Les polypes nasaux sont des proliférations excessives de la muqueuse nasale, qui se forment à partir d'un œdème déclive dans la lamina propria de la muqueuse, habituellement autour de l'ostium des sinus maxillaires (plus précisément de l'ethmoïde antérieur).
Un polype nasal est une excroissance molle, charnue et translucide qui se produit le long de la muqueuse des voies nasales ou des sinus. Ces excroissances se développent principalement en raison d'une inflammation chronique. La prévalence des polypes nasaux varie de 0,5 à 2,5% dans les études de différents pays, avec une légère prédominance masculine (1, 2, 3).
Références
1. We J, Lee WH, Tan KL, et al. Prevalence of nasal polyps and its risk factors: Korean National Health and Nutrition Examination Survey 2009-2011. Am J Rhinol Allergy. 2015;29(1):e24-e28. doi:10.2500/ajra.2015.29.4131
2. Sanchez-Collado I, Mora T, Munoz-Cano R, Ribo P, et al. Prevalence of Chronic Rhinosinusitis with Nasal Polyps in Catalonia (Spain): a retrospective, large-scale population-based study. Rhinology. 2022;60(5):384-396. doi:10.4193/Rhin21.364
3. Campion NJ, Kohler R, Ristl R, et al. Prevalence and Symptom Burden of Nasal Polyps in a Large Austrian Population. J Allergy Clin Immunol Pract. 2021;9(11):4117-4129.e2. doi:10.1016/j.jaip.2021.06.037
Étiologie des polypes nasaux
La rhinite allergique, les infections aiguës et chroniques (en particulier la rhinosinusite chronique), et la mucoviscidose prédisposent toutes à la formation de polypes nasaux. Les polypes hémorragiques surviennent dans le cadre des infections fongiques allergiques du nez et des sinus paranasaux comme la rhinosporidiose. Les polypes nasaux peuvent également être observés chez les patients atteints de granulomatose éosinophilique avec polyangéite et de dyskinésie ciliaire primaire. Tout polype ou polypose unilatérale peut être associé ou être une tumeur bénigne ou maligne de la fosse nasale et/ou des sinus paranasaux. Ils peuvent également survenir en réaction à la présence d'un corps étranger. Les polypes nasaux sont fortement associés à:
Allergie à l'aspirine
Rhinite allergique
Symptomatologie des polypes nasaux
Les symptômes des polypes nasaux comprennent l'obstruction nasale et l'écoulement postnasal, la congestion, les éternuements, la rhinorrhée, la pression faciale et le prurit oculaire. L'anosmie et l'hyposmie sont des signes typiques et doivent immédiatement faire suspecter des polypes nasaux.
En raison de l'obstruction nasale, les patients peuvent avoir des difficultés à dormir, entraînant une qualité de vie dégradée. Un ronflement peut survenir en raison de l'obstruction du flux d'air nasal.
Diagnostic des polypes nasaux
Principalement l'anamnèse et l'examen clinique (spéculum nasal ou rhinoscopie)
Parfois, imagerie (TDM, IRM)
Parfois, histopathologie (biopsie)
Le diagnostic des polypes nasaux est généralement basé sur la visualisation directe des polypes suspectés à l'examen physique. L'examen au spéculum nasal est typiquement la première méthode utilisée. Si des polypes plus profonds sont suspectés, ou si le vestibule nasal est étroit, une endoscopie (rhinoscopie) peut être effectuée. La rhinoscopie antérieure est considérée comme la référence pour le diagnostic des polypes nasaux. Un polype en développement apparaît blanc nacré, translucide et en forme de larme; à maturité, il ressemble à un grain de raisin pelé sans pépin.
Les examens d'imagerie (TDM, IRM) peuvent être nécessaires dans certains cas, particulièrement pour évaluer l'étendue de l'atteinte. Les TDM sont utiles pour évaluer la sévérité d'une maladie, particulièrement quand elle ne répond pas au traitement médical ou pour la planification chirurgicale. En raison de leur association fréquente avec la sinusite chronique, les TDM aident également à évaluer l'atteinte sinusienne, les structures osseuses du nez, des sinus paranasaux et de la base du crâne. L'IRM est utilisée, bien que rarement, pour distinguer entre les polypes et autres masses sinonasales et pour évaluer l'étendue de l'atteinte des tissus mous.
Parfois, les polypes sinusiens internes ne sont visibles qu'à l'imagerie.
L'examen histopathologique est rarement nécessaire pour le diagnostic; cependant, il peut être essentiel pour les polypes unilatéraux afin d'exclure la possibilité de tumeurs. La présence d'éosinophiles dans les échantillons tissulaires (plus de 10 cellules par champ à fort grossissement) peut indiquer une étiologie allergique ou fongique (p. ex., aspergillose) et une chance plus élevée de récurrence.
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Traitement des polypes nasaux
Glucocorticoïdes locaux en spray
Parfois, les thérapies biologiques
Parfois, exérèse chirurgicale
La première ligne thérapeutique consiste généralement en des glucocorticoïdes intranasaux (p. ex., fluticasone, mométasone, béclométhasone, flunisolide), administrés en 1 ou 2 pulvérisations 2 fois/jour dans chaque cavité nasale; ceux-ci peuvent réduire ou même éliminer les polypes plus petits, de même qu'un cycle d'1 semaine de glucocorticoïdes par voie orale administrés à doses décroissantes (1). Des dispositifs de délivrance spécialisés avec des évents doubles dans les cavités orale et nasale sont disponibles pour une délivrance plus efficace des glucocorticoïdes intranasaux (2).
Chez les patients atteints de polypes bilatéraux ou de rhinosinusite chronique sévère avec polypes nasaux, les produits biologiques (p. ex., omalizumab, dupilumab, mepolizumab, benralizumab) ont été efficaces en réduisant les polypes et en améliorant les symptômes (2, 3, 4). Le dupilumab et le mépolizumab semblent également améliorer les mesures de qualité de vie (5). En général, ces thérapies biologiques ciblées présentent des profils de sécurité favorables.
Lorsque la prise en charge médicale est inefficace, l'ablation chirurgicale des polypes nasaux peut être nécessaire. La chirurgie est indiquée en cas de polypes obstructifs bilatéraux avec difficultés d'avoir une respiration nasale et/ou de surinfection (rhinosinusite) ainsi qu'en cas de polypes unilatéraux qui peuvent masquer une tumeur bénigne ou maligne.
Les polypes ont tendance à récidiver, à moins que l'allergie, l'infection ou autre processus inflammatoire sous-jacent ne soit contrôlé. Après exérèse des polypes, un traitement par glucocorticoïdes nasaux permet de prévenir la récidive. Dans les cas sévères et récidivants, une méatotomie maxillaire et/ou une ethmoïdectomie peuvent être indiquées. Ces procédures sont généralement effectuées par voie endoscopique.
Références pour le traitement
1. Hopkins C. Chronic Rhinosinusitis with Nasal Polyps. N Engl J Med. 2019;381(1):55-63. doi:10.1056/NEJMcp1800215
2. Leopold DA, Elkayam D, Messina JC, et al. NAVIGATE II: Randomized, double-blind trial of the exhalation delivery system with fluticasone for nasal polyposis. J Allergy Clin Immunol. 2019;143(1):126-134.e5. doi:10.1016/j.jaci.2018.06.010
3. Cai S, Xu S, Zhao Y, et al. Efficacy and Safety of Biologics for Chronic Rhinosinusitis With Nasal Polyps: A Meta-Analysis of Real-World Evidence. Allergy. Published online February 22, 2025. doi:10.1111/all.16499
4. Bachert C, Han JK, Desrosiers M, et al. Efficacy and safety of dupilumab in patients with severe chronic rhinosinusitis with nasal polyps (LIBERTY NP SINUS-24 and LIBERTY NP SINUS-52): results from two multicentre, randomised, double-blind, placebo-controlled, parallel-group phase 3 trials [published correction appears in Lancet. 394(10209):1618, 2019]. Lancet.394(10209):1638–1650, 2019. doi:10.1016/S0140-6736(19)31881-1
5. Chong LY, Piromchai P, Sharp S, et al. Biologics for chronic rhinosinusitis. Cochrane Database Syst Rev. 2021;3(3):CD013513. Published 2021 Mar 12. doi:10.1002/14651858.CD013513.pub3

