Néphropathie aux analgésiques

ParFrank O'Brien, MD, Washington University in St. Louis
Vérifié/Révisé janv. 2024
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La néphropathie aux analgésiques est une néphrite tubulo-interstitielle chronique provoquée par la prise cumulée, tout au long de la vie, de grandes quantités (p. ex., 2 kg) de certains antalgiques. Le patient présente initialement une lésion rénale, un sédiment urinaire banal et habituellement une protéinurie non néphrotique ou une pyurie stérile. Une HTA, une anémie et une altération de la concentration urinaire se produisent lorsque l'insuffisance rénale se développe. La nécrose papillaire survient tardivement. Le diagnostic repose sur les antécédents d'utilisation d'analgésiques et sur la TDM sans injection de produit de contraste. Le traitement repose sur l'arrêt de l'analgésique responsable.

(Voir aussi Revue générale des maladies tubulo-interstitielles.)

La néphropathie aux analgésiques, un type de néphrite interstitielle chronique, a été initialement décrite comme associée à l'abus d'associations d'antalgiques contenant de la phénacétine (généralement avec de l'aspirine, du paracétamol, de la codéine ou de la caféine). L'incidence variait selon la région (p. ex., causant jusqu'à 10% des cas de maladie rénale au stade terminal en Australie [1]), avec une prédominance féminine. Depuis le retrait de la phénacétine du marché, l'incidence de la néphropathie aux analgésiques a diminué (2). Il n'est pas certain que des antalgiques associatifs ne contenant pas de phénacétine, dont le paracétamol, l'aspirine et d'autres anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), soient encore impliqués (3). Le mécanisme est mal connu. Cependant, l'utilisation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peut provoquer une néphrite tubulo-interstitielle aiguë ou une maladie rénale chronique.

Références

  1. 1. Chang SH, Mathew TH, McDonald SP: Analgesic nephropathy and renal replacement therapy in Australia: Trends, comorbidities and outcomes. Clin J Am Soc Nephrol 3(3):768-776, 2008. doi: 10.2215/CJN.04901107 

  2. 2. Mihatsch MJ, Khanlari B, Brunner FP: Obituary to analgesic nephropathy—An autopsy study. Nephrol Dial Transplant 21(11):3139-3145, 2006. doi: 10.1093/ndt/gfl390

  3. 3. Feinstein AR, Heinemann LA, Curhan GC, et al: Relationship between nonphenacetin combined analgesics and nephropathy: A review. Ad Hoc Committee of the International Study Group on Analgesics and Nephropathy. Kidney Int 2000 58(6):2259-64. doi: 10.1046/j.1523-1755.2000.00410.x 

Symptomatologie de la néphropathie aux analgésiques

Le patient présente initialement une lésion rénale, un sédiment urinaire banal et habituellement une protéinurie non néphrotique ou une pyurie stérile. L'HTA, l'anémie et l'altération de la concentration urinaire sont fréquentes lorsque l'insuffisance rénale se développe.

Les douleurs de l'hypochondre avec hématurie et l'élimination d'une papille rénale (provoquant une obstruction des voies urinaires hautes) sont des signes de nécrose papillaire qui se manifestent tardivement au cours de la maladie.

Des douleurs musculosquelettiques, des céphalées, une sensation de malaise et des dyspepsies, chroniques, peuvent être liés à l'utilisation prolongée des antalgiques plutôt qu'à la néphropathie aux analgésiques.

Diagnostic de la néphropathie aux analgésiques

  • Antécédents d'utilisation chronique d'analgésiques

  • TDM

Le diagnostic de néphropathie aux analgésiques repose sur les antécédents d'utilisation chronique d'analgésiques et sur la TDM sans injection de produit de contraste. Les signes de néphropathie aux analgésiques sont les suivants:

  • Diminution de la taille du rein

  • Contours bosselés, définis par au moins 3 indentations du contour, qui est normalement convexe, du rein

  • Calcifications papillaires

L'association de ces symptômes a une sensibilité de 87% et une spécificité de 97% pour le diagnostic précoce (1), mais ces niveaux de spécificité et de sensibilité sont basés sur des études réalisées lorsque l'utilisation de la phénacétine contenant des antalgiques était très répandue.

Référence pour le diagnostic

  1. 1. Elseviers MM, De Schepper A, Corthouts R, et al: High diagnostic performance of CT scan for analgesic nephropathy in patients with incipient to severe renal failure. Kidney Int 48(4):1316-1323, 1995. doi: 10.1038/ki.1995.416

Traitement de la néphropathie aux analgésiques

  • Arrêt de l'utilisation des analgésiques

La fonction rénale se stabilise lorsque les antalgiques sont arrêtés, sauf si la lésion rénale est avancée, auquel cas elle peut évoluer en maladie rénale chronique. Les patients qui ont une néphropathie aux analgésiques sont plus à risque de carcinomes à cellules transitionnelles de l'appareil urinaire.

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