L’urticaire se caractérise par des tuméfactions rouges, prurigineuses, légèrement surélevées. Les démangeaisons peuvent être sévères. L’urticaire a des contours nets et peut avoir un centre plus pâle. Généralement, les lésions d’urticaire sont fugaces. Une tache peut persister pendant plusieurs heures, puis disparaître. D’autres peuvent apparaître ailleurs plus tard. Après disparition de l’urticaire, la peau apparaît absolument normale. Le gonflement est généré par la libération de substances chimiques (comme l’histamine) dans les mastocytes cutanés, ce qui entraîne une diffusion de liquide hors des petits vaisseaux sanguins, temporairement.
(Voir aussi Prurit.)
Angiœdème
L’urticaire peut être associée à un angiœdème qui, comme l’urticaire, entraîne un gonflement des tissus. Cependant, le gonflement lié à l’angiœdème se trouve sous la peau et non pas à sa surface. Parfois, l’angiœdème touche le visage, les lèvres, la gorge, la langue et les voies aériennes. Il peut présenter un risque vital si le gonflement interfère avec la respiration.
Causes
L’urticaire et l’angiœdème sont souvent des réactions allergiques.
L’urticaire peut survenir lorsque certains produits chimiques sont inhalés, consommés, injectés ou touchés. Ces produits chimiques peuvent être présents dans l’environnement, les aliments, les médicaments, les insectes, les plantes ou d’autres sources. Ils sont inoffensifs pour la plupart des personnes. Mais si les personnes y sont sensibles, ces produits chimiques (appelés déclencheurs ou allergènes) peuvent provoquer une réaction allergique. Cela signifie que le système immunitaire réagit de manière excessive aux produits chimiques.
Néanmoins, l’urticaire n’est pas toujours due à une réaction allergique. Par exemple, elle peut être liée à des pathologies auto-immunes. Dans ces dernières, le système immunitaire est déficient : il détecte les tissus de l’organisme comme étant des substances étrangères et les attaque. Par ailleurs, certains médicaments provoquent directement une urticaire sans déclencher de réaction allergique. Le stress émotionnel et certaines conditions physiques (comme la lumière ou la chaleur) peuvent provoquer une urticaire pour des raisons encore mal comprises.
L’urticaire dure généralement moins de 6 semaines et est considérée comme aiguë. Si elle dure plus de 6 semaines, elle est considérée comme chronique.
L’urticaire aiguë est le plus souvent due à des :
Les réactions allergiques sont souvent déclenchées par des aliments, en particulier, les œufs, le poisson, les fruits de mer, les noix et les fruits, ou par des piqûres d’insectes. Même l’ingestion de petites quantités d’aliments peut induire brusquement une urticaire. Cependant, pour d’autres aliments (comme les fraises), une telle réaction ne se manifeste qu’après l’ingestion de grandes quantités. De nombreux médicaments, en particulier les antibiotiques, peuvent provoquer une urticaire. Des réactions allergiques immédiates peuvent également survenir lorsqu’une substance entre en contact direct avec la peau (comme le latex), après une piqûre d’insecte ou en réaction à une substance inhalée dans les poumons ou par le nez.
Les étiologies non allergiques de l’urticaire incluent les infections, certains médicaments, des stimuli physiques (comme la pression ou le froid), certains stimuli émotionnels (comme le stress), et certains additifs alimentaires.
Dans la moitié des cas, même si l’urticaire aiguë a une cause spécifique, celle-ci ne peut être identifiée.
L’urticaire chronique est le plus souvent due à des :
Parfois, la cause passe facilement inaperçue, comme lorsque les personnes consomment de façon répétée un aliment non considéré comme déclencheur, comme un conservateur ou un colorant dans les aliments ou la pénicilline dans le lait. Souvent, malgré tous les efforts mis en œuvre, l’étiologie reste inconnue.
L’urticaire chronique peut durer des mois ou des années, puis disparaître sans raison apparente.
Évaluation
Chaque poussée d’urticaire ne nécessite pas forcément de consulter un médecin. Les informations suivantes peuvent aider les personnes à décider si une évaluation du médecin est nécessaire et à savoir comment se déroule un tel examen.
Signes avant-coureurs
Certains symptômes et caractéristiques sont préoccupants :
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Gonflement du visage, des lèvres, de la gorge, de la langue ou des voies respiratoires (angiœdème)
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Difficultés respiratoires et sifflements
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Urticaire très colorée, suivie d’ulcérations ou persistant pendant plus de 48 heures
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Fièvre, gonflement des ganglions lymphatiques, jaunisse, perte de poids et autres symptômes d’un trouble touchant tout l’organisme (systémique)
Quand consulter un médecin
Les personnes doivent appeler une ambulance si :
Les personnes doivent aller aux urgences ou au cabinet médical le plus tôt possible si :
Les personnes doivent consulter un médecin si :
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Une piqûre d’abeille déclenche l’urticaire (pour avoir des conseils sur le traitement à suivre en cas de piqûre d’abeille).
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Elles ont d’autres symptômes, comme fièvre, douleurs articulaires, perte de poids, gonflement des ganglions lymphatiques ou sueurs nocturnes.
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L’urticaire récidive sans nouvelle exposition au déclencheur.
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Les symptômes durent plus de 2 jours.
Si des enfants présentent une urticaire d’apparition soudaine, disparaissant rapidement, non récidivante, il est généralement inutile de consulter un médecin. La cause est souvent une infection virale.
Que fait le médecin
Les médecins posent des questions sur les symptômes et les antécédents médicaux. Le médecin réalise ensuite un examen clinique. Ce qu’il trouve au cours de l’examen des antécédents et de l’examen clinique suggère souvent une étiologie et les analyses qui doivent être effectuées ( Quelques causes et caractéristiques de l’urticaire).
Ils demandent aux personnes de décrire en détail chaque épisode d’urticaire, ainsi que tout autre symptôme (démangeaisons, difficulté à respirer ou gonflement du visage et de la langue). Ils interrogent les personnes sur leurs activités avant et pendant l’épisode, et sur d’éventuelles expositions à des substances pouvant déclencher des réactions allergiques, dont des médicaments. Les personnes décrivent les symptômes spécifiques qui pourraient suggérer une cause ( Quelques causes et caractéristiques de l’urticaire), des réactions allergiques passées et des voyages récents.
Le déclencheur n’est pas toujours évident d’après les antécédents, souvent parce qu’il était jusqu’à présent bien toléré.
Pendant l’examen clinique, les médecins commencent par vérifier si les lèvres, la langue, la gorge ou les voies respiratoires sont gonflées. En cas d’œdème, ils commencent immédiatement le traitement. Ensuite, les médecins notent l’aspect de l’urticaire, déterminent les parties du corps touchées et vérifient la présence d’autres symptômes pouvant permettre de confirmer le diagnostic. Les médecins peuvent utiliser différents stimuli physiques pour voir s’ils peuvent déclencher une urticaire. Ils peuvent, par exemple, appliquer une légère pression, de la chaleur ou du froid sur la peau ou porter un coup à la peau.
Les personnes ne doivent pas tenter de déclencher une urticaire, car cela pourrait provoquer une réaction grave.
Quelques causes et caractéristiques de l’urticaire
Cause |
Caractéristiques fréquentes* |
Examens |
Urticaire aiguë (pendant moins de 6 semaines) |
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Médicaments comme
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L’urticaire peut commencer dans les 48 heures suivant la prise du médicament |
Examen clinique |
Stimuli émotionnels ou physiques |
Pour la plupart des stimuli, urticaire commençant quelques secondes ou quelques minutes après le début de l’exposition au stimulus Pour la pression cutanée, l’urticaire commence dans les 4 à 6 heures et touche uniquement la zone cutanée ayant subi la pression Pour la lumière du soleil, l’urticaire peut affecter uniquement la zone de la peau exposée à la lumière du soleil |
Examen clinique Exposition au stimulus physique suspecté pour voir s’il déclenche des symptômes |
Aliments déclenchant une réaction allergique (allergènes alimentaires), comme les cacahuètes, les noix, le poisson, les fruits de mer, le blé, les œufs, le lait et le soja |
Urticaire commençant quelques minutes ou quelques heures après sa consommation |
Examen clinique, en particulier, antécédents médicaux Parfois, prick test cutané |
Infections (causes rares)
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Fièvre, frissons et fatigue Symptômes de l’infection Particulièrement pour les infections parasitaires, voyage récent dans un pays en voie de développement |
Analyses en fonction de l’infection suspectée (suggérée par les antécédents médicaux et les résultats de l’examen) Diagnostic confirmé si l’urticaire disparaît après élimination de l’infection |
Urticaire apparaissant dans les secondes ou les minutes qui suivent la piqûre |
Examen clinique, en particulier, antécédents médicaux |
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Maladie sérique |
Urticaire apparaissant dans les 7 à 10 jours suivant l’injection Peut s’accompagner de fièvre, de douleur articulaire, de gonflement des ganglions lymphatiques et de douleur abdominale |
Examen clinique |
Substances déclenchant une réaction allergique par contact (allergènes de contact), comme le latex, la salive ou les squames d’animal, la poussière, le pollen ou les moisissures |
Urticaire apparaissant en quelques minutes ou quelques heures après le contact |
Examen clinique, en particulier, antécédents médicaux Parfois, test d’allergie |
Réactions à une transfusion |
Urticaire apparaissant généralement quelques minutes après la transfusion d’un produit sanguin |
Examen clinique, en particulier, antécédents médicaux |
Urticaire chronique (durant plus de 6 semaines) |
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Maladies auto-immunes |
Différents symptômes dépendant de la pathologie auto-immune Pour le lupus érythémateux, les symptômes peuvent inclure fièvre, fatigue, céphalée, douleur et œdème articulaires, difficultés à respirer et ulcérations buccales Pour le syndrome de Sjögren, sécheresse oculaire et buccale Pour la vasculite urticarienne, urticaire qui |
Pour toutes les pathologies auto-immunes, tests sanguins pour vérifier la présence d’anticorps anormaux Parfois, biopsie cutanée Pour le syndrome de Sjögren, un test permettant d’estimer la quantité de larmes produites par les personnes Pour la vasculite urticarienne, biopsie cutanée |
Cancer, généralement du système digestif ou des poumons, ou lymphome |
Perte de poids, sueurs nocturnes, douleur abdominale, toux (parfois sanglante), jaunisse, gonflement des ganglions lymphatiques ou association de ces symptômes |
Différents tests en fonction du cancer suspecté |
Urticaire idiopathique chronique (diagnostiquée lorsqu’aucune cause spécifique n’est identifiée) |
Urticaire apparaissant au quotidien (ou presque chaque jour), avec des démangeaisons, et qui dure pendant au moins 6 semaines, sans cause évidente |
Examen clinique Analyses de sang et parfois autres examens, comme des prick tests cutanés et une exposition à différents allergènes, pour écarter d’autres causes |
Médicaments (les mêmes que pour l’urticaire aiguë) |
Urticaire affectant les personnes qui prennent un médicament prescrit sur ordonnance, en vente libre ou phytothérapeutique depuis longtemps sans autre élément pouvant expliquer l’urticaire |
Examen clinique Parfois, test d’allergie Éviction pour déterminer si l’urticaire disparaît après l’arrêt du traitement |
Stimuli émotionnels ou physiques (les mêmes que pour l’urticaire aiguë) |
Pour la plupart des stimuli, urticaire apparaissant généralement quelques secondes ou quelques minutes après l’exposition au stimulus Pour la pression cutanée, l’urticaire commence dans les 4 à 6 heures et touche uniquement la zone cutanée ayant subi la pression Pour la lumière du soleil, l’urticaire peut affecter uniquement la zone de la peau exposée à la lumière du soleil |
Examen clinique Exposition au stimulus suspecté pour voir s’il déclenche des symptômes |
Anomalies endocriniennes comme des troubles de la thyroïde ou un taux élevé de progestérone (hormone féminine) |
Pour les troubles de la thyroïde, difficulté à supporter la chaleur ou le froid, et frissons ou indolence Touche les femmes sous contraceptif oral ou traitement hormonal à base de progestérone ou présentant une urticaire juste avant leurs règles, qui disparaît à la fin des règles |
Examen clinique Si un trouble de la thyroïde est suspecté, analyse de sang pour mesurer l’hormone folliculo-stimulante |
Petites papules rouges qui se transforment en urticaire au toucher Parfois, douleur abdominale, rougeurs spontanées et céphalées récidivantes |
Biopsie cutanée et parfois biopsie de la moelle osseuse Parfois, analyses de sang pour mesurer les taux de substances libérées lorsque certaines cellules immunitaires (mastocytes) sont activées |
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* Les caractéristiques comprennent les symptômes et les résultats de l’examen médical. Les caractéristiques mentionnées sont typiques, mais ne sont pas toujours présentes. |
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VIH = virus de l’immunodéficience humaine |
Examens
Généralement, aucune analyse n’est nécessaire pour une simple poussée d’urticaire, sauf si les symptômes suggèrent un trouble spécifique nécessitant un traitement (comme certaines infections). Mais si l’urticaire possède des caractéristiques inhabituelles, récidive ou persiste, on effectue des analyses.
En général, les analyses incluent une numération sanguine complète et des analyses de sang pour mesurer les taux d’électrolytes, la glycémie et l’hormone folliculo-stimulante et afin de déterminer si les reins et le foie fonctionnent normalement.
Des tests cutanés, comme un prick test cutané, sont effectués par un allergologue (un spécialiste des troubles allergiques) pour identifier les allergènes spécifiques. Une imagerie et d’autres analyses de sang sont effectuées en fonction des antécédents médicaux et de l’examen clinique. Si les résultats suggèrent que l’étiologie est un trouble systémique, une évaluation approfondie est nécessaire pour identifier la cause.
Une biopsie cutanée est effectuée si le diagnostic n’est pas clair ou si l’urticaire dure plus de 48 heures.
Traitement
L’urticaire disparaît souvent spontanément après un ou deux jours. Si l’étiologie est évidente ou si les médecins identifient une étiologie, les personnes doivent éviter l’élément incriminé. Si la cause n’est pas évidente, les personnes doivent suspendre la prise de tout médicament non indispensable, jusqu’à la disparition de l’urticaire.
Bains et douches à l’eau froide, ne pas se gratter, porter des vêtements amples peuvent permettre de soulager les symptômes.
Médicaments
Les antihistaminiques oraux sont utilisés dans l’urticaire. Ces médicaments soulagent partiellement les démangeaisons et réduisent le gonflement. Pour être efficaces, ils doivent être pris régulièrement et pas uniquement de façon ponctuelle. Plusieurs antihistaminiques, dont la cétirizine, la diphénhydramine et la loratadine, sont disponibles sans ordonnance. La diphénhydramine est un médicament plus ancien, qui présente plus de risques de somnolence que les deux autres. D’autres antihistaminiques incluent la desloratidine, la fexofénadine, l’hydroxyzine et la lévocétirizine. Les crèmes et lotions antihistaminiques ne sont pas utilisées parce qu’elles pourraient rendre la peau sensible et aggraver les démangeaisons.
Si les symptômes sont graves et si d’autres traitements sont inefficaces, des corticoïdes, comme la prednisone, administrés par voie orale, sont utilisés. Ils sont administrés le moins longtemps possible. Lorsque les corticoïdes sont pris par voie orale pendant plus de 3 ou 4 semaines, ils peuvent occasionner de nombreux effets secondaires, parfois graves ( Corticoïdes : Utilisations et effets secondaires). Les crèmes à base de corticoïdes n’aident pas.
De l’épinéphrine est administrée aux personnes qui présentent des réactions sévères ou un angiœdème, qui sont ensuite hospitalisées. Les personnes qui présentent ces réactions sévères doivent toujours avoir sur elles un auto-injecteur d’épinéphrine et l’utiliser immédiatement en cas de réaction.
Chez la moitié des personnes environ, l’urticaire chronique disparaît en l’absence de traitement dans les 2 ans. Chez certains adultes, la doxépine, un antidépresseur et un puissant antihistaminique, contribue à soulager l’urticaire chronique. L’omalizumab, un anticorps monoclonal, peut être utilisé chez les personnes dont l’urticaire chronique persiste malgré les autres traitements.
Aspects essentiels concernant les personnes âgées
Les personnes âgées ont plus de risques de présenter des effets secondaires lorsqu’elles prennent les antihistaminiques plus anciens (comme l’hydroxyzine et la diphénhydramine). Outre la somnolence, ces médicaments peuvent provoquer confusion et délire. Les personnes peuvent également avoir des difficultés à uriner. En général, les personnes âgées ne doivent pas prendre ces médicaments pour une urticaire.
Points clés
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L’urticaire peut être une réaction allergique ou toute autre chose.
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Si l’urticaire dure depuis moins de 6 semaines, l’étiologie est généralement une réaction allergique à une substance spécifique, une infection aiguë ou une réaction non allergique à une substance spécifique.
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Si l’urticaire dure depuis plus de 6 semaines, l’étiologie ne peut généralement pas être identifiée (urticaire idiopathique) ou il s’agit d’une pathologie auto-immune.
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Les personnes doivent appeler une ambulance si elles ont des difficultés à respirer ou l’impression d’avoir la gorge serrée.
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Les personnes présentant des symptômes légers doivent éviter les déclencheurs connus ou suspectés et peuvent prendre des antihistaminiques pour soulager les symptômes.
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Les personnes qui présentent des réactions sévères doivent toujours avoir sur elles un auto-injecteur d’épinéphrine et l’utiliser immédiatement en cas de réaction.
Médicaments mentionnés dans cet article
Nom générique | Sélectionner les dénominations commerciales |
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Succinylcholine |
ANECTINE, QUELICIN |
hydroxyzine |
VISTARIL |
omalizumab |
XOLAIR |
prednisone |
RAYOS |
loratadine |
ALAVERT, CLARITIN |