Érythrocytoses secondaires

(Polyglobulies secondaires)

ParJane Liesveld, MD, James P. Wilmot Cancer Institute, University of Rochester Medical Center
Reviewed ByJerry L. Spivak, MD; MACP, , Johns Hopkins University School of Medicine
Vérifié/Révisé Modifié sept. 2025
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L'érythrocytose secondaire est secondaire à des troubles qui provoquent une hypoxie tissulaire, augmentent de manière inappropriée la production d'érythropoïétine ou augmentent la sensibilité à l'érythropoïétine.

(Voir aussi Revue générale des néoplasies myéloprolifératives.)

Dans une érythrocytose secondaire, seule les globules rouges sont augmentés, tandis que dans la polyglobulie essentielle, les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes peuvent être augmentés. Toute élévation de l'hémoglobine ou de l'hématocrite au-dessus des valeurs normales en fonction de l'âge et du sexe est considérée comme une polyglobulie.

L'érythrocytose secondaire peut être asymptomatique mais peut être associée à des céphalées, une vision floue, des altérations de l'état mental, une dyspnée, des douleurs thoraciques, de la fatigue et une faiblesse. L'examen physique peut révéler une cyanose et une pléthore dans certains cas.

Étiologie des érythrocytoses secondaires

Les causes fréquentes d'érythrocytose secondaire comprennent:

  • Tabagisme

  • Hypoxémie artérielle chronique

  • Tumeurs (polyglobulies tumorales, tumeurs sécrétant de l'érythropoïétine)

  • Prise de stéroïdes androgènes

  • Utilisation subreptice d'érythropoïétine

  • Inhibiteurs du sodium-glucose co-transporter 2 (SGLT-2)

Les causes moins fréquentes d'érythrocytose secondaire comprennent:

  • Hémoglobinopathies à haute affinité pour l'oxygène

  • Mutations des récepteurs de l'érythropoïétine

  • Polyglobulie de Chuvash (dans laquelle une mutation du gène VHL affecte la voie de détection de l'hypoxie et augmente la production d'érythropoïétine.)

  • Shunts artérioveineux droit à gauche dans les poumons

  • Mutations de la proline hydroxylase 2 et de l'hypoxia-inducible factor 2 alpha (HIF-2α)

  • Post-transplantation rénale

Une fausse polyglobulie peut survenir suite à une hémoconcentration (p. ex., brûlures, diarrhée, prise de diurétiques).

Chez les fumeurs de cigarettes, une polyglobulie réversible apparaît en raison de l'hypoxie tissulaire due à l'élévation de la concentration sanguine en carboxyhémoglobine et il y a habituellement une réduction du volume plasmatique. Les taux se normaliseront avec l'arrêt du tabac.

Outre l'érythropoïétine, les médicaments causes d'érythrocytose incluent la testostérone, les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose-2 (SGLT-2), et certains inhibiteurs de tyrosine kinase utilisés dans le traitement du cancer (1).

Les patients présentant une hypoxémie chronique (concentration artérielle en HbO2 < 92%), généralement en raison d'une maladie pulmonaire, d'un shunt intracardiaque droit/gauche, d'une transplantation rénale, d'une exposition prolongée à la haute altitude, ou d'un syndrome d'hypoventilation, développent souvent une érythrocytose. Le traitement principal vise à traiter la maladie sous-jacente, mais une oxygénothérapie peut être utile et des saignées peuvent diminuer la viscosité et soulager les symptômes. Dans certains cas, un hématocrite élevé est physiologique, la phlébotomie doit donc être limitée dans la mesure nécessaire pour soulager les symptômes (contrairement à la polyglobulie essentielle, où l'objectif est de normaliser l'hématocrite). Ceux qui s'acclimatent aux hautes altitudes peuvent présenter des augmentations physiologiques transitoires de l'hémoglobine, qui se résolvent sans traitement.

Les polyglobulies tumorales sont observées dans les tumeurs rénales, les kystes, les hépatomes, les hémangioblastomes cérébelleux ou les léiomyomes utérins qui sécrètent de l'érythropoïétine. L'exérèse de la tumeur est curative.

Les hémoglobinopathies à haute affinité pour l'oxygène sont très rares. Ce diagnostic est suggéré par des antécédents familiaux de polyglobulie; il est établi en mesurant la P50 (la pression partielle d'oxygène à laquelle l'hémoglobine est saturée à 50%) et, si possible, la détermination de la courbe de dissociation complète de l'oxyhémoglobine (voir figure Courbe de dissociation de l'oxyhémoglobine). L'électrophorèse standard de l'hémoglobine peut être normale et ne permet donc pas d'exclure cette cause de polyglobulie. Le séquençage génique est requis pour diagnostiquer les mutations du récepteur de l'érythropoïétine, de la polyglobulie de Chuvash et de l'alpha HIF-2.

Référence pour l'étiologie

  1. 1. Liu J, Chin-Yee B, Ho J, et al. Diagnosis, management, and outcomes of drug-induced erythrocytosis: a systematic review. Blood Adv. 2025;9(9):2108-2118. doi:10.1182/bloodadvances.2024015410

Évaluation de l'érythrocytose secondaire

Les tests effectués en cas d'érythrocytose isolée comprennent les suivants (voir figure Algorithme pour le diagnostic de l'érythrocytose):

  • Saturation artérielle en oxygène

  • Taux d'érythropoïétine sérique

  • P50 pour exclure une hémoglobinopathie à haute affinité pour l'oxygène

Un taux normal ou bas d'érythropoïétine ne permet pas de poser un diagnostic spécifique. Si une polyglobulie essentielle est suspectée, le patient doit être évalué comme dans le cas d'une polyglobulie essentielle.

Le taux sérique de l'érythropoïétine est élevé en cas d'érythrocytose induite par l'hypoxie (ou dont le niveau est inapproprié alors que leur hématocrite est élevé) et chez les patients atteints d'érythrocytose associée à une tumeur. Les patients présentant un taux élevé d'érythropoïétine (et aucun signe d'hypoxie) ou une hématurie microscopique doivent subir une imagerie abdominale et/ou du système nerveux central afin de rechercher une lésion rénale ou d'autres tumeurs sécrétrices d'érythropoïétine.

La P50 mesure l'affinité de l'hémoglobine pour l'oxygène; un résultat normal exclut une hémoglobinopathie de haute affinité (une anomalie familiale) comme cause de la polyglobulie.

Traitement de l'érythrocytose secondaire

Le traitement de l'érythrocytose secondaire est dirigé contre le trouble sous-jacent. Par exemple, l'érythrocytose secondaire provoquée par la privation d'oxygène peut être traitée par l'oxygène. Les sujets qui fument sont invités à arrêter de fumer et on leur proposera des traitements pour les aider à arrêter de fumer.

Chez les patients présentant des symptômes (p. ex., céphalées, vision trouble, troubles de l'état mental, dyspnée, douleur thoracique, fatigue, faiblesse), une saignée peut permettre de diminuer le nombre de globules rouges, mais la phlébotomie est rarement nécessaire dans l'érythrocytose secondaire.

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