Cancer de l’estomac

ParMinhhuyen Nguyen, MD, Fox Chase Cancer Center, Temple University
Revue/Révision complète oct. 2023
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Les faits en bref
  • Une infection à Helicobacter pylori constitue un facteur de risque majeur de cancer de l’estomac.

  • Une douleur abdominale diffuse, une perte de poids et une faiblesse font partie des symptômes typiques.

  • Le diagnostic inclut l’endoscopie et une biopsie.

  • Une intervention chirurgicale est réalisée pour éliminer le cancer ou soulager les symptômes.

  • Le taux de survie est faible, car le cancer a tendance à se propager rapidement vers d’autres sites.

Près de 95 % des cancers de l’estomac sont des adénocarcinomes. Ils se développent à partir des cellules glandulaires de la muqueuse gastrique.

Dans le monde, le cancer de l’estomac est le deuxième cancer le plus fréquent. Il est nettement plus fréquent au Japon, en Chine, au Chili et en Islande. Dans ces nations, les programmes de dépistage constituent une méthode importante de détection précoce.

Pour des raisons inconnues, il semble que l’incidence de l’adénocarcinome de l’estomac tende à diminuer aux États-Unis. En 2023, on estime que le cancer de l’estomac touchera 26 500 personnes et qu’il causera 11 130 décès, ce qui fait du cancer de l’estomac le 16e cancer le plus fréquemment diagnostiqué et la 17e cause de décès lié au cancer aux États-Unis.

Aux États-Unis, le cancer de l’estomac est plus fréquent chez les populations noires, hispaniques et amérindiennes. Avec l’âge, le risque de développer un cancer de l’estomac augmente : plus de 75 % des personnes sont âgées de plus de 50 ans.

Types rares de cancer de l’estomac

Le lymphome est un cancer du système lymphatique. Il peut se développer à l’intérieur de l’estomac. On pense que l’infection à Helicobacter pylori, qui est une cause d’ulcère gastrique, joue un rôle dans le développement de certains lymphomes gastriques. Les personnes atteintes d’un lymphome gastrique qui ont une infection active à H. pylori sont traitées par des antibiotiques, tandis que les autres font l’objet d’une radiothérapie. La chirurgie et la chimiothérapie sont utilisées moins souvent. Le lymphome gastrique répond mieux au traitement que l’adénocarcinome. Une survie prolongée, voire une guérison, est possible.

Le léiomyosarcome (cancer des cellules musculaires lisses) peut se développer dans la paroi de l’estomac. Cette affection est également appelée tumeur à cellules fusiformes. Elle se traite idéalement par chirurgie. Lorsque le cancer a diffusé (métastasé) à d’autres régions de l’organisme au moment du diagnostic, la chimiothérapie permet souvent d’augmenter la survie. Le médicament de chimiothérapie imatinib s’est révélé efficace dans le traitement des léiomyosarcomes inopérables.

Des tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) peuvent se développer dans l’estomac. Ces tumeurs sont retirées chirurgicalement ou traitées avec des médicaments de chimiothérapie (voir Traitement des GIST).

Facteurs de risque de cancer de l’estomac

L’adénocarcinome de l’estomac débute souvent sur un site d’inflammation de la muqueuse de l’estomac. Une infection à Helicobacter pylori constitue un facteur de risque de certains cancers de l’estomac, car elle provoque une inflammation de l’estomac.

La gastrite atrophique auto-immune est un facteur de risque de cancer de l’estomac.

Les polypes de l’estomac peuvent devenir cancéreux (malins) et sont donc retirés. Si les polypes sont constitués de cellules glandulaires (polypes adénomateux) ou si la dimension du polype est supérieure à 2 cm, la probabilité de développer un adénocarcinome de l’estomac est particulièrement élevée.

Les personnes qui présentent certaines mutations génétiques sont également exposées à un risque. Le cancer gastrique héréditaire diffus est une maladie héréditaire rare qui augmente le risque de développer un cancer de l’estomac. Il est causé par une mutation dans un gène particulier. Les personnes touchées développent généralement un cancer de l’estomac à un âge précoce (âge moyen de 38 ans). Les femmes touchées présentent également un risque élevé de développer un cancer des glandes mammaires qui produisent le lait maternel (carcinome lobulaire). Les personnes qui ont eu un cancer de l’estomac, un carcinome lobulaire, ou les deux, ou qui ont plusieurs membres de leur famille qui ont eu ces cancers doivent se faire conseiller et faire l’objet d’un dépistage génétique, en particulier si elles ont été diagnostiquées avant l’âge de 50 ans. D’autres maladies héréditaires pouvant accroître le risque de cancer de l’estomac comprennent la polypose adénomateuse familiale, le syndrome de Lynch, la polypose adénomateuse juvénile et le syndrome de Peutz-Jeghers.

Dans le passé, on a cru que le développement de l’adénocarcinome gastrique reposait en partie sur certains facteurs alimentaires favorisants. Les facteurs en cause étaient une forte consommation de sel, d’hydrate de carbone, l’utilisation de conservateurs nitrés (souvent présents dans les aliments fumés) associés à une alimentation pauvre en fruits et en légumes crus. Bien qu’aucun de ces facteurs ne se soit révélé être une cause, un lien direct entre la consommation de viandes transformées et le cancer de l’estomac a été signalé.

Le tabagisme est un facteur de risque de cancer de l’estomac. Les personnes qui fument peuvent ne pas répondre aussi bien au traitement.

Symptômes du cancer de l’estomac

Dans les stades précoces, les symptômes de cancer de l’estomac sont vagues et souvent négligés. Les symptômes précoces peuvent faire évoquer un ulcère gastroduodénal avec une douleur abdominale de type brûlure. C’est pourquoi, si la symptomatologie de l’ulcère gastroduodénal ne régresse pas sous traitement anti-ulcéreux, un cancer de l’estomac doit être suspecté.

Plus tard, le patient peut également avoir une sensation de plénitude gastrique postprandiale après un repas léger (satiété précoce). La perte de poids et une fatigabilité sont la conséquence des troubles alimentaires induits par le cancer, interférant avec les capacités de digestion et d’absorption des vitamines et minéraux. L’anémie, responsable d’une fatigue chronique, d’une sensation de faiblesse et de vertiges, est provoquée par un saignement chronique et se surajoute aux autres symptômes, liés à la malabsorption de vitamine B12 (vitamine nécessaire à la formation des globules rouges) ou de fer (minéral nécessaire à la formation des globules rouges) due à la carence en acidité gastrique. Plus rarement, le patient peut vomir une grande quantité de sang (hématémèse) ou présenter des selles noires et goudronneuses (méléna). Si le cancer est déjà à un stade avancé, le médecin peut à l’examen clinique percevoir une masse en palpant l’abdomen.

Même aux stades précoces, un petit adénocarcinome peut se propager (métastaser) vers des sites distants. La diffusion de la tumeur peut entraîner une hypertrophie du foie, une coloration anormale jaunâtre de la peau et du blanc des yeux (jaunisse), une accumulation de liquide et une distension de la cavité abdominale (ascite), ainsi qu’un gonflement des ganglions lymphatiques. L’essaimage métastatique du cancer gastrique peut même atteindre le squelette et provoquer des fractures osseuses pathologiques.

Diagnostic du cancer de l’estomac

  • Endoscopie et biopsie

  • Tomodensitométrie (TDM)

  • Échographie endoscopique

L’endoscopie (observation par une sonde souple à fibres optiques permettant de visualiser l’intérieur du tube digestif) constitue la meilleure méthode diagnostique. Elle permet de visualiser directement l’intérieur de l’estomac et de prélever des échantillons de tissu (biopsie) en vue d’un examen au microscope à la recherche de la présence d’Helicobacter pylori.

Cancer de l’estomac
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Cette image montre un ulcère dans l’estomac (flèche). Après une biopsie, les médecins ont déterminé qu’il s’agissait d’un adénocarcinome.
Image fournie par le Dr David M. Martin.

Si l’on décèle un cancer, les patients effectuent habituellement une TDM du thorax et de l’abdomen pour déterminer l’étendue de la dissémination de la tumeur aux autres organes. Si la TDM ne montre pas de dissémination, les médecins réalisent en général une échographie endoscopique (qui permet une visualisation plus nette de la muqueuse digestive, car la sonde est placée à l’extrémité de l’endoscope) pour déterminer la profondeur de la tumeur et l’atteinte des ganglions lymphatiques adjacents.

Des analyses de sang standards sont réalisées, notamment une numération formule sanguine, des analyses des électrolytes, des tests hépatiques et une mesure du taux d’antigène carcinoembryonnaire, un marqueur de cancer (un taux anormal peut être un signe de cancer).

Traitement du cancer de l’estomac

  • Chirurgie

  • Parfois, chimiothérapie ou association de chimiothérapie et de radiothérapie (radiochimiothérapie)

Si le cancer ne s’est pas propagé au-delà de l’estomac, une intervention chirurgicale est généralement réalisée pour essayer de le soigner. L’ablation de la totalité de la tumeur gastrique avant la diffusion métastatique est le seul espoir réel de guérison. La gastrectomie, idéalement, doit être totale, et un curage ganglionnaire complet (ablation des ganglions lymphatiques pouvant être envahis par les cellules métastatiques) doit être effectué simultanément.

Si la tumeur est déjà métastatique, la chirurgie n’est pas curative, mais elle offre la possibilité de soulager les symptômes. En effet, en cas d’obstruction complète du passage des aliments, une dérivation chirurgicale permet de rétablir la continuité entre l’estomac et l’intestin grêle, autorisant ainsi la réalimentation. Ce rétablissement de continuité du circuit alimentaire permet de lever l’obstruction, de diminuer la douleur provoquée par la stase et de faire disparaître les vomissements pendant un certain temps.

Selon le cancer, certaines personnes reçoivent une chimiothérapie ou une radiochimiothérapie avant ou après l’intervention chirurgicale.

Les personnes qui ne font pas l’objet d’une intervention chirurgicale reçoivent une chimiothérapie ou une radiochimiothérapie. La chimiothérapie ou la radiochimiothérapie peuvent contribuer à soulager les symptômes, mais n’augmentent pas vraiment le taux de survie.

L’immunothérapie stimule la capacité du système immunitaire à combattre le cancer. Les médicaments d’immunothérapie, comme le pembrolizumab, peuvent être utilisés chez les personnes atteintes d’un cancer de l’estomac avancé ou qui s’est propagé (métastasé) et qui est positif aux anticorps anti-PD-L1. Le nivolumab est un autre médicament d’immunothérapie disponible en dehors des États-Unis pour les personnes atteintes d’un cancer de l’estomac avancé. Ces dernières années, la chimiothérapie a été associée aux médicaments d’immunothérapie trastuzumab et ramucirumab pour traiter les personnes atteintes d’un cancer avancé.

Pronostic du cancer de l’estomac

Moins de 5 à 15 % des sujets qui souffrent d’un adénocarcinome de l’estomac survivent plus de 5 ans. Le cancer a tendance à se propager rapidement à d’autres sites, et la plupart des personnes présentent un cancer à un stade avancé au moment du diagnostic.

Le pronostic n’est favorable que si la tumeur ne pénètre pas trop en profondeur dans l’épaisseur de la paroi gastrique. Dans ce cas, jusqu’à 80 % des patients peuvent survivre pendant 5 ans. Toutefois, aux États-Unis, les résultats de la chirurgie sont souvent médiocres à cause du retard diagnostique et parce que, dans la grande majorité des cas, la tumeur est déjà métastatique lors du diagnostic.

Au Japon, où le cancer de l’estomac est relativement fréquent, les programmes de dépistage de masse, organisés par les services de la santé publique, permettent une identification relativement précoce qui permet la réalisation d’un geste curateur.

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