(Voir aussi Revue générale des syndromes néphrotiques Revue générale des syndromes néphrotiques Le syndrome néphrotique correspond à l'excrétion de protéine > 3 g/jour du fait d'une glomérulonéphrite associée à un œdème et une hypoalbuminémie. Il est plus fréquent chez l'enfant et a... en apprendre davantage .)
La glomérulonéphrite membranoproliférative correspond à un groupe de troubles immunitaires caractérisés histologiquement par un épaississement de la membrane basale glomérulaire (MBG) et des modifications prolifératives sur la microscopie optique. Il en existe 3 types, chacun pouvant avoir une cause primitive (idiopathique) ou secondaire. Les formes primitives touchent l'enfant et le jeune adulte entre 8 et 30 ans et représentent 10% des syndromes néphrotiques chez l'enfant; alors que les formes secondaires ont tendance à toucher l'adulte de > 30 ans. L'homme est autant touché que la femme. Les cas familiaux de types particuliers suggèrent que des facteurs génétiques sont impliqués, au moins dans certains cas. De nombreux facteurs contribuent à l'hypocomplémentémie.
Glomérulonéphrite membranoproliférative, type I
Le type I (prolifération mésangiale avec dépôts immuns) représente 80 à 85% des cas. La forme idiopathique est rare. Le type I est le plus souvent consécutif à l'un des troubles suivants:
Trouble immunitaire complexe systémique (p. ex., lupus érythémateux disséminé Lupus érythémateux disséminé Le lupus érythémateux disséminé est une maladie chronique, multisystémique, inflammatoire, d'étiologie auto-immune, survenant surtout chez la femme jeune. Les manifestations les plus fréquentes... en apprendre davantage
, cryoglobulinémie mixte, syndrome de Sjögren Syndrome de Sjögren Le syndrome de Sjögren est une maladie chronique assez fréquente, auto-immune, systémique, de cause inconnue. Il est caractérisé par la sécheresse de la bouche, des yeux et d'autres muqueuses... en apprendre davantage
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Infections chroniques (p. ex., endocardite bactérienne Endocardite infectieuse L'endocardite infectieuse est une infection de l'endocarde, habituellement due à des bactéries (habituellement streptocoques ou staphylocoques) ou à des champignons. Elle peut entraîner de la... en apprendre davantage
, infection par le VIH Infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) L'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est due à 1 de 2 rétrovirus similaires (VIH-1 et VIH-2) qui détruisent les lymphocytes CD4+ et perturbent le fonctionnement de l'immunité... en apprendre davantage
, hépatites B ou C Causes de l'hépatite L'hépatite est un processus inflammatoire du foie caractérisé par une nécrose hépatocellulaire diffuse ou focale. L'hépatite peut être aiguë ou chronique (généralement définie par une durée... en apprendre davantage , abcès viscéral, infection de shunt auriculoventriculaire)
Cancer (p. ex., leucémie lymphoïde chronique Leucémie lymphoïde chronique (LLC) La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est caractérisée par une accumulation progressive de lymphocytes B malins phénotypiquement matures. Les sites primaires de la maladie comprennent le sang... en apprendre davantage , lymphomes Revue générale des lymphomes Les lymphomes représentent un groupe hétérogène de tumeurs affectant les systèmes réticulo-endothélial et lymphoïde. Les principaux types sont Lymphome d'Hodgkin Lymphome non hodgkinien Voir... en apprendre davantage , mélanome Mélanome Le mélanome malin se développe à partir des mélanocytes présents au sein d'une zone pigmentée (p. ex., peau, muqueuses, yeux ou système nerveux central). Le risque de métastases est corrélé... en apprendre davantage
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Autres troubles (p. ex., lipodystrophie partielle, déficits en C2 ou C3, sarcoïdose Sarcoïdose La sarcoïdose est une maladie inflammatoire caractérisée par une infiltration d’un ou plusieurs organes et tissus par des granulomes sans nécrose caséeuse; l'étiologie en est inconnue. Les poumons... en apprendre davantage
, microangiopathies thrombotiques)
Maladie à dépôts denses (glomérulonéphrite membranoproliférative de type II)
Le type II (semblable au type I avec moins de prolifération mésangiale et avec des dépôts denses dans la membrane basale glomérulaire) représente 15 à 20% des cas. Il s'agit probablement d'une maladie auto-immune dans laquelle un auto-anticorps IgG (facteur néphritique C3) lie le pro-activateur de C3, rendant le C3 résistant à l'inactivation; l'immunofluorescence permet d'identifier C3 autour des dépôts denses et dans le mésangium.
Glomérulonéphrite membranoproliférative, type III
On pense que le type III est une affection comparable au type I et ne représente que quelques cas. La cause est inconnue, mais peut être liée aux dépôts de complexes immuns (IgG, C3). Un auto-anticorps IgG dirigé contre la fraction terminale du complément est retrouvé chez 70% des patients. Des dépôts sous-épithéliaux peuvent être observés localement et apparaissent à l'origine de ruptures de la membrane basale glomérulaire.
Symptomatologie
La symptomatologie est celle du syndrome néphrotique Symptomatologie Le syndrome néphrotique correspond à l'excrétion de protéine > 3 g/jour du fait d'une glomérulonéphrite associée à un œdème et une hypoalbuminémie. Il est plus fréquent chez l'enfant et a... en apprendre davantage dans 60 à 80% des cas. La symptomatologie du syndrome néphritique Glomérulonéphrite aiguë Le syndrome néphritique est défini par une hématurie, divers degrés de protéinurie, habituellement des globules rouges dysmorphiques et souvent des cylindres de globules rouges à l'examen microscopique... en apprendre davantage (glomérulonéphrite aiguë) est inaugurale dans 15 à 20% des cas de glomérulonéphrite de type I et III, et dans un pourcentage plus élevé de maladie de type II. Lors du diagnostic, 30% des patients souffrent d' HTA Hypertension On définit l'HTA comme une élévation prolongée de la pression artérielle au repos, systolique (≥ 130 mmHg) et/ou diastolique (≥ 80 mmHg). L’HTA sans cause connue (primitive; précédemment nommée... en apprendre davantage et 20% ont une insuffisance rénale; l'HTA apparaît souvent avant même que le taux de filtration glomérulaire ne diminue.
Le patient atteint de maladie de type II présente plus fréquemment des anomalies oculaires (petites tâches sous la rétine ou drusen, altérations diffuses de l'épithélium pigmentaire, décollement maculaire disciforme, néovascularisation choroïdienne), qui diminuent à terme l'acuité visuelle.
Diagnostic
Biopsie rénale
Profil du complément sérique
Tests sérologiques
Le diagnostic est confirmé par la biopsie rénale Biopsie rénale La biopsie des voies urinaires nécessite un spécialiste qualifié (néphrologue, urologue ou radiologue interventionnel). Les indications de biopsie diagnostique comprennent un syndrome néphritique... en apprendre davantage . L'emplacement des dépôts de complexes immuns peut permettre de différencier les différents types; généralement sous-endothélial et mésangial dans le type I, intra-membraneux dans le type II, et sous-épithélial dans le type III. D'autres tests sont effectués.
Les profils du complément sérique sont plus souvent anormaux au cours de la glomérulonéphrite membranoproliférative qu'au cours d'autres maladies glomérulaires et sont des éléments diagnostiques (voir tableau Profils du complément sérique dans la glomérulonéphrite membranoproliférative Profils du complément sérique dans la glomérulonéphrite membranoproliférative ). Les taux de C3 sont souvent bas. Dans la maladie de type I, la voie classique du complément est activée et les taux de C3 et de C4 diminuent. Le C3 peut être plus souvent diminué que le C4 lors du diagnostic et diminue davantage au cours de l'évolution de la maladie, mais finit par se normaliser. Dans la maladie de type II, la voie alterne du complément est activée et C3 est plus fréquemment et sévèrement réduit que dans le type I alors que les taux de C4 sont normaux. Dans la maladie de type III, le C3 est abaissé mais le C4 est normal. Le facteur néphritique C3 est décelable chez 80% des patients atteints d'un type II et chez certains patients présentant le type I de la maladie. Le facteur néphritique de la voie alterne du complément est décelable dans 20% des types I, dans de rares cas de type II et dans 70% des cas du type III de la maladie.
Les tests sérologiques (p. ex., à la recherche d'un lupus érythémateux disséminé Diagnostic Le lupus érythémateux disséminé est une maladie chronique, multisystémique, inflammatoire, d'étiologie auto-immune, survenant surtout chez la femme jeune. Les manifestations les plus fréquentes... en apprendre davantage , des virus de l'hépatite B et C Sérologie L'hépatite virale aiguë est une inflammation diffuse du foie engendrée par des virus hépatotropes spécifiques qui ont des caractéristiques épidémiologiques et des modes de transmission divers... en apprendre davantage et d'une cryoglobulinémie) permettent d'identifier les étiologies secondaires de la maladie de type I.
La NFS, souvent réalisée au cours du bilan diagnostique, révèle une anémie normochrome-normocytaire, souvent disproportionnée par rapport au stade de l'insuffisance rénale (probablement du fait de l'hémolyse) et une thrombopénie provenant de la consommation de plaquettes.
Pronostic
Le pronostic est favorable si une maladie responsable de glomérulonéphrite membranoproliférative secondaire peut être traitée avec succès. La glomérulonéphrite membranoproliférative idiopathique de type I évolue souvent lentement; le type II évolue plus rapidement. En général, le pronostic à long terme est défavorable. Le stade terminal de l'insuffisance rénale Maladie rénale chronique La maladie rénale chronique est une détérioration ancienne et progressive de la fonction rénale. Les symptômes se développent lentement et aux stades avancés comprennent une anorexie, des nausées... en apprendre davantage se produit dans 50% des cas après 10 ans d'évolution et dans 90% des cas après 20 ans. Une rémission spontanée est observée dans < 5% des cas pour le type II. Une glomérulonéphrite membranoproliférative de type I récidive dans 30% des cas après transplantation rénale Transplantation rénale La transplantation rénale est le type de transplantation d'organe (solide) le plus fréquent. (Voir aussi Revue générale des transplantations.) L'indication principale en faveur de la transplantation... en apprendre davantage ; le type II récidive dans 90% des cas, mais malgré ce fort taux de récidive, la perte du greffon est rare. Le pronostic tend à être plus défavorable si la protéinurie est de type néphrotique.
Traitement
Corticostéroïdes chez l'enfant qui présente une protéinurie de type néphrotique
Dipyridamole et aspirine chez l'adulte
Transplantation rénale en cas de maladie rénale en phase terminale Maladie rénale chronique La maladie rénale chronique est une détérioration ancienne et progressive de la fonction rénale. Les symptômes se développent lentement et aux stades avancés comprennent une anorexie, des nausées... en apprendre davantage
Les troubles sous-jacents sont traités lorsque cela est possible. Un traitement spécifique n'est probablement pas indiqué en cas de protéinurie de type non néphrotique car cela évoquer une progression lente.
Parmi les enfants qui ont une protéinurie dans la gamme néphrotique, le traitement par des corticostéroïdes (p. ex., prednisone 2,5 mg/kg par voie orale 1 fois/jour 1 jour/2 [maximum 80 mg/jour]) pendant 1 an, suivi d'une réduction à une dose d'entretien de 20 mg 1 jour/2 pendant 3 à 10 ans, peut stabiliser la fonction rénale. Cependant, la corticothérapie peut retarder la croissance et entraîner une HTA Hypertension On définit l'HTA comme une élévation prolongée de la pression artérielle au repos, systolique (≥ 130 mmHg) et/ou diastolique (≥ 80 mmHg). L’HTA sans cause connue (primitive; précédemment nommée... en apprendre davantage .
Chez l'adulte, le dipyridamole 225 mg par voie orale 1 fois/jour associé à l'aspirine 975 mg par voie orale 1 fois/jour pendant 1 an peut stabiliser la fonction rénale à 3 à 5 ans, mais à 10 ans, il n'existe aucune différence avec le placebo. Les études portant sur le traitement antiplaquettaire donnent des résultats variables.
Les thérapies alternatives sont parfois substituées aux traitements habituels (p. ex., les corticostéroïdes pourraient exacerber une hépatite C Hépatite C, chronique L'hépatite C est une cause fréquente de l'hépatite chronique. Il est souvent asymptomatique jusqu'à ce que des manifestations de la maladie hépatique chronique se produisent. Le diagnostic est... en apprendre davantage sous-jacente). Les autres traitements comprennent l'interféron alpha 2a ou 2b pégylé (associé à la ribavirine si la clairance de la créatinine est > 50 mL/min) en cas de maladie liée au virus de l'hépatite C et des échanges plasmatiques associés à des corticostéroïdes en cas de cryoglobulinémie concomitante sévère ou de glomérulonéphrite rapidement progressive Glomérulonéphrite rapidement progressive Une glomérulonéphrite rapidement progressive est un syndrome néphritique aigu généralement accompagnée d'une formation visible en microscopie optique de croissants glomérulaires avec évolution... en apprendre davantage . Les inhibiteurs de l'ECA peuvent diminuer la protéinurie et contrôler l'hypertension.
Points clés
La glomérulonéphrite membranoproliférative est un groupe de troubles à médiation immunitaire avec certaines caractéristiques histologiques courantes.
Les patients présentent le plus souvent un syndrome néphrotique, mais ils peuvent présenter un syndrome néphritique.
Confirmer le diagnostic par une biopsie rénale et obtenir un profil du complément sérique et des tests sérologiques.
Traiter les enfants qui ont une protéinurie de niveau néphrotique par des corticostéroïdes.