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Hypophosphatémie

Par

James L. Lewis III

, MD, Brookwood Baptist Health and Saint Vincent’s Ascension Health, Birmingham

Examen médical sept. 2021 | Modifié oct. 2021
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L'hypophosphatémie correspond à un phosphate sérique (phosphate) < 2,5 mg/dL (0,81 mmol/L). Les causes peuvent être l'alcoolisme, les brûlures, le jeûne et les diurétiques. Les signes cliniques comprennent une faiblesse musculaire, une insuffisance respiratoire et une insuffisance cardiaque; des convulsions et le coma peuvent se produire. Le diagnostic repose sur la concentration sérique du phosphate. Le traitement consiste en un supplément de phosphate.

Une hypophosphatémie est observée chez 2% des patients hospitalisés mais est plus fréquente dans certaines populations (p. ex., ainsi, elle peut atteindre 10% des patients alcooliques hospitalisés).

Étiologie de l'hypophosphatémie

L'hypophosphatémie a de nombreuses causes, mais l'hypophosphatémie cliniquement importante survient dans relativement peu de situations cliniques, dont les suivantes:

Une hypophosphatémie aiguë avec des taux plasmatiques de phosphate < 1 mg/dL (< 0,32 mmol/L) est le plus souvent induite par des mouvements transcellulaires du phosphate, compliquant souvent une perte chronique de phosphate.

L'hypophosphatémie chronique provient généralement d'une réabsorption rénale diminuée du phosphate. Les étiologies sont les suivantes:

L'hypophosphatémie chronique grave est habituellement induite par un bilan négatif prolongé du phosphate. Les causes comprennent

  • Des états de jeûne ou de malabsorption chroniques, souvent chez le patient alcoolique, en particulier s'ils sont associés à des vomissements ou à des diarrhées profuses

  • L'ingestion au long cours de grandes quantités d'aluminium chélateur du phosphate, généralement sous forme d'antiacides

Les patients présentant une maladie rénale chronique Maladie rénale chronique La maladie rénale chronique est une détérioration ancienne et progressive de la fonction rénale. Les symptômes se développent lentement et aux stades avancés comprennent une anorexie, des nausées... en apprendre davantage Maladie rénale chronique à un stade avancé (en particulier ceux sous dialyse) prennent souvent des chélateurs du phosphate pendant les repas pour réduire l'absorption du phosphate alimentaire. L'utilisation prolongée de ces liants peut provoquer une hypophosphatémie, particulier lorsqu'ils sont associés à une importante réduction de l'apport alimentaire en phosphate.

Symptomatologie de l'hypophosphatémie

Bien que l'hypophosphatémie soit habituellement asymptomatique, dans la déplétion chronique grave, on peut observer une anorexie, une faiblesse musculaire et une ostéomalacie. Des troubles neuromusculaires importants peuvent survenir, dont une encéphalopathie évolutive, le coma et la mort. La faiblesse musculaire de l'hypophosphatémie marquée peut être accompagnée de rhabdomyolyse, spécialement au cours de l'intoxication aiguë alcoolique.

Les troubles hématologiques typiques de l'hypophosphatémie profonde comprennent une anémie hémolytique, une réduction de la libération de l'oxygène par l'hémoglobine et une altération des fonctions leucocytaires et plaquettaires.

Diagnostic de l'hypophosphatémie

  • Niveaux de phosphate sérique

L'hypophosphatémie est diagnostiquée au vue d'une concentration sérique en phosphate < 2,5 mg/dL (< 0,81 mmol/L).

Cependant, la plupart des étiologies d'hypophosphatémie (p. ex., acidocétose diabétique, brûlures, réalimentation) sont d'emblée apparentes. Des examens complémentaires diagnostiques de recherche de la cause sont effectués lorsque cela est cliniquement indiqué (p. ex., bilan hépatique évocateur ou signes de cirrhose chez les patients suspects d'alcoolisme).

Traitement de l'hypophosphatémie

  • Traiter le trouble sous-jacent

  • Compensation du phosphate oral

  • Phosphate IV lorsque le phosphate sérique est < 1 mg/dL (< 0,32 mmol/L) ou en cas de symptômes graves

Traitement oral

Le traitement de l'affection sous-jacente et la compensation orale du phosphate sont habituellement suffisants chez les patients asymptomatiques, même lorsque le taux plasmatique est très bas. Du phosphate peut être administré à des doses allant jusqu'à environ 1 g par voie orale 3 fois/jour dans des comprimés contenant du phosphate de sodium ou de potassium. Le phosphate de sodium ou de potassium par voie orale est généralement mal toléré du fait des diarrhées qu'il provoque. L'ingestion d'1 L de lait écrémé ou partiellement écrémé procure 1 g de phosphate et peut être mieux tolérée. Si possible, il est préférable de supprimer la cause de l'hypophosphatémie comme l'arrêt des antiacides fixant le phosphate ou les diurétiques ou de corriger l'hypomagnésémie.

Traitement parentéral

Le phosphate parentéral est habituellement administré IV. Il doit être administré dans chacune des situations suivantes:

L'administration IV de phosphate de potassium (sous forme de tampon de K2HPO4 et de KH2PO4) est relativement sûre lorsque la fonction rénale est bien préservée. Le phosphate de potassium parentéral contient 93 mg (3 mmol) de phosphore et 170 mg (4,4 mEq ou 4,4 mmol) de potassium par mL. La dose habituelle est de 0,5 mmol de phosphore/kg (0,17 mL/kg) IV pendant 6 heures. Les patients alcooliques peuvent demander 1 g/jour en nutrition parentérale totale; le supplément de phosphate est suspendu quand on rétablit l'alimentation orale.

Si les patients ont une insuffisance rénale ou un potassium sérique > 4 mEq/L (> 4 mmol/L), les préparations de phosphate de sodium doivent généralement être utilisées; ces préparations contiennent également 3 mmol/mL de phosphore et sont donc administrées à la même dose.

La calcémie et les taux de phosphate doivent être souvent contrôlés pendant le traitement, en particulier si le phosphate est administré IV ou à des patients présentant une fonction rénale diminuée. Dans la plupart des cas, pas plus de 7 mg/kg (environ 500 mg pour un adulte de 70 kg) de phosphate ne doivent être administrés en 6 heures. Une surveillance étroite est effectuée et des vitesses d'administration plus rapides de phosphate doivent être évitées pour prévenir une hypocalcémie Hypocalcémie L'hypocalcémie représente la concentration plasmatique totale de calcium < 8,8 mg/dL (< 2,20 mmol/L) en présence d'une concentration normale des protéines plasmatiques ou d'un calcium... en apprendre davantage , une hyperphosphatémie Hyperphosphatémie Une hyperphosphatémie correspond à un phosphate sérique > 4,5 mg/dL (> 1,46 mmol/L). Les causes comprennent une maladie rénale chronique, une hypoparathyroïdie et une acidose métabolique... en apprendre davantage , et des calcifications métastatiques excessives, en raison d'un produit calcium × phosphate trop élevé.

Points clés

  • L'hypophosphatémie aiguë survient le plus souvent en cas d'alcoolisme, de brûlures ou de jeûne.

  • L'hypophosphatémie aiguë sévère peut causer des troubles neuromusculaires graves, une rhabdomyolyse, des convulsions, un coma et la mort.

  • L'hypophosphatémie chronique peut être due à des troubles hormonaux (p. ex., hyperparathyroïdie, syndrome de Cushing, hypothyroïdie), la prise chronique de diurétiques ou d'antiacides contenant de l'aluminium en cas de maladie rénale chronique.

  • L'hypophosphatémie est généralement asymptomatique, mais une déplétion chronique sévère peut causer une anorexie, une faiblesse musculaire, et une ostéomalacie.

  • Traiter le trouble sous-jacent, mais certains patients ont besoin d'un remplacement oral ou rarement IV du phosphate.

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