Dépistage du cancer colorectal

ParMinhhuyen Nguyen, MD, Fox Chase Cancer Center, Temple University
Vérifié/Révisé oct. 2023
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Le diagnostic précoce du cancer colorectal repose sur le dépistage systématique, qui doit généralement commencer à l’âge de 45 ans pour les personnes exposées à un risque moyen de développer un cancer colorectal et se poursuivre jusqu’à l’âge de 75 ans. Pour les personnes âgées de 76 à 85 ans, les médecins prennent en compte leur état de santé global et les résultats de leurs précédents dépistages, puis décident s’il faut ou non poursuivre le dépistage.

Le dépistage commence tôt chez certaines personnes. Par exemple, les personnes ayant un parent au premier degré (parent, frère ou sœur, enfant) ayant eu un cancer colorectal avant l’âge de 60 ans doivent commencer à être dépistées tous les 5 ans en commençant à l’âge de 40 ans ou 10 ans plus tôt que l’âge de diagnostic du parent au premier degré, selon ce qui se produit le plus tôt. Par exemple, si le père d’une personne a eu un cancer colorectal à l’âge de 45 ans, elle doit commencer le dépistage à l’âge de 35 ans.

Les médecins réalisent plusieurs examens différents pour dépister le cancer colorectal :

Les personnes qui présentent des causes génétiques de cancer colorectal, telles que le syndrome de Lynch et la polypose adénomateuse associée à MUTYH, ont besoin de dépistages supplémentaires.

Coloscopie

Les médecins réalisent souvent le dépistage par coloscopie, qui permet d’examiner l’ensemble du gros intestin. Pendant la coloscopie, les excroissances qui se révèlent cancéreuses (malignes) sont retirées à l’aide d’instruments chirurgicaux introduits dans l’endoscope. Les excroissances sont envoyées au laboratoire afin d’être analysées à la recherche d’un éventuel cancer. Les excroissances plus volumineuses doivent être retirées au cours d’une intervention chirurgicale classique.

La coloscopie doit être réalisée tous les 10 ans ou plus souvent chez les personnes exposées à un risque accru de cancer colorectal.

Analyses des selles

Les tests immunochimiques fécaux (TIF) sont utilisés pour détecter le sang dans les selles, même si le sang est invisible à l’œil nu (sang occulte). Les TIF sont plus précis que les anciennes analyses chimiques des selles et n’impliquent pas de restrictions alimentaires. Ces examens sont effectués tous les ans. Néanmoins, outre le cancer, de nombreuses affections peuvent provoquer la présence de sang dans les selles, et tous les cancers ne saignent pas en permanence.

Les tests ADN fécaux sont utilisés pour mettre en évidence la présence éventuelle de matériel génétique provenant de cellules cancéreuses. Des analyses génétiques des selles sont souvent combinées à des tests immunochimiques fécaux de détection de sang (tests iFOBT-ADN) et elles sont effectuées au moins tous les 3 ans. Les personnes dont les résultats du test iFOBT-ADN sont positifs doivent effectuer une coloscopie de suivi dans les 6 mois pour réduire le risque de manquer un cancer du côlon avancé. Environ 10 à 15 % des personnes dont les résultats du test iFOBT-ADN sont positifs ont une coloscopie normale. Ces personnes peuvent renouveler le test iFOBT-ADN dans l’année ou effectuer une nouvelle coloscopie dans les 3 ans. Si les résultats sont négatifs, les personnes sont considérées comme présentant un risque moyen de développer un cancer du côlon et peuvent reprendre le calendrier de dépistage normal.

Sigmoïdoscopie

La sigmoïdoscopie est un examen de la partie inférieure du gros intestin. Cet examen est adapté aux excroissances du côlon sigmoïde ou du rectum, mais ne permet pas aux médecins de visualiser les tumeurs se trouvant plus haut dans le côlon.

La sigmoïdoscopie doit être effectuée tous les 5 ans ou, si une analyse de sang occulte est également réalisée, tous les 10 ans.

Colographie par tomodensitométrie (TDM)

La colographie par TDM (coloscopie virtuelle) génère des images bidimensionnelles et tridimensionnelles du côlon au moyen d’une technique de balayage TDM spécifique. Dans cette technique, le patient boit un agent de contraste et son côlon est dilaté par des gaz introduits via une sonde insérée dans le rectum. Les images tridimensionnelles de haute résolution simulent plus ou moins l’aspect d’une coloscopie classique, d’où le nom.

La coloscopie virtuelle peut être une option chez les patients qui ne sont pas en mesure ou disposés à effectuer une coloscopie standard, bien qu’elle soit moins sensible et très dépendante des compétences et de l’expérience du radiologue. Cet examen n’exige pas de sédation, mais nécessite tout de même une préparation minutieuse de l’intestin, et la distension du côlon avec les gaz peut être inconfortable. Par ailleurs, contrairement à la coloscopie classique, les lésions ne peuvent pas être retirées (biopsiées) pendant la procédure pour être examinées au microscope. Si un polype ou un cancer est détecté au cours d’une coloscopie virtuelle, une coloscopie standard est nécessaire pour retirer le polype ou réaliser une biopsie du cancer. La coloscopie virtuelle peut montrer si le cancer s’est répandu en dehors du côlon vers les ganglions lymphatiques ou le foie, mais ce n’est pas un bon examen pour détecter les petits polypes présents dans le côlon.

Ce test est réalisé tous les 5 ans.

Tests de dépistage des causes génétiques du cancer colorectal

Le syndrome de Lynch et la polypose adénomateuse associée à MUTYH sont des troubles provoqués par des mutations de certains gènes. Ces mutations peuvent provoquer un cancer colorectal.

Outre le dépistage du cancer colorectal, les personnes atteintes du syndrome de Lynch doivent effectuer un dépistage régulier d’autres cancers. Cette technique inclut l’échographie des organes féminins (réalisée par voie vaginale), un examen des cellules prélevées au niveau de la muqueuse de l’utérus (endomètre) au moyen d’un système d’aspiration, ainsi que des analyses de sang et d’urine.

Les parents au premier degré (parent, frère ou sœur ou enfant) des personnes atteintes du syndrome de Lynch qui n’ont pas effectué d’analyse génétique doivent faire une coloscopie tous les 1 à 2 ans à partir de la vingtaine, puis tous les ans après 40 ans. Les parents au premier degré de sexe féminin doivent faire l’objet d’un dépistage tous les ans pour le cancer de l’endomètre et de l’ovaire.

Les personnes atteintes de polypose adénomateuse associée à MUTYH doivent faire l’objet d’une coloscopie tous les 1 à 2 ans à partir de l’âge de 25 à 30 ans (coloscopie de surveillance). Elles doivent également faire l’objet d’un dépistage des tumeurs de l’estomac et du duodénum, de la thyroïde, de la vessie, des ovaires et de la peau.

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