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MALADIE

Sevrage tabagique

ParJudith J. Prochaska, PhD, MPH, Stanford Prevention Research Center, Stanford University
Revue/Révision complète déc. 2020
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Bien que cela soit souvent très difficile, arrêter de fumer est l’une des choses les plus importantes que les fumeurs peuvent faire pour leur santé.

  • Arrêter de fumer présente des bénéfices immédiats pour la santé, et ces bénéfices augmentent au fil du temps.

  • Les personnes qui arrêtent de fumer peuvent devenir irritables, anxieuses, tristes et agitées ; ces symptômes s’atténuent au fil du temps.

  • Arrêter de fumer présente également des bénéfices de santé pour l’entourage des fumeurs.

  • La plupart des fumeurs souhaitent arrêter de fumer et ont essayé de le faire sans succès.

  • Des conseils et un soutien au changement de comportement, des produits de substitution nicotinique et certains médicaments permettent de doubler les chances d’arrêter de fumer définitivement.

(Voir aussi Tabagisme et Vapotage.)

Le tabagisme est nocif pour presque tous les organes du corps, et arrêter de fumer présente des bénéfices immédiats pour la santé, qui augmentent au fil du temps. Dans les 30 minutes suivant la dernière cigarette, la tension artérielle et le pouls diminuent pour redevenir normaux. Dans les 8 heures, le taux de monoxyde de carbone revient à la normale. Après 24 heures, le risque de crise cardiaque commence à baisser et, dans les 3 ans, le risque de crise cardiaque redevient similaire à celui des personnes n’ayant jamais fumé. Avec le temps, le risque de cancer diminue également.

La plupart des fumeurs qui arrêtent de fumer le font pour leur santé ou pour des raisons économiques. Environ 70 % des fumeurs américains affirment vouloir arrêter de fumer et ont déjà essayé de le faire au moins une fois. Les symptômes de sevrage sont un obstacle majeur à l’arrêt du tabac.

Les coûts du tabagisme

L’arrêt du tabac permet d’économiser des quantités significatives d’argent et de temps.

Argent : Aux États-Unis, un paquet de cigarettes coûte en moyenne 6,65 $ (10 € en France, en janvier 2021). Cela signifie que quelqu’un qui fume un paquet par jour dépense plus de 2 400 $ par an en cigarettes. Cette somme ne comprend pas les briquets, les désodorisants et les autres produits ou accessoires liés au tabagisme. Sur le long terme, les frais médicaux et les jours de travail perdus représentent un coût supplémentaire significatif.

Temps : Fumer une cigarette nécessite environ 8 minutes, auxquelles il faut ajouter le temps passé à gagner de l’argent pour acheter cette cigarette et à chercher un endroit où la fumer. Comme il est désormais interdit de fumer dans de nombreux endroits, trouver un espace fumeurs n’est pas aussi facile que par le passé. Par conséquent, une personne qui fume un paquet par jour peut finir par consacrer environ 3 heures par jour au tabagisme.

Arrêter de fumer améliore la santé et les finances de ceux qui arrêtent et apporte des bénéfices immédiats à ceux qui sont exposés au tabagisme passif. En 2006, le Surgeon General des États-Unis a déterminé que le tabagisme passif n’est jamais sans danger. Une personne qui réussit à arrêter de fumer peut devenir un exemple et soutenir les autres fumeurs qui souhaitent arrêter. Il peut être difficile d’arrêter de fumer, mais il est possible d’y arriver et des traitements éprouvés sont disponibles.

Symptômes de sevrage de la nicotine

L’arrêt du tabac entraîne des envies irrépressibles de cigarettes ainsi que des symptômes tels qu’anxiété, dépression (légère la plupart du temps, mais parfois grave), incapacité à se concentrer, irritabilité, agitation, faim, tremblements, sueurs, vertiges, céphalées, douleurs abdominales, nausées et sommeil perturbé. Les symptômes de sevrage de la nicotine ont tendance à être les plus intenses dans les 2 à 3 premiers jours sans tabac, avant de disparaître progressivement en 2 à 4 semaines. Des médicaments sont disponibles pour réduire les symptômes de sevrage de la nicotine.

Comme la nicotine coupe l’appétit et augmente légèrement la vitesse de combustion des calories, les personnes qui arrêtent de fumer peuvent prendre du poids. De plus, les aliments commencent à avoir un meilleur goût et une meilleure odeur, car le tabac atténue l’odorat et affecte les papilles gustatives. L’exercice aide à prévenir la prise de poids et peut réduire les fortes envies de nicotine. Il est recommandé de boire de l’eau et d’adopter d’autres stratégies pour faire face aux envies irrépressibles orales (par exemple, en utilisant un cure-dents ou en mâchant une paille ou des bâtonnets de carottes). Les gommes à la nicotine peuvent permettre de retarder la prise de poids. Une toux peut se développer temporairement, lorsque les poumons commencent à se rétablir.

Le tableau ci-dessous offre des exemples de symptômes fréquents de sevrage de la nicotine, ainsi que leur durée estimée et les stratégies comportementales pour les soulager.

Tableau

Pronostic

Environ 20 millions de fumeurs aux États-Unis (soit environ la moitié des fumeurs) essayent d’arrêter de fumer pendant 24 heures chaque année. La plupart d’entre eux ne bénéficient pas de soutien ni d’autres aides prouvées pour arrêter de fumer. Seuls 5 % environ de ces personnes arrivent à arrêter de fumer à long terme. Au contraire, le taux de succès à un an pour les personnes utilisant des méthodes prouvées pour parvenir à l’arrêt du tabac à long terme est de 20 % à 30 %.

Traitement

  • Conseils et aide pour modifier son comportement

  • Utilisation de substituts nicotiniques

  • Utilisation de certains médicaments

Associer des conseils et un soutien avec un traitement médicamenteux permet d’avoir le plus de chances d’arriver à arrêter de fumer (sauf dans certains cas exceptionnels). Il existe sept médicaments efficaces pour le sevrage tabagique.

Les professionnels de santé peuvent recommander des manières de modifier certains comportements, donner des conseils concernant les médicaments de sevrage, faire des ordonnances et offrir des recommandations supplémentaires utiles pour obtenir un soutien supplémentaire. Tous les États américains proposent des lignes téléphoniques de soutien au sevrage tabagique, qui peuvent constituer une aide supplémentaire aux fumeurs essayant d’arrêter de fumer. La ligne nationale 1-800-QUIT-NOW (1-800-784-8669) permet de contacter les services de soutien de chaque État. Les lignes téléphoniques de sevrage tabagique semblent être aussi efficaces qu’une assistance en face à face. L’Institut national américain du cancer (National Cancer Institute) a mis en place un site Internet (Smokefree.gov) qui regroupe des ressources exhaustives concernant l’arrêt du tabac : informations, planification du traitement et conseils comportementaux personnalisés par SMS et discussion instantanée.

L’hypnose, le laser, la phytothérapie et l’acupuncture n’ont pas prouvé leur efficacité dans le sevrage tabagique. Pour les utilisateurs de tabac sans fumée, les conseils et l’aide pour la modification du comportement semblent efficaces, mais les produits de substitution nicotinique et d’autres médicaments le sont moins.

Modification du comportement

Des stratégies comportementales sont recommandées pour le sevrage tabagique. Les stratégies comportementales se concentrent sur les aspects suivants :

  • Comment rendre son environnement non fumeur (par exemple, en jetant les cigarettes, les cendriers et les briquets, et en évitant les endroits où les personnes achètent et/ou fument des cigarettes en général)

  • Apprendre à reconnaître les signaux associés aux envies de fumer lors des activités quotidiennes normales (comme les conversations téléphoniques, les pauses café, les repas, l’activité sexuelle, l’ennui, les problèmes de circulation automobile et d’autres situations sources de frustration, ainsi qu’au réveil)

  • Une fois que les signaux sont identifiés, modifier le comportement qui déclenche le signal (par exemple, se promener au lieu de faire une pause café) ou remplacer le fait de fumer par un autre comportement (par exemple, prendre un bonbon, mâcher un cure-dents, sucer un glaçon, dessiner, mâcher un chewing-gum, ou faire des mots croisés ou d’autres jeux de réflexion)

  • Participer à des activités agréables et savoir récompenser les efforts pour continuer à ne pas fumer (par exemple, écouter de la musique, parler avec des amis, mettre de côté l’argent économisé dans une tirelire)

D’autres stratégies recommandées comprennent les suivantes : pratiquer une activité physique, adopter la respiration profonde et mettre en place des techniques de relaxation, ainsi que boire de l’eau, prendre des collations peu caloriques et manger des aliments riches en fibres. Il convient parfois d’éviter de boire de l’alcool et de consommer de la marijuana, car ces deux substances peuvent temporairement diminuer la motivation pour arrêter de fumer.

La sélection d’une date d’arrêt du tabac est très utile. La date d’arrêt du tabac peut être sélectionnée de façon arbitraire ou se fixer sur une occasion particulière (telle qu’une fête ou un anniversaire). Un moment stressant, par exemple lorsqu’une date limite (par exemple, paiement des impôts) doit être respectée, n’est pas un bon moment pour essayer d’arrêter de fumer. Si d’autres personnes au sein du foyer fument, il est important que le domicile soit non fumeur.

Il est préférable d’arrêter complètement de fumer des cigarettes (sevrage brutal) que de diminuer graduellement le nombre de cigarettes fumées. Les personnes qui fument moins de cigarettes peuvent inconsciemment inspirer plus profondément ou fumer les cigarettes jusqu’au bout, et par conséquent inhaler davantage de nicotine qu’auparavant.

Aide médicamenteuse au sevrage tabagique

Les produits de substitution nicotinique (PSN), le bupropion et la varénicline sont des traitements médicamenteux qui permettent de minimiser la gêne associée au sevrage de la nicotine, ce qui permet à la personne de se concentrer sur les aspects comportementaux du sevrage tabagique.

Les produits de substitution nicotinique sont disponibles sous de nombreuses formes, notamment en patchs, en gommes à mâcher, en pastilles, en inhalateurs et en sprays nasaux. Tous apportent de la nicotine au cerveau, mais sans l’influx intense et rapide d’une cigarette. La vitesse à laquelle une substance atteint le cerveau augmente son potentiel addictif. C’est pourquoi très peu de personnes développent une dépendance aux produits de substitution nicotinique. Les patchs, les gommes à mâcher et les pastilles sont disponibles en vente libre ; les sprays nasaux et les inhalateurs sont disponibles uniquement sur ordonnance aux États-Unis. Les produits de substitution nicotinique combinés, qui associent généralement des patchs de nicotine à action prolongée et une formulation à action rapide (gommes à mâcher, pastilles, inhalateur ou spray nasal), représentent une stratégie particulièrement efficace avec laquelle les chances de sevrage tabagique à long terme sont plus de deux fois plus importantes.

Les produits de substitution nicotinique sont sujets à certaines restrictions :

  • Les personnes souffrant de troubles de la mâchoire (temporo-mandibulaires) ne doivent pas utiliser de gommes.

  • Les personnes atteintes de sensibilité cutanée grave ne doivent pas utiliser de patchs.

  • Ces produits peuvent avoir des effets nocifs chez les femmes enceintes.

  • Les personnes ayant eu récemment des crises cardiaques ou certains troubles vasculaires doivent consulter leur médecin avant d’utiliser l’un de ces produits.

Le bupropion est un antidépresseur disponible sur ordonnance ; il a été découvert qu’il facilitait le sevrage tabagique chez les fumeurs présentant ou non une dépression. Le bupropion peut être utilisé en association avec un produit de substitution nicotinique. Le taux de succès est meilleur avec les deux produits qu’avec un seul. Les résultats des deux médicaments sont meilleurs quand ils sont utilisés conjointement avec un programme de modification du comportement. Les personnes présentant un risque de convulsions ne doivent pas prendre de bupropion.

Il a également été démontré que la nortriptyline, un autre antidépresseur, aide à arrêter de fumer. Les personnes dépressives, qui essayent d’arrêter de fumer devraient aussi pouvoir bénéficier d’une assistance.

La varénicline, également disponible sur ordonnance, aide à atténuer les envies irrépressibles et les symptômes de sevrage, rend le tabagisme moins satisfaisant et augmente le taux de réussite du sevrage sur le long terme. La varénicline fonctionne de deux manières :

  • Elle bloque partiellement les récepteurs cérébraux qui sont touchés par la nicotine, ce qui soulage les symptômes de sevrage.

  • Elle empêche la nicotine de se fixer aux récepteurs, de sorte que la personne qui fume une cigarette en prenant de la varénicline trouvera cela moins satisfaisant qu’en temps normal.

Les substituts nicotiniques et la varénicline ne sont généralement pas utilisés en même temps.

Certaines personnes prenant du bupropion LP ou de la varénicline ont développé des effets secondaires graves au niveau du système nerveux ou du comportement, tels qu’une hostilité, une agitation, une humeur dépressive, d’autres anomalies comportementales, des pensées suicidaires ainsi que des tentatives de suicide ou des suicides effectifs. Toute personne présentant l’un de ces effets secondaires doit arrêter immédiatement de prendre le médicament concerné et en avertir son prestataire de soins de santé.

La cytisine, l’un des médicaments de sevrage tabagique les plus anciens, est largement utilisée en Europe de l’Est, mais n’est pas disponible aux États-Unis ou en France. Certaines études récentes suggèrent que la cytisine est aussi efficace que les médicaments de substitution nicotinique. Le coût de production de la cytisine étant très faible, son utilisation comme traitement de sevrage tabagique abordable est actuellement envisagée dans le monde entier.

Les produits de substitution nicotinique et les autres médicaments de sevrage tabagique (bupropion et varénicline) sont habituellement pris pendant 8 à 12 semaines ; certains peuvent être pris pendant plus longtemps afin de prévenir les rechutes.

Actuellement, les médicaments de sevrage tabagique et les produits de substitution nicotinique ne sont pas recommandés pour les populations suivantes :

  • Fumeuses enceintes, sauf si les mesures comportementales ne sont pas efficaces

  • Fumeurs légers (< 10 cigarettes/jour)

  • Adolescents (âgés de moins de 18 ans), à l’exception possible des grands fumeurs réguliers

  • Utilisateurs de tabac sans fumée (parce que l’efficacité des traitements n’est pas prouvée)

Les adolescents qui sont de grands fumeurs réguliers et les femmes enceintes chez qui les mesures comportementales ne sont pas efficaces doivent consulter leur médecin afin de discuter la possibilité de prendre des médicaments de sevrage et des produits de substitution nicotinique. En règle générale, toutes les personnes doivent discuter avec leur prestataire de soins de santé des différents médicaments disponibles pour les aider à arrêter de fumer, afin de déterminer l’alternative la mieux adaptée. Il convient également de lire attentivement la notice fournie avec tous les produits de sevrage tabagique.

L’utilisation de cigarettes électroniques peut parfois être envisagée dans le cadre d’un programme de sevrage tabagique, bien que les preuves de leur efficacité ne soient pas très solides. De plus, certaines inquiétudes demeurent, car la nicotine inhalée avec certaines cigarettes électroniques atteint le cerveau aussi rapidement que la nicotine des cigarettes traditionnelles ; les personnes peuvent donc rester dépendantes de la nicotine.

Arrêt du tabac chez les enfants et les adolescents

Les parents doivent maintenir un domicile sans tabac et communiquer à leurs enfants qu’ils souhaitent que ceux-ci restent non-fumeurs.

L’approche de l’assistance est similaire à celle employée pour les adultes, mais les enfants et les adolescents ne reçoivent généralement pas de médicaments de sevrage tabagique.

Informations supplémentaires sur le sevrage tabagique

Les ressources suivantes, en anglais, peuvent être utiles. Veuillez noter que le Manuel n’est pas responsable du contenu de ces ressources.

    1. American Cancer Society (Société américaine du cancer) : Stay Away from Tobacco (Prendre ses distances avec le tabac) : Informations concernant les risques liés à l’utilisation de produits à base de tabac et ressources pour arrêter de fumer

    2. American Lung Association (Association américaine du poumon) : Stop Smoking (Arrêter de fumer) : Outils, conseils et soutien pour les fumeurs ou leurs proches afin de mettre un terme à l’addiction au tabac

    3. Cancer.Net : Stopping Tobacco Use After a Cancer Diagnosis (Arrêter de fumer après un diagnostic de cancer) : Ressources pour arrêter de fumer après avoir reçu un diagnostic de cancer

    4. Centers for Disease Control and Prevention (Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis) : Tips from Former Smokers (Conseils d’anciens fumeurs) : Témoignages de personnes vivant avec des maladies liées au tabagisme et ressources à destination des consommateurs de tabac et des autorités pour aider les personnes à arrêter de fumer

    5. Centers for Disease Control and Prevention (Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis) : Youth Tobacco Prevention (Prévention du tabagisme chez les jeunes) : Fiches d’information, infographies et autres ressources à destination des enseignants, des entraîneurs, des parents et d’autres personnes impliquées dans la sensibilisation des jeunes au tabagisme

    6. Smokefree.gov : Ressource de l’Institut national américain du cancer (National Cancer Institute, NCI) visant à réduire le taux de tabagisme aux États-Unis, en particulier au sein de certaines populations, en fournissant des informations relatives au sevrage, un plan d’arrêt personnalisé et un soutien par SMS

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