Trouble d'hyperactivité/déficit attentionnel

ParStephen Brian Sulkes, MD, Golisano Children’s Hospital at Strong, University of Rochester School of Medicine and Dentistry
Vérifié/Révisé avr. 2024
Voir l’éducation des patients

Le déficit de l'attention/hyperactivité est un syndrome associant inattention, hyperactivité et impulsivité. Les 3 types de déficit de l'attention/hyperactivité sont à dominante d'inattention, d'hyperactivité/impulsivité ou sont mixtes. Le diagnostic repose sur des critères cliniques. Le traitement comprend habituellement une pharmacothérapie par des stimulants ou d'autres médicaments, une thérapie comportementale et des interventions éducatives.

Le trouble d'hyperactivité/déficit attentionnel est un type de trouble du développement neurologique. Les troubles du développement neurologique sont des pathologies neurologiques qui apparaissent tôt dans l'enfance, généralement avant l'entrée à l'école, et qui perturbent le développement du fonctionnement personnel, social, scolaire et/ou professionnel. Ils impliquent généralement des difficultés d'acquisition, de conservation ou d'application de compétences ou d'ensembles d'informations spécifiques. Les troubles du développement neurologique peuvent provoquer des troubles de l'un ou de plusieurs des éléments suivants: l'attention, mémoire, perception, langage, résolution des problèmes ou interactions sociales. D'autres troubles du développement neurologique communs comprennent les troubles du spectre autistique, les troubles de l'apprentissage (p. ex., dyslexie), et la déficience intellectuelle.

Certains experts considéraient le déficit de l'attention/hyperactivité comme un trouble du comportement, probablement parce que les enfants ont généralement un comportement inattentif, impulsif et hyperactif et parce que les troubles du comportement concomitants, en particulier le trouble oppositionnel avec provocation et le trouble des conduites, sont fréquents. Cependant, le déficit de l'attention/hyperactivité a des bases neurologiques bien établies et n'est pas simplement un "mauvais comportement".

Le déficit de l'attention/hyperactivité affecte environ 5 à 15% des enfants (1). Cependant, nombre d'experts pensent que le diagnostic de déficit de l'attention/hyperactivité est porté par excès, en grande partie par non-respect des critères diagnostiques. Selon le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition, Text Revision (DSM-5-TR), il en existe 3 types:

  • À prédominance d'inattention

  • À prédominance d'hyperactivité/impulsivité

  • Mixte

Dans l'ensemble, le déficit de l'attention/hyperactivité est environ deux fois plus fréquent chez les garçons (2), bien que les rapports varient selon le type. Le type à prédominance d'hyperactivité/impulsivité est plus fréquent chez le garçon (3); le type à prédominance de trouble de l'attention a approximativement la même fréquence dans les deux sexes. Le déficit de l'attention/hyperactivité tend à avoir un caractère familial.

On ne connaît pas de cause unique et spécifique du déficit de l'attention/hyperactivité. Les causes du déficit de l'attention/hyperactivité possibles comprennent des facteurs génétiques, biochimiques, sensorimoteurs, physiologiques et comportementaux. Des facteurs de risque sont un poids de naissance < 1500 g, un traumatisme crânien, une carence en fer, une apnée obstructive du sommeil, une exposition au plomb, ainsi qu'une exposition prénatale à l'alcool, au tabac et éventuellement à la cocaïne (3). Le déficit de l'attention/hyperactivité est également associé à des expériences défavorables chez l'enfant (4). Moins de 5% des enfants qui ont un déficit de l'attention/hyperactivité présentent des signes de lésions neurologiques. Des données mettent en cause des différences des systèmes dopaminergique et noradrénergique, avec une diminution d'activité ou une stimulation de la partie haute du tronc cérébral et des faisceaux allant de la zone frontale au cerveau moyen (5).

Références générales

  1. 1. Boznovik K, McLamb F, O'Connell K, et al: U.S. national, regional, and state‑specific socioeconomic factors correlate with child and adolescent ADHD diagnoses. Sci Rep 11:22008, 2021. doi: 10.1038/s41598-021-01233-2

  2. 2. Ayano G, Demelash S, Gizachew Y, Tsegay L, Alati R: The global prevalence of attention deficit hyperactivity disorder in children and adolescents: An umbrella review of meta-analyses. J Affect Disord 339:860–866, 2023. doi:10.1016/j.jad.2023.07.071

  3. 3. Morrow CE, Xue L, Manjunath S, et al: Estimated Risk of Developing Selected DSM-IV Disorders Among 5-Year-Old Children with Prenatal Cocaine Exposure. J Child Fam Stud 18(3):356–364, 2009. doi:10.1007/s10826-008-9238-6

  4. 4. Brown N, Brown S, Briggs R, et al: Associations between adverse childhood experiences and ADHD diagnosis and severity. Acad Pediatr 17(4):349–355, 2017. doi: 10.1016/j.acap.2016.08.013

  5. 5. Del Campo N, Chamberlain SR, Sahakian BJ, Robbins TW: The roles of dopamine and noradrenaline in the pathophysiology and treatment of attention-deficit/hyperactivity disorder. Biol Psychiatry 69(12):e145–e157, 2011. doi:10.1016/j.biopsych.2011.02.036

Trouble de déficit de l'attention/hyperactivité chez l'adulte

Bien que le déficit de l'attention/hyperactivité soit considéré comme un trouble de l'enfant et commence toujours pendant l'enfance, les différences neurophysiologiques sous-jacentes persistent dans la vie adulte et les symptômes comportementaux continuent d'être évidents à l'âge adulte dans environ la moitié des cas. Bien que le diagnostic puisse parfois ne pas être posé avant l'adolescence ou l'âge adulte, certaines manifestations sont présentes avant 12 ans.

Chez l'adulte, les symptômes comprennent

L'hyperactivité chez l'adulte se manifeste habituellement par de l'agitation et de la fébrilité plutôt que par une hyperactivité motrice manifeste comme chez le jeune enfant. Les adultes atteints de déficit de l'attention/hyperactivité ont un risque de chômage plus élevé, un niveau d'instruction plus bas et des taux de toxicomanie et de criminalité plus élevés. Les accidents de véhicules et les violations de la loi sont plus fréquents.

Le déficit de l'attention/hyperactivité peut être plus difficile à diagnostiquer à l'âge adulte. Les symptômes peuvent être semblables à ceux des troubles de l'humeur, des troubles anxieux et des troubles de toxicomanie. Comme l'auto-déclaration de symptômes de l'enfance peut ne pas être fiable, les médecins peuvent devoir examiner les dossiers scolaires ou interroger les membres de la famille pour confirmer l'existence de manifestations avant l'âge de 12 ans.

Les adultes présentant un déficit de l'attention/hyperactivité peuvent recevoir les mêmes types de médicaments stimulants que les enfants atteints de trouble d'hyperactivité/déficit attentionnel. Ils peuvent également bénéficier de conseils pour améliorer la gestion de leur temps et d'autres aptitudes d'adaptation.

Symptomatologie du déficit de l'attention/hyperactivité

Le début apparaît souvent avant l'âge de 4 ans et toujours avant l'âge de 12 ans. L'âge le plus fréquent du diagnostic se situe entre 8 et 10; cependant, des patients atteints du type à prédominance de troubles de l'attention peuvent ne pas être diagnostiqués avant l'adolescence.

Les symptômes cardinaux du déficit de l'attention/hyperactivité sont

  • Inattention

  • Impulsivité

  • Hyperactivité

L'inattention tend à apparaître lorsque l'enfant est confronté à des tâches nécessitant de la vigilance, un temps de réaction rapide, une recherche visuelle et perceptive systématique et une attention soutenue.

L'impulsivité correspond à des actions précipitées qui peuvent avoir des résultats négatifs (p. ex., chez les enfants, traverser une rue sans regarder, chez les adolescents et les adultes, quitter brusquement l'école ou un emploi sans se soucier des conséquences).

L'hyperactivité concerne une activité motrice excessive. Les enfants, en particulier les plus jeunes, peuvent avoir du mal à rester assis tranquillement quand ils le devraient (p. ex., à l'école ou à l'église). Les patients âgés peuvent simplement être anxieux, agités ou bavards, parfois les autres se disent fatigués à force de les regarder.

L'inattention et l'impulsivité gênent le développement des aptitudes scolaires, des stratégies de réflexion et de raisonnement, la motivation scolaire et l'adaptation aux exigences sociales. Les enfants qui ont un type de déficit de l'attention/hyperactivité à prédominance d'inattention tendent à être des élèves appliqués qui ont des difficultés dans les situations d'apprentissage passif, celles qui requièrent un effort continu et l'achèvement d'une tâche.

Globalement, environ 20 à 60% des enfants atteints de déficit de l'attention/hyperactivité ont des difficultés d'apprentissage (1), mais un certain dysfonctionnement scolaire est presque toujours observé chez la plupart des enfants atteints de trouble d'hyperactivité/déficit attentionnel en raison de l'inattention (car des détails sont omis) et de l'impulsivité (car l'enfant répond sans réfléchir).

Les antécédents comportementaux peuvent révéler une faible tolérance aux frustrations, une tendance à l'opposition, des crises de colère, de l'agressivité, une sociabilité et des relations de camaraderie médiocres, des troubles du sommeil, de l'anxiété, une dysphorie, une dépression et des sautes d'humeur.

Bien qu'il n'y ait pas d'examen clinique spécifique ou de signe de laboratoire associés déficit de l'attention/hyperactivité, les signes peuvent comprendre

  • Incoordination motrice ou maladresse

  • Signes neurologiques "discrets" et non focalisés

  • Dysfonctions de la motricité et de la perception

Référence pour la symptomatologie

  1. 1. Czamara D, Tiesler CM, Kohlböck G, et al: Children with ADHD symptoms have a higher risk for reading, spelling and math difficulties in the GINIplus and LISAplus cohort studies. PLoS One 8(5):e63859, 2013. doi:10.1371/journal.pone.0063859

Diagnostic du déficit de l'attention/hyperactivité

  • Critères cliniques basés sur la DSM-5-TR

Le diagnostic du déficit de l'attention/hyperactivité est clinique et repose sur des évaluations médicales, développementales, éducatives et psychologiques complètes (1).

Critères diagnostiques du déficit de l'attention/hyperactivité d'après le DSM-5-TR

Les critères de diagnostic d'après le DSM-5-TR comprennent 9 symptômes et signes d'inattention et 9 symptômes d'hyperactivité et d'impulsivité. Le diagnostic à l'aide de ces critères exige la présence de ≥ 6 symptômes et signes d'au moins un ou de chaque groupe. En outre, les symptômes doivent

  • Être présents souvent pendant ≥ 6 mois

  • Être plus prononcés que ceux attendus compte tenu du niveau de développement de l'enfant

  • Survenir dans au moins 2 situations (p. ex., à la maison et à l'école)

  • Être présents avant 12 ans (au moins quelques symptômes)

  • Perturber le fonctionnement à la maison, à l'école ou au travail

Symptômes de l'inattention:

  • Ne prête pas attention aux détails ou fait des fautes d'étourderie lors d'activités scolaires ou autres

  • À des difficultés à soutenir son attention à l'école ou lors du jeu

  • Ne semble pas écouter quand on lui parle directement

  • Ne suit pas les instructions ou ne finit pas ses tâches

  • À du mal à organiser les tâches et activités

  • Evite, n'aime pas ou est réticent à s'engager dans des tâches qui nécessitent un effort mental soutenu sur une longue période

  • Perd souvent les choses nécessaires aux tâches ou activités scolaires

  • Est facilement distrait

  • Est distrait dans les activités quotidiennes

Symptômes d'hyperactivité et d'impulsivité:

  • Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille

  • Quitte souvent son siège en classe ou ailleurs

  • Souvent court de tous les côtés ou grimpe partout alors que ces activités sont appropriées

  • À des difficultés à jouer tranquillement

  • Souvent en train de courir, agissant comme s'il était mu par un moteur

  • Souvent parle trop

  • Répond souvent trop vite aux questions, sans même en attendre la fin

  • Souvent a des difficultés à attendre son tour

  • Souvent interrompt ou fait intrusion auprès des autres

Le diagnostic du type avec prédominance d'inattention nécessite ≥ 6 symptômes d'inattention. Le diagnostic du type hyperactif/impulsif nécessite ≥ 6 symptômes d'hyperactivité et d'impulsivité. Le diagnostic du type mixte nécessite ≥ 6 symptômes d'inattention et d'hyperactivité-impulsivité.

Autres considérations diagnostiques

La distinction entre le déficit de l'attention/hyperactivité et d'autres affections peut être difficile à établir. Le diagnostic par excès doit être évité et d'autres pathologies doivent être précisément identifiées. Beaucoup de signes de déficit de l'attention/hyperactivité apparus pendant les années préscolaires pourraient également traduire des problèmes de communication qui peuvent être observés dans d'autres troubles du développement neurologique (p. ex., troubles du spectre autistique), ou dans certains troubles des apprentissages, dans l'anxiété, la dépression ou les troubles du comportement.

Les médecins doivent vérifier si l'enfant est distrait par des facteurs externes (c'est-à-dire, perturbation provenant de l'environnement) ou par des facteurs internes (c'est-à-dire, pensées, anxiété, soucis). Cependant, chez l'enfant plus âgé, les signes du déficit de l'attention/hyperactivité deviennent plus évidents qualitativement; les enfants atteints des types d'hyperactivité-impulsivité ou mixte présentent souvent des mouvements incessants des membres inférieurs, une impersistance motrice (p. ex., mouvements sans objet et mouvements incessants des mains), un langage impulsif et un manque apparent d'attention à leur environnement. Les enfants qui ont un trouble à prédominance de trouble de l'attention peuvent ne présenter aucun signe clinique.

L'évaluation médicale se concentre sur l'identification des facteurs potentiellement traitables qui peuvent contribuer à l'apparition ou à l'aggravation de la symptomatologie. L'évaluation doit comprendre l'anamnèse de l'exposition prénatale (p. ex., médicaments/drogues illicites, alcool, tabac), de complications ou d'infections périnatales, d'infections du système nerveux central, de lésions cérébrales traumatiques, de maladies cardiaques, de troubles de respiration au cours du sommeil, d'un manque d'appétit et/ou d'une alimentation pointilleuse, et des antécédents familiaux de déficit de l'attention/hyperactivité.

L'évaluation du développement s'attache à préciser le début et l'évolution de la symptomatologie. Le bilan comprend la vérification des étapes du développement, en particulier linguistiques et l'utilisation des échelles d'évaluation spécifiques du déficit de l'attention/hyperactivité (p. ex., la Vanderbilt Assessment Scale, la Conners Comprehensive Behavior Rating Scale, l'ADHD Rating Scale-5) (2). Des versions de ces échelles sont disponibles pour les familles et le personnel scolaire, ce qui permet une évaluation de différentes situations selon les critères du DSM-5-TR. Noter que les échelles ne doivent pas être utilisées seules pour établir un diagnostic.

Le bilan éducatif vise à documenter les symptômes cardinaux; il peut s'agir de l'examen des dossiers pédagogiques et de l'utilisation d'échelles ou de listes d'évaluation. Cependant, ces données à elles seules ne permettent pas toujours de différencier le déficit de l'attention/hyperactivité d'autres anomalies du développement ou des troubles de la conduite.

Références pour le diagnostic

  1. 1. Wolraich ML, Hagan JF Jr, Allan C, et al: Clinical Practice Guideline for the Diagnosis, Evaluation, and Treatment of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder in Children and Adolescents [published correction appears in Pediatrics 2020 Mar;145(3):]. Pediatrics 144(4):e20192528, 2019. doi:10.1542/peds.2019-2528

  2. 2. Izzo VA, Donati MA, Novello F, Maschietto D, Primi C: The Conners 3-short forms: Evaluating the adequacy of brief versions to assess ADHD symptoms and related problems. Clin Child Psychol Psychiatry 24(4):791–808, 2019. doi:10.1177/1359104519846602

Traitement du déficit de l'attention/hyperactivité

  • Thérapie comportementale

  • Traitement médicamenteux, généralement avec des stimulants tels que le méthylphénidate ou la dextroamphétamine (dans des préparations à courte et à longue durée d'action)

Les recommandations thérapeutiques chez les enfants atteints de déficit de l'attention/hyperactivité varient selon leur âge (1):

  • Enfants d'âge préscolaire: le traitement initial repose sur la thérapie comportementale. Les médicaments peuvent être envisagés si la réponse aux interventions comportementales est inadéquate ou si les symptômes sont modérés à sévères (p. ex., course impulsive, accès d'agressivité, autres comportements qui exposent l'enfant ou d'autres personnes à un risque de blessure).

  • Enfants d'âge scolaire: le traitement initial est une thérapie comportementale en association avec des médicaments.

Des essais randomisés montrent que chez l'enfant d'âge scolaire, la thérapie comportementale seule est moins efficace que la thérapie par des médicaments stimulants seuls, alors que l'association est la plus efficace (2, 3, 4). Il existe également des données en faveur de l'utilisation du méthylphénidate chez les enfants d'âge préscolaire qui ne répondent pas à la thérapie comportementale seule, bien que le bénéfice global semble inférieur à celui des enfants d'âge scolaire (5). Bien que la correction des différences neurophysiologiques sous-jacentes du patient atteint de déficit de l'attention/hyperactivité ne s'observe pas sous traitement médicamenteux, ces médicaments s'avèrent efficaces avec amélioration des symptômes déficit de l'attention/hyperactivité et permettent la participation à des activités antérieurement inaccessibles du fait du manque d'attention et de l'impulsivité. Les médicaments interrompent souvent les symptômes comportementaux, améliorant les interventions comportementales et scolaires, la motivation et l'estime de soi.

Le traitement du déficit de l'attention/hyperactivité chez l'adulte suit des principes similaires, mais, comme chez l'enfant, le choix et le dosage des médicaments doivent être individualisés, en fonction des avantages, des effets secondaires et des autres pathologies (2).

Médicaments stimulants

Les médicaments stimulants qui comprennent le méthylphénidate ou les sels d'amphétamine sont les plus largement utilisés. La réponse est très variable et la posologie dépend de la gravité des troubles du comportement et de la capacité de l'enfant à tolérer le médicament. Le dosage est ajusté en fréquence et en quantité jusqu'à ce qu'un équilibre optimal entre la réponse et les effets indésirables soit atteint.

On débute habituellement le méthylphénidate à la dose minimale par voie orale 1 fois/jour (sous sa forme à libération immédiate) pour les enfants, puis on augmente le nombre de prises chaque semaine pour aboutir habituellement à 2 à 3 fois/jour ou toutes les 4 heures pendant les heures de veille; de nombreux médecins essaient d'utiliser le dosage le matin et le midi. Si la réponse est insuffisante mais le médicament toléré, la dose peut être augmentée. L'objectif est de trouver un équilibre optimal entre les avantages et les effets indésirables pour chaque individu. Des doses trop faibles et qui n'apportent pas un bénéfice adéquat peuvent conduire les familles à abandonner le traitement précocement, alors que des doses trop élevées peuvent provoquer des effets secondaires graves avec ou sans bénéfice clinique approprié. L'isomère dextrogyre du méthylphénidate est le principe actif disponible et il peut être prescrit à la moitié de la dose.

La dextroamphétamine (forme à libération immédiate) est typiquement commencée (souvent associée à l'amphétamine racémique) par voie orale 1 fois/jour et peut ensuite être augmentée à 2 ou 3 fois/jour ou toutes les 4 heures pendant les heures de veille. La titration de la dose doit permettre d'équilibrer l'efficacité par rapport aux effets indésirables; les doses réelles varient considérablement d'un sujet à l'autre, mais, en général, des doses plus élevées augmentent la probabilité d'effets indésirables inacceptables. En règle générale, les doses de dextroamphétamine sont environ 2/3 de celles des préparations de méthylphénidate.

Pour le méthylphénidate ou la dextroamphétamine, 1 fois la posologie optimale atteinte, une posologie équivalente du même médicament est souvent remplacée par une forme à libération prolongée afin d'éviter l'administration des médicaments à l'école. Les préparations à longue durée d'action comprennent des comprimés à libération prolongée, biphasique, contenant l'équivalent de 2 doses, des pilules à libération osmotique et des patchs transdermiques qui assurent jusqu'à 12 heures de couverture. Des préparations liquides de courte et de longue durée d'action sont également disponibles. Des préparations dextro pures (p. ex., dextrométhylphénidate) sont souvent utilisées pour minimiser les effets indésirables comme l'anxiété; les doses sont généralement la moitié de celles des préparations mixtes. Des préparations de promédicaments sont aussi parfois utilisées en raison de leur libération plus progressive, une plus longue durée d'action, moins d'effets indésirables et un potentiel d'abus moindre. L'apprentissage est souvent amélioré par de faibles doses, mais l'amélioration des symptômes comportementaux nécessite généralement des doses plus élevées.

Les horaires de prise des médicaments stimulants peuvent être adaptés pour couvrir des jours et des heures spécifiques (p. ex., les heures scolaires et le temps des devoirs à la maison). Les fenêtres (vacances) thérapeutiques peuvent être essayées le week-end, les jours fériés ou pendant les longues pauses scolaires. Des périodes de placebo (pendant 5 à 10 jours d'école pour lisser la variabilité au jour le jour) sont recommandées pour déterminer si les médicaments sont toujours nécessaires.

Les effets indésirables fréquents des médicaments stimulants comprennent

  • Troubles du sommeil (p. ex., insomnie)

  • Céphalée

  • Douleur d'estomac

  • Anorexie

  • Fréquence cardiaque et pression artérielle élevées

La dépression est un effet indésirable moins fréquent et peut souvent provoquer une incapacité à déplacer facilement la focalisation (surfocalisation). Cela peut se manifester par un comportement parfois décrit par les familles comme ressemblant à un zombie plutôt qu'une dépression infantile clinique caractérisée. En fait, les stimulants sont parfois utilisés comme traitement adjuvant de la dépression. Ce comportement peut parfois être résolu par la réduction de la dose de stimulant ou en essayant un médicament différent. Les sujets présentant des troubles anxieux peuvent également présenter des exacerbations de symptômes d'anxiété.

Des études ont montré que la croissance de la taille ralentit en 2 ans d'utilisation de médicaments stimulants, et le potentiel de taille à l'âge adulte peut être diminué par l'utilisation chronique de stimulants (6).

Médicaments non stimulants

L'atomoxétine, un inhibiteur sélectif de la recapture de la noradrénaline, est aussi utilisée. Le médicament est efficace, mais les résultats quant à son efficacité sont mitigés quand on les compare à ceux des médicaments stimulants (7). Certains enfants ont des nausées, de somnolence, d'irritabilité et ont des crises de colère; rarement, une toxicité hépatique et des idées suicidaires surviennent. La dose initiale est titrée chaque semaine. La demi-vie longue du médicament permet une prise 1 fois/jour mais nécessite une utilisation continue pour être efficace.

Des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la noradrénaline tels que le bupropion et la venlafaxine, des agonistes alpha-2 tels que la clonidine et la guanfacine et d'autres médicaments psychotropes sont parfois utilisés en cas d'inefficacité ou d'effets indésirables inacceptables des médicaments stimulants mais ils sont moins efficaces et ne sont pas recommandés comme médicaments de première intention. Parfois, ces médicaments sont utilisés associés à des stimulants en raison de leurs effets synergiques; une surveillance étroite des effets indésirables est essentielle.

Les interactions médicamenteuses indésirables représentent une préoccupation au cours du traitement du déficit de l'attention/hyperactivité. Les médicaments qui inhibent l'enzyme métabolique CYP2D6, dont certains inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) qui sont parfois utilisés chez les patients atteints de déficit de l'attention/hyperactivité, peuvent augmenter l'effet des médicaments stimulants. L'examen des interactions médicamenteuses potentielles est un élément important de la prise en charge pharmacologique des patients atteints de déficit de l'attention/hyperactivité.

Prise en charge comportementale

La prise en charge, incluant la thérapie cognitivo-comportementale (p. ex., détermination des objectifs, auto-contrôle, modèles de comportement, jeux de rôle), est souvent efficace et aide l'enfant à comprendre le déficit de l'attention/hyperactivité et comment y faire face. Les activités structurées et les routines sont essentielles.

Le comportement en classe est souvent amélioré par la maîtrise de l'environnement sur le plan du bruit et des stimulations visuelles, le recours à des tâches de durée appropriée et à des innovations, un suivi personnalisé et une grande proximité avec l'enseignant.

Lorsque les difficultés persistent à la maison, les parents doivent être encouragés à recourir à l'assistance supplémentaire d'un professionnel et à se former aux techniques de prise en charge comportementale. Ajouter des encouragements et des formes de récompenses renforce la prise en charge comportementale et s'avère souvent efficace. Les enfants qui ont un déficit de l'attention/hyperactivité avec prédominance d'hyperactivité et d'impulsivité sont souvent aidés à domicile lorsqu'un cadre, des méthodes parentales d'éducation cohérentes et des limites bien définies sont instaurés.

Les régimes d'éviction, les traitements méga-vitaminiques, l'utilisation d'antioxydants ou d'autres compléments et les interventions nutritionnelles et biochimiques ont obtenu les effets les plus faibles. Le biofeedback peut être utile dans certains cas mais il n'est pas recommandé pour une utilisation de routine parce que les preuves d'un bénéfice durable manquent.

Références pour le traitement

  1. 1. Wolraich ML, Hagan JF Jr, Allan C, et al: Clinical Practice Guideline for the Diagnosis, Evaluation, and Treatment of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder in Children and Adolescents [published correction appears in Pediatrics 2020 Mar;145(3):]. Pediatrics 144(4):e20192528, 2019. doi:10.1542/peds.2019-2528

  2. 2. Cortese S, Adamo N, Del Giovane C, et al: Comparative efficacy and tolerability of medications for attention-deficit hyperactivity disorder in children, adolescents, and adults: a systematic review and network meta-analysis. Lancet Psychiatry 5(9):727–738, 2018. doi:10.1016/S2215-0366(18)30269-4

  3. 3. Storebø OJ, Storm MRO, Pereira Ribeiro J, et al: Methylphenidate for children and adolescents with attention deficit hyperactivity disorder (ADHD). Cochrane Database Syst Rev 3(3):CD009885, 2023. doi:10.1002/14651858.CD009885.pub3

  4. 4. Pelham WE Jr, Fabiano GA: Evidence-based psychosocial treatments for attention-deficit/hyperactivity disorder. J Clin Child Adolesc Psychol 37(1):184–214, 2008. doi:10.1080/15374410701818681

  5. 5. Greenhill L, Kollins S, Abikoff H, et al: Efficacy and safety of immediate-release methylphenidate treatment for preschoolers with ADHD [published correction appears in J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2007 Jan;46(1):141]. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 45(11):1284–1293, 2006. doi:10.1097/01.chi.0000235077.32661.61

  6. 6. Greenhill LL, Swanson JM, Hechtman L, et al: Trajectories of Growth Associated With Long-Term Stimulant Medication in the Multimodal Treatment Study of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 59(8):978–989, 2020. doi:10.1016/j.jaac.2019.06.019

  7. 7. Schwartz S, Correll CU: Efficacy and safety of atomoxetine in children and adolescents with attention-deficit/hyperactivity disorder: results from a comprehensive meta-analysis and metaregression. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 53(2):174–187, 2014. doi: 10.1016/j.jaac.2013.11.005

Pronostic du déficit de l'attention/hyperactivité

La scolarité traditionnelle et l'enseignement théorique aggravent souvent la symptomatologie chez l'enfant atteint d'un déficit de l'attention/hyperactivité non traité ou mal traité. Une immaturité sociale et affective peut persister. Leur mauvaise acceptation par les autres enfants et leur solitude ont tendance à augmenter avec l'âge et avec l'expression plus apparente des symptômes. Un abus de substances peut se produire si le déficit de l'attention/hyperactivité n'est pas identifié et traité de manière adéquate parce que de nombreux adolescents et adultes atteints s'automédiquent à la fois avec des substances licites (p. ex., la caféine, amphétamines) et illicites (p. ex., la cocaïne).

Bien que la symptomatologie d'hyperactivité ait tendance à s'atténuer avec l'âge, les adolescents et les adultes peuvent présenter des difficultés séquellaires. Les facteurs prédictifs de mauvais résultats à l'adolescence et l'âge adulte comprennent les suivants

  • Coexistence d'une intelligence faible

  • Agressivité

  • Problèmes sociaux et interpersonnels

  • Troubles de santé mentale ou du comportement parentaux

Les problèmes survenant à l'adolescence et à l'âge adulte se manifestent principalement par un échec scolaire et universitaire, une mauvaise estime de soi et des difficultés à acquérir un comportement social adapté. Les adolescents et les adultes qui ont un déficit de l'attention/hyperactivité avec prédominance de l'impulsivité peuvent présenter, avec une plus grande fréquence, des troubles de la personnalité et un comportement antisocial; beaucoup continuent de montrer de l'impulsivité, de l'agitation et peu d'habiletés sociales. Le patient qui a un déficit de l'attention/hyperactivité semble mieux s'adapter au travail qu'aux situations scolaires ou familiales, en particulier s'il trouve un travail qui ne nécessite pas une concentration intense.

Points clés

  • Le déficit de l'attention/hyperactivité comprend une inattention, hyperactivité/impulsivité, ou une association des deux; il apparaît généralement avant l'âge de 12 ans, y compris chez les enfants d'âge préscolaire.

  • La cause est inconnue, mais il y a de nombreux facteurs de risque suspectés.

  • Diagnostiquer en utilisant des critères cliniques et être attentif à d'autres troubles (p. ex., trouble du spectre autistique, certains troubles de l'apprentissage ou du comportement, anxiété, dépression) ainsi qu'aux expériences défavorables de l'enfance qui peuvent initialement se manifester de la même façon.

  • Les manifestations ont tendance à s'atténuer avec l'âge, mais les adolescents et les adultes peuvent présenter des difficultés séquellaires.

  • Traiter par des médicaments stimulants et une thérapie cognitivo-comportementale; la thérapie comportementale seule peut être appropriée chez les enfants d'âge préscolaire.

Plus d'information

Les sources d'information suivantes en anglais peuvent être utiles. S'il vous plaît, notez que LE MANUEL n'est pas responsable du contenu de ces ressources.

  1. American Academy of Pediatrics: Clinical Practice Guideline for the Diagnosis, Evaluation, and Treatment of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder in Children and Adolescents (2019)

  2. National Institute for Children's Health Quality: Vanderbilt Assessment Scale (used for diagnosing ADHD)

  3. Attention Deficit Disorder Association (ADDA): An organization providing resources for adults with ADHD

  4. Children and Adults with Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder (CHADD): An organization providing educational, support, and treatment resources for all people with ADHD

  5. Learning Disabilities Association of America (LDA): An organization providing educational, support, and advocacy resources for people with learning disabilities

quizzes_lightbulb_red
TESTEZ VOS CONNAISSANCESTake a Quiz!
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS