Huile de poisson

ParLaura Shane-McWhorter, PharmD, University of Utah College of Pharmacy
Reviewed ByEva M. Vivian, PharmD, MS, PhD, University of Wisconsin School of Pharmacy
Vérifié/Révisé Modifié juill. 2025
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L'huile de poisson peut être consommée en mangeant du poisson, en ingérant un extrait ou en prenant une forme concentrée sous forme de gélule. Les composants actifs sont les acides gras omega-3 (acide eicosapentaénoïque [EPA] et acide docosahexaénoïque [DHA]). Récemment, des souches de levure modifiées génétiquement et capables de produire naturellement des quantités importantes de ces huiles ont été produites et fournissent une autre source (1). Les régimes alimentaires occidentaux sont habituellement faibles en acides gras oméga-3. D'autres sources alimentaires d'acides gras oméga-3 qui ne sont pas les poissons sont les noix et l'huile de graines de lin.

Allégations concernant l'Huile de poisson

On utilise l'huile de poisson pour prévenir et traiter l'artériosclérose cardiovasculaire, en particulier car elle diminue les taux de triglycérides. On ne connaît pas les mécanismes, qui sont probablement nombreux. Les bénéfices sont suspectés, mais non encore confirmés, en prévention primaire des maladies cardiovasculaires athéroscléreuses, pour l'abaissement du taux de cholestérol, le ralentissement de la progression de la dégénérescence maculaire liée à l'âge et du cancer, le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, la sécheresse oculaire et la dépression, l'abaissement de la pression artérielle, et la prévention de la néphrotoxicité de la cyclosporine.

Éléments en faveur de l'huile de poisson

Les preuves en faveur de l'utilisation de l'huile de poisson, spécifiquement sous forme d'EPA/DHA (EPA plus DHA en diverses combinaisons) pour réduire les événements cardiovasculaires (p. ex., infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) ont été mitigées. Cependant, il semble exister des données plus cohérentes selon lesquelles l'EPA/DHA peut réduire les triglycérides sériques (2).

Bien que quelques preuves antérieures suggéraient que 800 à 1500 mg/jour réduisait le risque d'infarctus du myocarde et de décès par arythmie chez les patients ayant une maladie coronarienne préexistante et prenant des médicaments conventionnels (3), les études ultérieures n'ont pas systématiquement confirmé ces résultats. Par exemple, l'essai OMEMI (Omega-3 Fatty acids in Elderly with Myocardial Infarction) était un essai randomisé dans lequel 1027 patients âgés de 70 à 82 ans atteints d'infarctus du myocarde aigu récent (2 à 8 semaines) ont été traités par 1,8 g d'acides gras polyinsaturés n-3 (polyunsaturated fatty acids [PUFA]) (930 mg d'acide eicosapentaénoïque et 660 mg d'acide docosahexaénoïque) ou un placebo (huile de maïs) par jour en plus des soins standards (4).

Le critère d'évaluation principal était un composite d'infarctus du myocarde aigu non fatal, de revascularisation imprévue, d'accident vasculaire cérébral, de mort toutes causes confondues et d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque après 2 ans. Le critère d'évaluation principal s'est produit chez 21,4% des patients sous PUFA n-3 versus 20,0% sous placebo (P = 0,60). Les auteurs ont conclu que l'étude n'a pas détecté de réduction des événements cliniques chez les patients âgés ayant eu un infarctus du myocarde aigu récent. De plus, une revue Cochrane de 86 essais randomisés (162 796 patients) d'une durée de 12 à 88 mois a confirmé que les acides gras oméga-3 diminuaient les triglycérides et, selon des preuves de haute certitude, ont peu d'effet sur les événements cardiovasculaires et la mort. Cette revue a trouvé une légère diminution de la mortalité cardiovasculaire, mais sans différence dans le nombre d'accidents vasculaires cérébraux ou d'arythmies. La revue a mis en évidence que 167 participants devaient être traités pour éviter un événement coronarien et 334 participants devaient être traités pour éviter un décès par maladie coronarienne (2). Cependant, l'essai REDUCE-IT, qui a inclus des patients porteurs d'une maladie cardiovasculaire établie ou d'un diabète et d'autres facteurs de risque plus des taux élevés de triglycérides malgré un traitement par statines, a rapporté une réduction significative des MACE (major adverse cardiac events [événements cardiaques indésirables majeurs]) sous l'effet de l'agent pharmacologique de prescription, l'icosapent éthyl (5).

Par la suite, une autre méta-analyse de 15 essais randomisés a évalué non seulement l'efficacité mais aussi la sécurité de différents suppléments d'acides gras oméga-3 (dont les produits sur ordonnance), pour la prévention des maladies cardiovasculaires (6). Les résultats significatifs étaient une diminution de 5% des événements cardiovasculaires majeurs, une diminution de 10% des infarctus du myocarde et une diminution de 6% des décès cardiovasculaires. L'analyse de sous-groupes a indiqué que le bénéfice cardiovasculaire était principalement dû à l'ester éthylique d'acide eicosapentanoïque (EPA) sur ordonnance. Il semblait y avoir une augmentation de 25% du risque de fibrillation auriculaire ainsi qu'un risque accru d'accident vasculaire cérébral chez les patients ayant des antécédents d'infarctus du myocarde. D'autres événements indésirables, tels que des saignements, un cancer ou des problèmes gastro-intestinaux, n'ont pas été trouvés.

Une grande étude de cohorte prospective incluant 20 338 patients atteints de diabète de type 2 a rapporté que la supplémentation en huile de poisson et des niveaux plasmatiques plus élevés d'acides gras polyinsaturés oméga-3 (AGPI n-3) étaient associés à des risques plus faibles de complications macrovasculaires (maladie coronarienne, insuffisance cardiaque, artériopathie périphérique et accident vasculaire cérébral) et microvasculaires (néphropathie diabétique, rétinopathie diabétique et neuropathie diabétique) (7).

Le bénéfice potentiel des suppléments d'huile de poisson (acides gras oméga-3) pour la maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique (Maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique) (MASLD [Metabolic dysfunction–Associated Liver Disease]), anciennement connue sous le nom de stéatose hépatique non alcoolique), a également été évalué. Une méta-analyse de 22 essais randomisés incluant 1366 patients a trouvé que la supplémentation en acides gras oméga-3 diminuait la graisse hépatique (mesurée par échographie) et les profils lipidiques ainsi que l'indice de masse corporelle (8). Des recherches supplémentaires sont nécessaires, particulièrement au moyen d'essais randomisés, pour mieux évaluer les effets dose-réponse des acides gras oméga-3 et pour effectuer une évaluation supplémentaire de la graisse hépatique avec d'autres méthodes (p. ex., histologie, IRM, TDM).

Effets indésirables de l'huile de poisson

Des éructations qui ont une odeur de poisson, des nausées et une diarrhée peuvent être observées. Les risques d'hémorragie augmentent en cas de prise d'EPA/DHA > 3 g/jour. Dans une grande étude, les taux de saignements majeurs étaient similaires (10,7%) dans le groupe n-3 PUFA à ceux des patients traités par placebo (11,0%, p = 0,87) (4).

Les examens de laboratoire ne confirment pas les préoccupations quant à une contamination par le mercure. Malgré cela, les femmes enceintes ou qui allaitent ne doivent pas prendre de suppléments d'acides gras omega-3 extraits de poissons et doivent limiter la consommation de certains types et quantités de poissons en raison du risque potentiel de contamination par le mercure.

Dans une grande étude sur des patients traités par l'icosapent éthyl, la constipation, les œdèmes périphériques et la fibrillation auriculaire étaient plus fréquents que chez les patients traités par placebo (5).

L'American College of Cardiology et autres sociétés professionnelles ont commenté les limites d'utilisation de suppléments d'huile de poisson en vente libre et conseillent que seuls les produits sur ordonnance approuvés par la FDA soient utilisés dans l'hypertriglycéridémie (9).

Le Comité d'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l'Agence européenne des médicaments (EMEA) a émis une déclaration publique mettant en garde contre le risque accru dose-dépendant de fibrillation auriculaire chez ceux atteints de maladie cardiovasculaire ou ayant des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire (10). Une dose quotidienne dépassant 4 grammes d'esters éthyliques d'acides oméga-3 était associée à un risque accru.

Interactions médicamenteuses avec l'huile de poisson

L'huile de poisson associée à des antihypertenseurs peut entraîner une diminution de la pression artérielle. L'ingestion d'huile de poisson peut augmenter l'effet anticoagulant de la warfarine, bien que certaines études n'aient pas montré d'événements hémorragiques indésirables (11). Néanmoins, les patients doivent être avertis de la possibilité d'une augmentation des saignements.

Références

  1. 1. Xue Z, Sharpe PL, Hong SP, et al. Production of omega-3 eicosapentaenoic acid by metabolic engineering of Yarrowia lipolytica. Nat Biotechnol. 31(8):734-740, 2013. doi: 10.1038/nbt.2622

  2. 2. Abdelhamid AS, Brown TJ, Brainard JS, et al. Omega-3 fatty acids for the primary and secondary prevention of cardiovascular disease (review). Cochrane Database Syst Rev. 3:CD003177, 2020. doi: 10.1002/14651858.CD003177.pub5

  3. 3. MacLean CH, Mojica WA, Morton SC, et al. Effects of omega-3 fatty acids on lipids and glycemic control in type II diabetes and the metabolic syndrome and on inflammatory bowel disease, rheumatoid arthritis, renal disease, systemic lupus erythematosus, and osteoporosis. Evid Rep Technol Assess (Summ). 2004;(89):1-4.

  4. 4. Kalstad AA, Myhre PL, Laake K, et al: Effects of n-3 fatty acid supplements in elderly patients after myocardial infarction: a randomized, controlled trial. Circulation 143(6):528-539, 2021. doi:10.1161/CIRCULATIONAHA.120.052209

  5. 5. Bhatt DL, Steg PG, Miller M, et al. Cardiovascular risk reduction with icosapent ethyl for hypertriglyceridemia. N Engl J Med. 380(1):11-22, 2019. doi: 10.1056/NEJMoa1812792

  6. 6. Yan J, Liu M, Yang D, Zhang Y, An F. Efficacy and Safety of Omega-3 Fatty Acids in the Prevention of Cardiovascular Disease: A Systematic Review and Meta-analysis. Cardiovasc Drugs Ther. 2024 Aug;38(4):799-817. doi: 10.1007/s10557-022-07379-z

  7. 7. Tian S, Guo T, Qian F, Qiu Z, Lu Q, Li R, Zhu K, Li L, Yu H, Li R, Ou Y, Pan A, Liu G. Fish Oil, Plasma n-3 PUFAs, and Risk of Macro- and Microvascular Complications among Individuals with Type 2 Diabetes. J Clin Endocrinol Metab. 2024 Jul 12:dgae482. doi: 10.1210/clinem/dgae482

  8. 8. Lee CH, Fu Y, Yang SJ, Chi CC. Effects of Omega-3 Polyunsaturated Fatty Acid Supplementation on Non-Alcoholic Fatty Liver: A Systematic Review and Meta-Analysis. Nutrients. 2020 Sep 11;12(9):2769. doi: 10.312092769

  9. 9. Virani SS, Morris PB, Agarwala A, et al. 2021 ACC Expert Consensus Decision Pathway on the Management of ASCVD Risk Reduction in Patients With Persistent Hypertriglyceridemia: A Report of the American College of Cardiology Solution Set Oversight Committee. J Am Coll Cardiol. 2021;78(9):960-993. doi:10.1016/j.jacc.2021.06.011

  10. 10. Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency. Omega-3-acid ethyl ester medicines (Omacor/Teromeg 1000 mg capsules): dose-dependent increased risk of atrial fibrillation in patients with established cardiovascular diseases or cardiovascular risk factors. Accessed February 27, 2025.

  11. 11. Pryce R, Bernaitis N, Davey AK, et al: The use of fish oil with warfarin does not significantly affect either the International Normalized Ratio or incidence of adverse events in patients with atrial fibrillation and deep vein thrombosis: a retrospective study. Nutrients 8(9):578, 2016. doi:10.3390/nu8090578

Plus d'information

La source d'information suivante en anglais peut être utile. S'il vous plaît, notez que LE MANUEL n'est pas responsable du contenu de cette ressource.

  1. National Institutes of Health (NIH): Omega-3 fatty acids fact sheet for health professionals

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