la réduction des fractures n'a pas été démontrée.

Agents anabolisants

Les agents anabolisants comprennent le tériparatide (PTH synthétique [PTH1-34]) (16) et l'abaloparatide (un analogue de la PTH humaine qui se lie au récepteur de la PTH de type 1) (17). Ils sont administrés quotidiennement par injection sous-cutanée et augmentent la masse osseuse, stimulent la formation d'os nouveau et réduisent le risque de fractures. Les patients qui prennent un anabolisant doivent avoir une clairance de la créatinine > 35 mL/min. Le romosozumab, l'anticorps monoclonal contre la sclérostine, a des effets anabolisants et antirésorptifs.

Ces trois agents anabolisants (tériparatide, abaloparatide et romosozumab) sont généralement indiqués chez les patients qui ont les caractéristiques suivantes:

  • Intolérance aux médicaments antirésorptifs ou contre-indication à leur utilisation

  • Non réponse (c'est-à-dire, développement de nouvelles fractures ou perte de densité minérale osseuse) aux médicaments antirésorptifs, ainsi qu'au calcium, à la vitamine D et à l'exercice

  • Peuvent avoir une ostéoporose sévère (p. ex., T-score < -3,0) ou de multiples fractures vertébrales de fragilité

  • Ont une ostéoporose induite par les corticostéroïdes (tériparatide seulement)

Un de ces 3 agents anabolisants peut être envisagé pendant les périodes d'arrêt des bisphosphonates.

L'utilisation d'agents anabolisants pour traiter l'ostéoporose a été limitée à 2 ans sur la base d'un avertissement (dit "black box" du fait du liseré noir qui l'entoure) en raison du risque accru de développement d'un ostéosarcome dans les essais cliniques initiaux de 2 ans, mais la restriction de 2 ans de traitement n'est plus nécessaire. Par conséquent, bien que 2 ans de traitement par un agent anabolisant restent un traitement raisonnable, un deuxième traitement de 2 ans peut maintenant être envisagé. Cependant, il est important de noter que, après la fin du cycle de traitement par un agent anabolisant, les gains de densité minérale osseuse sont rapidement perdus si un patient n'est pas rapidement mis sous un agent antirésorptif tel qu'un bisphosphonate. Les agents anabolisants doivent être utilisés avant les agents antirésorptifs (18). Les gains de densité minérale osseuse sont plus importants si l'agent anabolisant est utilisé avant l'agent antirésorptif (c'est-à-dire, en tenant compte de la "fenêtre anabolique"), et les gains de densité minérale osseuse sont atténués si un agent anabolisant est administré après un médicament antirésorptif.

Les agents anabolisants peuvent être débutés en toute sécurité après la fracture. On ne sait pas si l'utilisation précoce, après la fracture, d'agents anaboliques accélère la guérison des os.

Autres médicaments pour l'ostéoporose

Le romosozumab est un anticorps monoclonal contre la sclérostine (une petite protéine produite par les ostéocytes qui inhibe la formation d'os par les ostéoblastes). Il a des effets à la fois antirésorptifs et anabolisants et il a été démontré qu'il augmentait la densité minérale osseuse de la hanche et du rachis lombaire et réduisait le risque de fracture chez les femmes ménopausées (19). Le romosozumab est indiqué chez les patients qui ont une ostéoporose sévère, en particulier chez les personnes âgées, celles qui sont fragiles et celles qui ont un risque accru de chute. Il doit également être envisagé en cas de fracture malgré un traitement antirésorptif adéquat. Il est administré par injection sous-cutanée mensuelle pendant 1 an (20).

Le traitement par romosozumab pendant 1 an suivi de l'alendronate pendant 1 an est plus efficace que le traitement par l'alendronate pendant 2 ans (21) et le romosozumab pendant 1 an suivi par le dénosumab pendant 2 ans diminue le risque de fracture et augmente la densité minérale osseuse (21). Comme dans le cas du dénosumab, lorsque le romosozumab est arrêté, un traitement antirésorptif doit être administré pour éviter une perte osseuse rapide (22). Le romosozumab comporte un avertissement (dit "black box" du fait du liseré noir qui l'entoure) en raison du risque accru d'événements cardiovasculaires, y compris d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral et de mort cardiovasculaire. Le romosozumab ne doit pas être débuté dans les 12 mois suivant un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral.

Suivi de la réponse au traitement

Le suivi de la perte osseuse en cours ou la réponse au traitement par DXA en série doit être effectué en utilisant la même machine DXA, et la comparaison doit utiliser la densité minérale osseuse réelle (g/cm2) plutôt que le T-score. En cas d'ostéopénie, le DXA doit être répété périodiquement pour déterminer s'il y a perte osseuse ou développement d'une ostéoporose franche nécessitant un traitement. La fréquence du suivi DXA varie d'un patient à l'autre, mais quelques lignes directrices raisonnables sont les suivantes:

  • Les patients traités par bisphosphonates oraux: répéter le DXA scan habituellement après 2 à 3 ans de traitement. La DXA scan peut être répétée plus fréquemment si cela est cliniquement justifié, p. ex., chez un patient qui prend des corticostéroïdes.

  • Les patients traités par bisphosphonates IV: répéter le scan DXA après 3 ans de traitement pour déterminer si le traitement a été adéquat ou si un traitement plus long est justifié.

  • Les patients traités par un traitement anabolisant: répéter le DXA scan à la fin du traitement (18 à 24 mois de tériparatide ou d'abaloparatide, 1 an de romosozumab) pour documenter l'amélioration de la densité minérale osseuse sous traitement anabolisant et établir une nouvelle ligne de base.

Les résultats peuvent faciliter l'identification des patients à risque élevé de fractures en raison d'une réponse infra-optimale au traitement de l'ostéoporose. Les patients qui ont une densité minérale osseuse significativement basse malgré le traitement, ou ceux qui se fracturent pendant le traitement, doivent être évalués à la recherche de causes secondaires de perte osseuse, d'une mauvaise absorption des médicaments (en cas de prise de bisphosphonates oraux), et (sauf chez les patients traités par bisphosphonates IV ou par des médicaments parentéraux administrés au cabinet) d'une mauvaise observance du traitement médicamenteux.

Traiter la douleur et maintenir la fonction

Les douleurs dorsales aiguës résultant d'une fracture par compression vertébrale peuvent être traitées par un soutien orthopédique à court terme et selon les besoins, des analgésiques et, lorsque le spasme musculaire est important, par une chaleur humide et des massages. Les exercices de renforcement sont utiles contre les maux de dos et qui ont des antécédents de fracture vertébrale cicatrisée. La lombalgie chronique peut être soulagée par des exercices destinés à renforcer la musculature paravertébrale. Éviter de soulever des charges lourdes peut être utile. L'alitement doit être restreint et un programme d'exercices physiques en charge soigneusement conçu doit être encouragé.

Chez certains patients, la vertébroplastie ou la kyphoplastie peuvent soulager la douleur sévère due à une nouvelle fracture de fragilité vertébrale; cependant, les preuves d'efficacité ne sont pas concluantes (23, 24). Au cours de la vertébroplastie, du méthacrylate de méthyle est injecté dans le corps vertébral. Dans les cyphoplasties, le corps vertébral est d'abord soulevé par un ballonnet puis injecté avec du méthacrylate de méthyle. Ces techniques peuvent réduire les déformations des vertèbres injectées mais ne réduisent pas et peuvent même augmenter le risque de fractures des vertèbres adjacentes. D'autres effets néfastes peuvent être observés, telles que des fractures de côtes, des fuites de ciment, une embolie pulmonaire et un infarctus du myocarde. Des études plus approfondies pour déterminer les indications de ces procédures sont justifiées.

Références pour le traitement

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  2. 2. Brooke-Wavell K, Skelton DA, Barker KL, et al: Strong, steady and straight: UK consensus statement on physical activity and exercise for osteoporosis [published online ahead of print, 2022 May 16]. Br J Sports Med 56(15):837-846, 2022. doi:10.1136/bjsports-2021-104634

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  20. 20. Saag KG, Petersen J, Brandi ML, et al: Romosozumab or alendronate for fracture prevention in women with osteoporosis. N Engl J Med 377(15):1417-1427, 2017. doi: 10.1056/NEJMoa1708322

  21. 21. Lewiecki EM, Dinavahi RV, Lazaretti-Castro M, et al: One year of romosozumab followed by two years of denosumab maintains fracture risk reductions: Results of the FRAME Extension Study. J Bone Miner Res 34(3):419-428, 2019. doi: 10.1002/jbmr.3622

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  24. 24. Lou S, Shi X, Zhang X, Lyu H, Li Z, Wang Y: Percutaneous vertebroplasty versus non-operative treatment for osteoporotic vertebral compression fractures: a meta-analysis of randomized controlled trials. Osteoporos Int 30(12):2369-2380, 2019. doi:10.1007/s00198-019-05101-8

Prévention de l'ostéoporose

Les objectifs de la prévention sont doubles: maintenir la masse osseuse et de prévenir les fractures. Des mesures préventives sont indiquées dans les cas suivants:

  • Femmes ménopausées

  • Hommes âgés

  • Patients qui ont une ostéopénie

  • Les patients qui ont déjà une ostéoporose (pour éviter une aggravation)

  • Patients qui prennent des corticostéroïdes systémiques et/ou depuis longtemps ou des inhibiteurs de l'aromatase

  • Patients qui ont des causes secondaires de perte osseuse

Les mesures préventives dans le cas de tous ces patients comprennent un apport approprié de calcium et de vitamine D, des exercices de mise en charge, l'évitement du tabac et la limitation de l'ingestion d'alcool. Les patients doivent également recevoir des conseils sur les mesures visant à réduire le risque de chutes. En outre, le traitement pharmacologique est indiqué chez la plupart des patients qui ont une ostéopénie en cas de risque de fracture augmenté, comme en cas de score FRAX élevé, et chez les patients qui prennent des corticostéroïdes ou des inhibiteurs de l'aromatase. L'éducation des patients et de la communauté sur l'importance de la santé des os reste d'une importance capitale.

Points clés

  • Le pic de masse osseuse chez l'homme et la femme se produit vers l'âge de 30 ans; chez la femme, la perte osseuse s'accélère après la ménopause à environ 2% par an pendant environ 10 ans.

  • Presque tous les cas d'ostéoporose chez l'homme et la femme sont primitifs, sans cause identifiable.

  • Suspecter une ostéoporose chez les patients qui font des fractures provoquées par une petite force appliquée inopinément (fractures de fragilité) sur la colonne vertébrale, l'humérus, le radius distal ou la hanche.

  • Utiliser la DXA pour mesurer la densité minérale osseuse chez les femmes de ≥ 65 ans; les femmes entre la ménopause et 65 ans qui ont des facteurs de risque (p. ex., des antécédents familiaux d'ostéoporose, un indice de masse corporelle faible, et un tabagisme et/ou une prise de médicament à risque élevé de perte osseuse [p. ex., la prise chronique de corticostéroïdes]); les hommes et les femmes de tout âge qui ont des fractures de fragilité; des preuves à l'imagerie d'une diminution de la densité minérale osseuse ou des fractures vertébrales par compression asymptomatiques; et les patients à risque d'ostéoporose secondaire.

  • Envisager d'effectuer des examens à la recherche de causes secondaires de perte osseuse si le Z-score est ≤ -2,0, en cas de diminution de la densité minérale osseuse, si une fracture inexpliquée se produit pendant le traitement de l'ostéoporose ou si une cause de perte osseuse secondaire est suspectée cliniquement.

  • En traitement et prévention, assurer un apport adéquat de calcium et de vitamine D, des suppléments si besoin et modifier les facteurs de risque pour préserver la masse osseuse (p. ex., exercice de lever de poids et réduction au minimum de l'alcool et du tabac) et réduire le risque de chute.

  • Les médicaments comprennent les antirésorptifs (p. ex., les bisphosphonates, un activateur du récepteur de l'inhibiteur du facteur nucléaire kappa-B [RANKL (receptor activator of nuclear factor kappa-B ligand)], un modulateur sélectif des récepteurs des œstrogènes, les médicaments utilisés pour le traitement hormonal substitutif) ou des agents anabolisants tels que le tériparatide, l'abaloparatide ou le romosozumab.

  • Surveiller la réponse au traitement par la DXA à des intervalles appropriés en fonction du protocole médicamenteux utilisé.

Plus d'information

Les sources d'information suivantes en anglais peuvent être utiles. S'il vous plaît, notez que LE MANUEL n'est pas responsable du contenu de ces ressources.

  1. Fracture Risk Assessment Tool: outil en ligne pour évaluer le risque de fracture

  2. American Association of Clinical Endocrinology (AACE) Clinical Practice Guidelines for the Diagnosis and Treatment of Postmenopausal Osteoporosis, 2020 Update: information pour les professionnels de santé et leurs patients sur le diagnostic, l'évaluation et le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique

  3. Qaseem A, Hicks LA, Etxeandia-Ikobaltzeta I, et al: Pharmacologic Treatment of Primary Osteoporosis or Low Bone Mass to Prevent Fractures in Adults: A Living Clinical Guideline From the American College of Physicians [published correction appears in Ann Intern Med. 176(6):882-884, 2023]. Ann Intern Med 176(2):224-238, 2023. doi:10.7326/M22-1034

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