Cancer colorectal

(Cancer du côlon ; cancer rectal)

ParMinhhuyen Nguyen, MD, Fox Chase Cancer Center, Temple University
Revue/Révision complète oct. 2023
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Les faits en bref
  • Les antécédents familiaux et certains facteurs alimentaires (alimentation pauvre en fibres et riche en graisses) augmentent le risque de cancer colorectal.

  • Les symptômes typiques incluent des saignements pendant l’exonération, une fatigue et une faiblesse.

  • Les tests de dépistage sont importants chez les plus de 45 ans.

  • On recourt souvent à une coloscopie pour établir le diagnostic.

  • Une intervention chirurgicale est généralement pratiquée pour extraire le cancer.

  • Détecté à un stade précoce, ce cancer est le plus souvent guérissable.

  • Le dépistage, les changements de mode de vie et éventuellement l’aspirine à faible dose peuvent réduire le risque de cancer colorectal.

Presque tous les cancers du gros intestin et du rectum (colorectaux) sont des adénocarcinomes, qui se développent dans la muqueuse du côlon et du rectum.

Le cancer colorectal, en général, se manifeste par une excroissance semblable à un bouton à la surface de la muqueuse intestinale ou rectale, que l’on appelle polype. En se développant, le cancer envahit la paroi de l’intestin ou du rectum. Les ganglions lymphatiques avoisinants peuvent être touchés. Le sang provenant des parois de l’intestin et de la majeure partie du rectum étant drainé vers le foie, le cancer colorectal peut s’étendre (métastaser) au foie après extension ganglionnaire.

Dans les pays occidentaux, le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents et la deuxième plus grande cause de décès attribuable au cancer. L’incidence du cancer colorectal commence à augmenter brutalement vers l’âge de 40 à 50 ans. En 2023, on estime que 106 970 nouveaux cas de cancer du côlon et 46 050 nouveaux cas de cancer rectal seront diagnostiqués. Le nombre de décès dus au cancer colorectal a diminué de façon constante au cours des dernières décennies. On pense que cette diminution est le résultat d’une amélioration du dépistage et donc du diagnostic aux stades précoces de la maladie.

Le cancer colorectal est un peu plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. Environ 5 % des personnes atteintes d’un cancer du côlon ou du rectum ont des tumeurs dans deux sites au moins du côlon et du rectum, qui ne semblent pas s’être simplement propagées d’un site à l’autre.

Facteurs de risque de cancer colorectal

Les personnes qui ont des antécédents familiaux de cancer colorectal ont un risque accru de développer elles-mêmes le cancer. Plusieurs maladies héréditaires constituent des facteurs de risque de cancer colorectal :

Les personnes atteintes de rectocolite hémorragique ou de la maladie de Crohn du côlon sont également exposées à un risque accru. Ce risque est lié à la durée de la maladie et à l’étendue des lésions du côlon.

Les personnes associées au risque le plus élevé ont tendance à consommer des aliments riches en graisses, des protéines animales, des glucides raffinés et des aliments pauvres en fibres.

Syndrome de Lynch (cancer colorectal héréditaire sans polypose [CCHSP])

Le syndrome de Lynch est dû à une mutation génétique héréditaire. Les personnes atteintes du syndrome de Lynch présentent un risque de 70 à 80 % de développer un cancer colorectal au cours de leur vie, souvent avant l’âge de 50 ans. Elles présentent également un risque accru de développer d’autres types de cancer, notamment de l’endomètre et de l’ovaire, mais aussi de l’estomac, de l’intestin grêle, du cerveau, du pancréas, de la vésicule biliaire, des canaux biliaires et des voies urinaires.

Polypose adénomateuse associée à MUTYH

La polypose adénomateuse associée à MUTYH est une maladie génétique rare et une cause rare de cancer colorectal. Elle est due à des mutations génétiques du gène MUTYH. Plus de la moitié des personnes atteintes de ce syndrome développent un cancer colorectal après 60 ans. Elles sont également exposées à un risque accru de développer d’autres types de cancer, tels que d’autres cancers de l’appareil digestif et des cancers des os, des ovaires, de la vessie, de la thyroïde et de la peau.

Symptômes du cancer colorectal

Le cancer colorectal se développe lentement à l’insu du patient qui n’en ressent que tardivement les symptômes. Les signes cliniques dépendent du type, de la localisation et de l’étendue du cancer ainsi que des complications.

Un état de fatigue et de faiblesse résultant d’un saignement occulte (invisible à l’œil nu) peut être le seul symptôme.

Une tumeur colique gauche (descendante) peut provoquer une occlusion à un stade précoce, parce que le diamètre du côlon gauche est inférieur à celui du côlon droit et que les selles y sont semi-solides. La personne peut recourir à un traitement médical pour les crampes abdominales douloureuses ou les douleurs abdominales intenses et la constipation.

Une tumeur dans le côlon droit (côlon ascendant) ne provoque une occlusion que plus tard dans le processus d’évolution du cancer, car le côlon ascendant dispose d’un grand diamètre et véhicule des matières sous forme encore liquide. Ainsi, lorsque la tumeur est découverte, elle peut être plus étendue et volumineuse qu’une tumeur dans le côlon gauche.

La plupart des cancers du côlon saignent, en général lentement. Les selles peuvent contenir des traces de sang ou être mélangées à du sang, mais ce dernier n’est généralement pas visible.

Le premier symptôme le plus fréquent de cancer du rectum est le saignement pendant l’exonération. Lorsque le rectum saigne, même si le patient a des antécédents d’hémorroïdes ou de maladie diverticulaire, les médecins doivent envisager l’éventualité d’un cancer. Une exonération douloureuse et la sensation que le rectum n’est pas entièrement vidé sont d’autres symptômes du cancer du rectum. La position assise peut être douloureuse, mais la personne ne ressent par ailleurs aucune douleur liée au cancer, jusqu’à sa propagation dans les tissus qui entourent le rectum.

Diagnostic du cancer colorectal

  • Coloscopie

  • TDM si un cancer est détecté

  • Analyses génétiques à la recherche du Syndrome de Lynch

Les personnes présentant des symptômes évocateurs d’un cancer du côlon ou présentant un test de dépistage positif doivent faire l’objet d’un examen diagnostique pour confirmer la présence ou non d’un cancer.

Les personnes qui ont du sang dans leurs selles doivent passer une coloscopie, de même que celles pour lesquelles on a décelé des anomalies au cours d’une sigmoïdoscopie ou d’un examen d’imagerie. Toute excroissance ou anomalie observée doit être entièrement retirée pendant la coloscopie.

Des radiographies avec lavement baryté peuvent être réalisées pour détecter des tumeurs dans la partie inférieure du côlon. Néanmoins, la coloscopie constitue l’examen diagnostique de choix, car avec cette méthode, les médecins peuvent prélever des échantillons de tissu afin de déterminer si une excroissance est cancéreuse ou non.

Une fois le cancer diagnostiqué, les médecins réalisent généralement une TDM du thorax, de l’abdomen et du bassin, ainsi que des analyses biologiques systématiques pour rechercher une éventuelle dissémination du cancer, pour détecter une faible numération sanguine (anémie) et pour évaluer l’état de santé général du patient.

Les analyses de sang ne sont pas utilisées pour poser le diagnostic de cancer colorectal, mais peuvent permettre de contrôler l’efficacité du traitement après l’ablation d’une tumeur. Par exemple, si les taux de l’antigène carcinoembryonnaire (ACE), un marqueur tumoral, sont élevés avant l’exérèse chirurgicale d’une tumeur connue, et faibles après la chirurgie, la surveillance d’une autre augmentation du taux d’ACE peut aider à détecter une récidive précoce du cancer.

Les cancers du côlon qui ont été retirés pendant la chirurgie sont à présent testés systématiquement pour détecter les mutations du gène qui provoquent le syndrome de Lynch. Chez les patients dont les proches ont développé un cancer du côlon, de l’ovaire ou de l’endomètre à un âge précoce ou ayant plusieurs proches qui ont développé ces cancers, un dépistage du syndrome de Lynch doit être réalisé.

Le diagnostic de la polypose adénomateuse associée à MUTYH est établi par des analyses génétiques.

Traitement du cancer colorectal

  • Chirurgie

  • Parfois, chimiothérapie, radiothérapie, ou les deux

Dans la plupart des cas de cancer du côlon, le segment cancéreux de l’intestin et les ganglions lymphatiques adjacents sont retirés par voie chirurgicale et les extrémités restantes de l’intestin sont rattachées. Lorsque le cancer a pénétré la paroi du gros intestin et s’est propagé à un très faible nombre de ganglions lymphatiques adjacents, la chimiothérapie après ablation chirurgicale de toute tumeur visible peut prolonger la survie, bien que les effets de ces traitements soient souvent modestes.

Pour le cancer rectal, le type d’opération dépend de l’étendue du cancer à partir de l’anus et de la profondeur de l’atteinte dans la paroi rectale. L’ablation totale du rectum et de l’anus signifie que la personne a besoin d’une colostomie permanente. La colostomie est une ouverture créée par voie chirurgicale entre le gros intestin et la paroi abdominale. Le contenu du côlon se vide alors dans une poche de colostomie, en passant à travers la paroi abdominale. Si les médecins peuvent laisser une partie du rectum et si l’anus est intact, la colostomie peut être temporaire. Après avoir laissé du temps aux tissus pour cicatriser (plusieurs mois), une autre intervention chirurgicale peut être réalisée pour relier le sphincter rectal à la partie finale du gros intestin, et la colostomie peut être refermée.

Comprendre la colostomie

Dans le cadre d’une colostomie, le gros intestin (côlon) est sectionné. L’extrémité saine du gros intestin, qui se trouve avant l’obstruction, est amenée à la surface de la peau par une ouverture créée chirurgicalement dans la paroi abdominale. Elle est ensuite suturée sur la peau de l’ouverture. Les selles passent par cette ouverture et sont collectées par une poche jetable. La colostomie permet à la partie restante du gros intestin de se reposer pendant que la personne se rétablit. Une fois que la personne a récupéré de l’intervention chirurgicale et le côlon guéri, les deux extrémités peuvent être fixées à nouveau afin que les selles puissent passer normalement.

Lorsque le cancer rectal a pénétré la paroi rectale et s’est propagé à un très faible nombre de ganglions lymphatiques adjacents, l’association chimiothérapie et radiothérapie (voir Traitements anticancéreux combinés) avant ou après l’ablation chirurgicale de tous les cancers visibles peut prolonger la survie.

Lorsque le cancer a atteint des ganglions lymphatiques éloignés du côlon ou du rectum, et en cas d’extension à la muqueuse qui tapisse la cavité abdominale, encore appelée péritoine, ou à d’autres organes, le seul traitement chirurgical ne suffit pas. En revanche, on opère parfois pour retirer une éventuelle occlusion intestinale et pour soulager les symptômes. La chimiothérapie à base d’un seul médicament ou de plusieurs médicaments peut rétrécir la tumeur et prolonger la survie de plusieurs mois. Le médecin évoque généralement les soins palliatifs avec le patient, sa famille et les autres professionnels de santé (voir Les choix de traitement en phase terminale).

Classification du cancer du côlon

  1. Stade 0 : Le cancer se limite à la surface interne (muqueuse) du gros intestin recouvrant le polype.

  2. Stade I : Le cancer se propage dans l’espace entre la muqueuse et la couche musculaire du gros intestin. Cet espace contient des vaisseaux sanguins, des nerfs et des vaisseaux lymphatiques.

  3. Stade II : Le cancer envahit la couche musculaire et les couches les plus externes du côlon.

  4. Stade III : Le cancer s’étend au-delà des couches externes du côlon, vers les ganglions lymphatiques.

  5. Stade IV (non indiqué) : Le cancer atteint d’autres organes, comme le foie, les poumons, les ovaires ou la muqueuse de la cavité abdominale (péritoine).

Lorsque le cancer s’est propagé (métastasé) uniquement au foie, les médecins procèdent parfois à l’ablation chirurgicale des tumeurs. Sinon, les médecins peuvent directement injecter des médicaments de chimiothérapie ou des billes radioactives dans l’artère qui irrigue le foie. Une petite pompe introduite en sous-cutané ou une pompe externe permettent au patient de vivre presque normalement au cours du traitement. La chimio-embolisation peut donner de bien meilleurs résultats que ceux d’une chimiothérapie ordinaire par voie intraveineuse, mais nécessite davantage de recherche. L’ablation par radiofréquence, qui utilise un courant électrique alternatif (courant AC) à haute fréquence pour chauffer et détruire les tissus, constitue une alternative thérapeutique pour certaines personnes atteintes de tumeurs hépatiques. De plus, la radiothérapie axée sur les tumeurs peut être utilisée pour le traitement palliatif (pour soulager les symptômes sans nécessairement chercher à guérir).

Si le cancer obstrue le côlon chez un patient intolérant à la chirurgie en raison d’un mauvais état de santé, les médecins peuvent tenter de soulager les symptômes d’autres manières. Un traitement consiste à rétrécir la tumeur avec une sonde qui applique un courant électrique (électrocautérisation) ou parfois au laser. Les médecins peuvent également utiliser une tubulure métallique (endoprothèse) extensible pour maintenir la zone obstruée ouverte. Tous ces traitements peuvent être réalisés à travers un coloscope. Bien que le patient se sente souvent mieux pendant une certaine période, ces traitements ne prolongent pas la survie.

Après l’intervention chirurgicale

Une coloscopie doit être réalisée dans l’année suivant l’intervention chirurgicale. Si l’on ne décèle aucun polype ni aucune tumeur, une seconde coloscopie doit être effectuée 3 ans après. Par la suite, une coloscopie doit être réalisée tous les 5 ans.

À intervalles réguliers après la chirurgie, les médecins procèdent également à un examen clinique et à des analyses de sang, notamment à une numération formule sanguine, à des tests hépatiques et à une mesure du taux d’antigène carcinoembryonnaire.

Des examens d’imagerie (TDM ou IRM) sont réalisés tous les 6 à 12 mois pendant 5 ans.

Pronostic du cancer colorectal

L’ablation précoce, avant la diffusion, augmente les chances de guérison. Les cancers qui se développent au fond ou à travers la paroi du côlon se sont souvent répandus, et ces cancers ne peuvent pas, parfois, être détectés.

Le taux de survie à 5 ans est d’environ 90 % lorsque la tumeur se limite à la muqueuse de la paroi intestinale, d’environ 70 à 80 % lorsque la tumeur s’étend à travers la paroi intestinale, de 30 à 50 % environ lorsque la tumeur s’est propagée aux ganglions lymphatiques de l’abdomen, et de moins de 20 % lorsque la tumeur a métastasé à d’autres organes.

Prévention du cancer colorectal

  • Le dépistage

  • Modification des habitudes de vie

  • Parfois, aspirine à faible dose

Les personnes peuvent réduire le risque de développer un cancer colorectal en faisant l’objet d’un dépistage.

Les habitudes liées au régime alimentaire, au poids et à l’activité physique sont associées au risque de cancer colorectal. Les personnes peuvent réduire le risque en prenant les mesures suivantes :

  • Augmenter l’activité physique.

  • Maintenir un poids santé

  • Limiter la consommation d’alcool

  • Éviter le tabac

  • Consommer moins de viande rouge (comme le bœuf, le porc et l’agneau) et de viandes transformées (comme les hot-dogs et certaines charcuteries)

  • Consommer plus de fibres (comme des légumes, des fruits et des céréales complètes)

Outre le dépistage et les changements de mode de vie, les médecins peuvent recommander à certains adultes âgés de 50 à 59 ans qui présentent un risque accru de maladie cardiaque de prendre une faible dose quotidienne d’aspirine. Chez ces adultes, l’aspirine peut prévenir les maladies cardiaques et le cancer colorectal.

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