L'exhibitionnisme se caractérise par l'obtention d'une excitation sexuelle par l'exposition des organes génitaux, habituellement à une personne inconnue non consentante. Cela peut être également un puissant désir d'être observé par d'autres personnes pendant l'activité sexuelle. Le trouble exhibitionniste consiste à agir du fait de ces pulsions sur une personne non consentante ou d'éprouver une profonde détresse ou un déficit fonctionnel en raison de ces pulsions et impulsions.
L'exhibitionnisme est une forme de paraphilie, mais la plupart des exhibitionnistes ne répondent pas aux critères cliniques d'un trouble paraphilique, lesquels exigent que le comportement, les fantasmes ou les désirs intenses d'une personne se traduisent par une souffrance cliniquement significative ou une altération fonctionnelle, ou causent un préjudice à autrui (ce qui, dans l'exhibitionnisme, comprend le fait d'agir sur une personne non consentante). La pathologie doit également avoir été présente pendant ≥ 6 mois pour que le diagnostic puisse être posé.
Bien que la véritable prévalence soit difficile à établir, la prévalence estimée chez les hommes peut atteindre 8% (1, 2); la prévalence semble être plus faible chez les femmes (3 à 6%). Sur la base d'études autodéclarées portant sur les cibles (aussi appelées victimes), dont la majorité sont des femmes, entre 30 et 59% des personnes ont été victimes d'actes d'exhibitionnisme au cours de leur vie. Peu de femmes sont diagnostiquées ou accusées pénalement d'un trouble exhibitionniste. Thomas et al (3) suggèrent que les différences entre les sexes en matière de socio-sexualité peuvent y contribuer.
L'exhibitionniste (habituellement un homme) peut se masturber alors qu'il s'exhibe ou en s'imaginant qu'il s'exhibe. Il peut être conscient de son besoin de surprendre, de scandaliser ou d'impressionner le spectateur involontaire. La cible est presque toujours une femme adulte ou un enfant de l'un ou l'autre sexe. Le contact sexuel réel est rarement recherché, et le témoin involontaire est rarement agressé physiquement. Pour certaines personnes, l'exhibitionnisme s'exprime par un fort désir que les autres regardent leurs ébats sexuels. Ce qui séduit de telles personnes ne consiste pas tant à surprendre un public, mais plutôt à être observé par un public consentant. La personne qui présente une compulsion de cette forme d'exhibitionnisme peut faire des films pornographiques ou devenir actrice de show pour adultes. Ils éprouvent rarement une détresse ou une déficience due à ce désir et peuvent donc ne pas avoir de trouble psychiatrique.
Le début est habituellement pendant l'adolescence; parfois, le premier acte survient dans un plus large éventail d'âges allant de la pré-adolescence à l'âge moyen.
Environ 30% des délinquants sexuels de sexe masculin appréhendés sont des exhibitionnistes (4). La grande majorité des personnes atteintes d'exhibitionnisme ne passent pas à l'acte (c'est-à-dire qu'elles n'adoptent pas de comportements sexuels physiquement agressifs) (5).
Bien que de nombreux exhibitionnistes soient mariés, leur mariage est souvent entaché d'une mauvaise adaptation sociale et sexuelle, notamment de troubles fréquents de la sexualité (voir Fonction et dysfonctionnement sexuels masculins et Fonction et dysfonctionnement sexuels féminins).
Les exhibitionnistes peuvent également avoir un trouble de personnalité (habituellement antisociale) ou un trouble des conduites (6).
Références générales
1. Långström N, Seto MC. Exhibitionistic and voyeuristic behavior in a Swedish national population survey. Arch Sex Behav. 35(4):427-435, 2006. doi: 10.1007/s10508-006-9042-6
2. Dominguez SF, Jeglic EL, Calkins C, Kaylor L. Frotteurism and exhibitionism: an updated examination of their prevalence, impact on victims, and frequency of reporting. J Sex Aggression. 2024;1–18. https://doi.org/10.1080/13552600.2024.2352403
3. Thomas AG, Stone B, Bennett P, et al. Sex differences in voyeuristic and exhibitionistic interests: Exploring the mediating roles of sociosexuality and sexual compulsivity from an evolutionary perspective. Arch Sexual Behav. 50:215102162, 2021. doi: 10.1007/s10508-021-01991-0
4. Bader SM, Schoeneman-Morris KA, Scalora MJ, Casady TK. Exhibitionism: findings from a Midwestern police contact sample. Int J Offender Ther Comp Criminol. 2008;52(3):270-279. doi:10.1177/0306624X07307122
5. Páv M, Sebalo I, Brichcín S, Perkins D. Outcome Evaluation of a Treatment Program for Men with Paraphilic Disorders Convicted of Sexual Offenses: 10-Year Community Follow-up. Int J Offender Ther Comp Criminol. 2025;69(10-11):1370-1386. doi:10.1177/0306624X231165416
6. Grant JE. Clinical characteristics and psychiatric comorbidity in males with exhibitionism. J Clin Psychiatry. 66(11):1367-1371, 2005. doi: 10.4088/jcp.v66n1104.
Diagnostic du trouble exhibitionniste
Bilan psychiatrique
Les critères cliniques du diagnostic du trouble exhibitionniste du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th edition, Text Revision (DSM-5-TR) comprennent ce qui suit (1):
Les patients ressentent une excitation sexuelle récurrente et intense lors de l'exposition de leurs organes génitaux à une personne qui ne s'y attend pas, qui se manifeste par des fantasmes, des pulsions ou des comportements.
Les patients ont agi selon leurs pulsions sexuelles avec une personne non consentante, ou bien ces pulsions ou fantasmes sexuels provoquent une détresse cliniquement significative ou une altération des domaines sociaux, professionnels ou d'autres domaines importants du fonctionnement.
La pathologie a été présente pendant ≥ 6 mois.
Lors du diagnostic, le médecin doit préciser si le patient est sexuellement excité en exposant ses organes génitaux à des enfants prépubères et/ou à des individus physiquement matures.
Référence pour le diagnostic
1. American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders. 5th ed, Text Revision. American Psychiatric Association Publishing; 2022:783-788.
Traitement du trouble exhibitionniste
Psychothérapie et groupes de soutien
Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
Parfois d'autres médicaments (principalement des antiandrogènes, rarement du bupropion)
Lorsque la loi est violée, conférant un statut de délinquant sexuel, la prise en charge thérapeutique débute habituellement par la psychothérapie, la participation à des groupes de soutien et par la prescription d'inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (1, 2). Il existe au moins un rapport documentant l'efficacité du bupropion chez un patient qui ne répondait pas aux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (3).
Si les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine sont inefficaces et que le trouble est sévère, les médicaments qui réduisent les taux de testostérone et par conséquent réduisent la libido doivent être envisagés. Ces médicaments sont considérés comme des anti-androgènes, bien que les médicaments les plus couramment utilisés ne bloquent pas réellement les effets de la testostérone. Ces médicaments comprennent la gonadolibérine (GnRH) (p. ex., le leuprolide) et l'acétate de médroxyprogestérone; tous deux diminuent la production hypophysaire de l'hormone lutéinisante (LH) et de l'hormone folliculo-stimulante (FSH). Un consentement éclairé complet et une surveillance appropriée de la fonction hépatique et des taux de testostérone sérique sont nécessaires.
Des taux de récidive allant jusqu'à environ 40% ont été rapportés (4). L'efficacité du traitement est contrôlée par l'auto-évaluation, la pléthysmographie pénienne et les dossiers d'arrestation.
Références pour le traitement
1. Garcia FD, Thibaut F. Current concepts in the pharmacotherapy of paraphilias. Drugs. 71(6):771-790, 2011. doi: 10.2165/11585490-000000000-00000
2. Thibaut F. Pharmacological treatment of paraphilias. Isr J Psychiatry Relat Sci 49(4):297-305, 2012. Isr J Psychiatry Relat Sci. 2012;49(4):297-305. PMID: 23585467
3. Vayısoğlu S. Symptoms of exhibitionism that regress with bupropion: A case report. Front Psychiatry. 2023;13:1079863. doi:10.3389/fpsyt.2022.1079863
4. Firestone P, Kingston DA, Wexler A, et al. Long-term follow-up of exhibitionists: psychological, phallometric, and offense characteristics, J Am Acad Psychiatry Law. 34(3):349-359, 2006. PMID: 17032959
Points clés
La plupart des sujets qui ont un comportement exhibitionniste ne répondent pas aux critères cliniques d'un trouble exhibitionniste.
Jusqu'à 30% des délinquants sexuels de sexe masculin appréhendés sont des exhibitionnistes; les délits sexuels récidivent souvent.
Diagnostiquer un trouble exhibitionniste seulement si la maladie est présente depuis ≥ 6 mois et si les patients ont agi selon leurs pulsions sexuelles avec une personne non consentante ou si leur comportement leur cause une détresse cliniquement significative ou altère leur fonctionnement.
Beaucoup de personnes qui ont des comportements exhibitionnistes ne recherchent pas de traitement; traiter les patients qui ont commis une infraction sexuelle, d'abord par une psychothérapie et des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine; si un traitement supplémentaire est nécessaire et si un consentement éclairé est obtenu, traiter par des médicaments anti-androgènes.
