Troubles thyroïdiens pendant la grossesse

ParLara A. Friel, MD, PhD, University of Texas Health Medical School at Houston, McGovern Medical School
Vérifié/Révisé sept. 2023
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    Les troubles thyroïdiens peuvent dater d'avant la grossesse ou se développer pendant celle-ci. La grossesse ne modifie pas les symptômes de l'hypothyroïdie et de l'hyperthyroïdie.

    Les effets sur le fœtus varient selon la maladie et les médicaments utilisés pour le traitement. Mais généralement, une hyperthyroïdie non traitée ou insuffisamment traitée peut entraîner ce qui suit

    L'hypothyroïdie non traitée peut causer

    Les causes les plus fréquentes d'hypothyroïdie maternelle sont la thyroïdite d'Hashimoto et le traitement de la maladie de Graves-Basedow.

    En cas de trouble thyroïdien, l'état de la thyroïde doit être étroitement surveillé pendant et après la grossesse chez la femme et son enfant. Les goitres et les nodules thyroïdiens découverts pendant la grossesse doivent être évalués comme chez les autres patientes (voir Prise en charge d'une patiente qui présente un nodule thyroïdien et Goitre simple non toxique/diagnostic).

    Maladie de Graves-Basedow

    La maladie de Graves-Basedow chez la mère est diagnostiquée cliniquement et par la mesure des taux sériques de T4 libre et par dosage ultrasensible de la TSH (thyroid-stimulating hormone).

    Le traitement de la maladie de Graves-Basedow est variable. En général, la dose la plus faible possible de propylthio-uracile oral doit être administrée pendant la grossesse (50 à 100 mg toutes les 8 heures). La réponse thérapeutique se produit en 3 à 4 semaines; la dose est secondairement modifiée si nécessaire. Le propylthio-uracile traverse le placenta et peut entraîner un goitre et une hypothyroïdie chez le fœtus. L'utilisation simultanée de L-thyroxine ou de l-triiodothyronine est contre-indiquée, car ces hormones peuvent masquer les effets d'un excès de propylthio-uracile chez la femme enceinte et entraîner une hypothyroïdie fœtale. Le méthimazole est une alternative au propylthio-uracile. La maladie de Graves-Basedow s'améliore fréquemment pendant le 3e trimestre, permettant souvent une réduction de la dose ou l'interruption du traitement.

    Dans certains centres disposant de chirurgiens spécialistes de la thyroïde, une thyroïdectomie peut être envisagée pendant le 2e trimestre, bien que peu fréquente, en cas d'euthyroïdie suite au traitement médicamenteux. Après une thyroïdectomie, une administration de L-thyroxine de substitution est nécessaire (0,15 à 0,2 mg par voie orale 1 fois/jour), en débutant le traitement 24 heures plus tard.

    L'iode radioactif (diagnostique ou thérapeutique) et les solutions iodées sont contre-indiqués pendant la grossesse, du fait de leurs effets indésirables sur la thyroïde fœtale. Les bêta-bloqueurs ne sont utilisés qu'en cas de crise thyrotoxique ou de symptômes maternels sévères.

    Lorsque la femme enceinte présente ou a présenté une maladie de Graves-Basedow, une hyperthyroïdie et un goitre peuvent se développer chez le fœtus. Que ces femmes soient cliniquement euthyroïdiennes, hyperthyroïdiennes ou hypothyroïdiennes, les facteurs IgG stimulant les fonctions thyroïdiennes et (Igs) et les facteurs IgG bloquant les fonctions thyroïdiennes (si présents) traversent le placenta. La fonction thyroïdienne fœtale reflète les taux des Ig bloquantes ou stimulantes chez le fœtus. L'hyperthyroïdie peut entraîner une tachycardie fœtale (> 160 battements/minute), un retard de croissance intra-utérin et un goitre; rarement, un goitre induit une diminution de la déglutition fœtale, un hydramnios et un travail débutant avant terme. L'échographie permet d'évaluer la croissance du fœtus, sa glande thyroïde et sa fréquence cardiaque.

    Maladie de Graves-Basedow congénitale

    Lorsque la femme enceinte a pris du propylthio-uracile, la maladie de Graves-Basedow congénitale peut être masquée chez le fœtus jusqu'à 7 à 10 jours après la naissance, une fois l'effet du médicament disparu.

    Hypothyroïdie maternelle

    Une femme qui présente une hypothyroïdie légère à modérée a souvent des cycles menstruels normaux et peut être enceinte.

    Pendant la grossesse, la dose habituelle de L-thyroxine est poursuivie. Des ajustements mineurs de la posologie peuvent être effectués au cours de la grossesse, idéalement basés sur la mesure de la TSH après plusieurs semaines.

    Si l'hypothyroïdie est diagnostiquée pendant la grossesse, la L-thyroxine est débutée; la dose est basée sur le poids. Habituellement, les femmes enceintes ont besoin d'une dose plus élevée que les femmes non enceintes.

    Thyroïdite d'Hashimoto

    La suppression immunitaire maternelle liée à la grossesse améliore souvent la thyroïdite d'Hashimoto; cependant, une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie exigeant un traitement peuvent se développer.

    Thyroïdite aiguë (subaiguë)

    Fréquente pendant la grossesse, la thyroïdite aiguë se traduit habituellement par un goitre douloureux pendant ou après une infection respiratoire. Une hyperthyroïdie symptomatique transitoire avec des taux de T4 élevés peut se produire, aboutissant souvent à un diagnostic erroné de maladie de Graves-Basedow.

    Un traitement est habituellement inutile.

    Dysfonction thyroïdienne du post-partum

    Des dysfonctionnements hyperthyroïdiens ou hypothyroïdiens peuvent se produire chez 4 à 7% des femmes pendant les 6 mois suivant l'accouchement. L'incidence semble être plus élevée chez les femmes enceintes qui présentent un des éléments suivants:

    • Goitre

    • Thyroïdite d'Hashimoto

    • Antécédents familiaux très forts de maladies thyroïdiennes auto-immunes

    • Diabète de type 1 (insulino-dépendent)

    Chez la femme présentant un de ces facteurs de risque, les taux de TSH et de T4 sérique libre doivent être mesurés au cours du 1er trimestre et du post-partum. Le dysfonctionnement est habituellement transitoire, mais peut nécessiter un traitement. Après l'accouchement, la maladie de Graves-Basedow peut récidiver transitoirement ou de façon persistante.

    La thyroïdite indolore avec hyperthyroïdie transitoire est un trouble post-partum, probablement auto-immun, récemment identifié. Elle apparaît brutalement pendant les premières semaines qui suivent l'accouchement, se caractérise par une baisse de la captation d'iode radioactif et, sur le plan histologique, par une infiltration lymphocytaire. Le diagnostic est établi sur la symptomatologie clinique, en pratiquant des tests des fonctions thyroïdiennes et par l'exclusion des autres maladies. Cette affection peut persister, récidiver transitoirement ou évoluer.

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