Douleur de membre

ParAndrea D. Thompson, MD, PhD, University of Michigan;
Michael J. Shea, MD, Michigan Medicine at the University of Michigan
Vérifié/Révisé juil. 2022
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La douleur au niveau du membre peut affecter la totalité ou une partie d'une extrémité (pour la douleur articulaire, voir Douleur dans et autour d'une seule articulation et Douleur dans plusieurs articulations). La douleur peut être constante ou intermittente, et sans rapport avec le mouvement ou elle peut être déclenchée par ce dernier. La symptomatologie d'accompagnement suggère souvent une source.

Étiologie des douleurs des membres

Les causes les plus fréquentes de douleur d'un membre sont également facilement apparentes à l'anamnèse.

  • Lésions musculosquelettiques et surutilisation

Cet exposé traite des douleurs extra-articulaires des membres liées à des blessures ou à des entorses. La douleur qui se situe exclusivement au niveau d'une articulation ou de plusieurs articulations est abordée ailleurs.

Les causes sont nombreuses (voir tableau Certaines causes de douleur non traumatique des membres) mais les plus fréquentes sont les suivantes:

Les causes rares mais graves qui nécessitent un diagnostic et un traitement immédiats comprennent

Tableau

Évaluation d'une douleur des membres

Il est important d'exclure une occlusion artérielle aiguë.

Anamnèse

L'anamnèse de la maladie actuelle doit prendre en compte la durée, l'intensité, la localisation, la qualité et l'évolution temporelle de la douleur. Une blessure récente, un usage excessif et/ou inhabituel et les facteurs qui aggravent la douleur (p. ex., mouvements des membres, marche) et qui soulagent la douleur (p. ex., le repos, certaines positions) doivent être notés. Tout symptôme neurologique associé (p. ex., engourdissement, paresthésies) doit être identifié.

La revue des systèmes doit rechercher des symptômes de causes possibles, dont des douleurs du dos ou du cou (radiculopathie), une fièvre (infections telles qu'une ostéomyélite, une cellulite, ou une infection des tissus mous profonds), une dyspnée (thrombose veineuse profonde avec embolie pulmonaire, infarctus du myocarde), et des douleurs ou une transpiration thoracique (ischémie myocardique).

La recherche des antécédents médicaux doit porter sur les facteurs de risque connus, dont le cancer (tumeurs osseuses métastatiques); les troubles (infections) ou médicaments immunodéprimants; les états d'hypercoagulabilité (thrombose veineuse profonde); le diabète; les maladies vasculaires périphériques, l'hypercholestérolémie et/ou l'hypertension (ischémie aiguë ou chronique); l'arthrose ou la polyarthrite rhumatoïde (radiculopathies); et les antécédents de blessures (syndrome douloureux régional complexe). L'anamnèse sociale et familiale doit rechercher des antécédents familiaux de maladie vasculaire précoce et de tabagisme (ischémie des membres ou myocardique) et une utilisation de drogues illicite par voie parentérale (infections).

Examen clinique

Les signes vitaux sont examinés à la recherche d'une fièvre (en faveur d'une infection) et d'une tachycardie et/ou d'une tachypnée (compatible avec une thrombose veineuse profonde avec embolie pulmonaire, un infarctus du myocarde, et une infection avec sepsis).

Le membre douloureux est inspecté pour évaluer sa couleur, la présence d'œdème, et toutes les modifications de la peau ou des poils, et une palpation des pouls, de la température, de la douleur, et une crépitation (une sensation de craquement subtile indiquant la présence de gaz dans les tissus mous). La force, la sensibilité et les réflexes tendineux des côtés affectés et non affectés sont comparés. La pression artérielle systolique est mesurée à la cheville de l'extrémité touchée et comparée à la pression artérielle systolique d'un bras; le rapport entre les deux est l'indice de pression systolique.

Signes d'alarme

  • Douleur soudaine, sévère

  • Signes d'ischémie aiguë (p. ex., froideur, pâleur, déficits des pouls, recharge capillaire retardée)

  • Dyspnée, douleurs thoracique, et/ou transpiration

  • Signes d'intoxication systémique (p. ex., confusion, tachycardie, choc, pâleur)

  • Crépitation, tension, écoulements nauséabonds, bulles, nécrose

  • Facteurs de risque de thrombose veineuse profonde

  • Déficits neurologiques

Interprétation des signes

Il peut être utile de classer les patients par acuité des symptômes puis d'affiner davantage le diagnostic différentiel en se basant sur la présence ou l'absence de signes d'

  • Ischémie

  • Inflammation

  • Anomalies neurologiques

Une douleur soudaine et sévère suggère une ischémie aiguë ou radiculopathie aiguë (p. ex., en raison d'une hernie discale soudaine). Une ischémie aiguë provoque des douleurs généralisées des membres et se manifeste par des pouls faibles ou absents, un remplissage capillaire retardé (≥ 2 secondes ou, en cas de symptômes unilatéraux, plus long que du côté opposé), une froideur, et une pâleur; l'index cheville-bras est typiquement < 0,3. Ces signes vasculaires sont absents en cas de radiculopathie, dans laquelle la douleur a une distribution en dermatome et est souvent accompagnée de douleurs dorsales ou du cou et diminue les réflexes ostéotendineux. Cependant, dans les deux cas, une faiblesse peut être présente. L'ischémie aiguë due à une thrombose veineuse massive (phlegmasia cerulea dolens) provoque généralement un œdème, qui n'est pas présent dans l'ischémie due à une occlusion artérielle.

Dans la douleur subaiguë (c'est-à-dire, durant de 1 à quelques jours), une rougeur et une douleur, souvent accompagnées d'un gonflement, et/ou d'une chaleur, suggèrent une cause inflammatoire. Si ces signes sont focaux ou circonscrits, il est probable qu'il s'agisse d'une cellulite. Un gonflement circonférentiel et généralisé est plus évocateur de thrombose veineuse profonde ou, beaucoup moins souvent, d'infection des tissus profonds. Les patients qui ont une infection des tissus profonds apparaissent généralement très malades et peuvent avoir des ampoules, des nécroses, ou une crépitation. Les signes de thrombose veineuse profonde sont très variables; l'œdème et la chaleur peuvent être minimes voire inexistants. Des signes neurologiques de faiblesse, des paresthésies, et/ou des anomalies sensorielles suggèrent une radiculopathie ou une plexopathie. Si les signes neurologiques correspondent à un dermatome, une radiculopathie est le diagnostic le plus probable.

La douleur chronique peut être difficile à diagnostiquer. Si des signes neurologiques sont présents, les causes comprennent une radiculopathie (dermatome), une plexopathie (distribution du plexus), une neuropathie (distribution en chaussette ou en gant), et un syndrome de douleur régionale complexe (distribution variable). Un syndrome douloureux régional complexe doit être suspecté si des troubles vasomoteurs (p. ex., pâleur, marbrures, froideur) sont présents, en particulier en cas de blessure antérieure de l'extrémité touchée. Le syndrome de douleur myofasciale ne provoque pas d'anomalies neurovasculaires et se présente classiquement par une bande palpable tendue de muscle dans la zone douloureuse, et la douleur peut être reproduite par pression sur un point de déclenchement proche mais ne recouvrant pas la zone de la douleur. S'il n'y a quasiment aucune donnée clinique, un cancer et une ostéomyélite doivent être envisagés, en particulier chez le sujet qui a des facteurs de risque.

Une douleur intermittente survenant régulièrement à un niveau donné d'effort (p. ex., chaque fois que la distance de marche est > 3 pâtés de maison) qui est soulagée par quelques minutes de repos est en faveur d'une maladie artérielle périphérique. Ces patients ont généralement un indice de pression artérielle (PA) cheville-bras ≤ 0,9; un indice ≤ 0,4 indique une maladie grave. Cependant, la rigidité artérielle peut produire des valeurs faussement négatives de l'indice cheville-bras. Les artères des orteils étant moins susceptibles de se rigidifier, l'indice de pression artérielle orteil-bras peut plutôt être mesuré en cas de suspicion de maladie artérielle périphérique ainsi que chez les patients dont les artères situées au niveau de la cheville ne sont probablement pas compressibles (p. ex., diabète ou vieillissement avancés). Les patients présentant des symptômes à l'effort et un index de pression artérielle cheville-bras normal ou limite (> 0,9 mais < 1,40) doivent subir une nouvelle mesure de l'indice de pression artérielle cheville-bras après un exercice sur tapis roulant. En cas de maladie artérielle périphérique, des anomalies chroniques de la peau sont possibles (p. ex., atrophie, perte des poils, couleur pâle, ulcération).

Examens complémentaires

La cellulite, la douleur myofasciale, la polynévrite douloureuse et le syndrome de douleur régionale complexe peuvent souvent être diagnostiqués cliniquement. Des examens (voir tableau Certaines causes de douleurs non traumatiques des membres) sont habituellement nécessaires pour d'autres causes suspectées de douleur.

Traitement de la douleur des membres

Le traitement primaire est dirigé contre la cause. Les antalgiques peuvent soulager les douleurs.

Points clés

  • Une ischémie aiguë des membres doit être évoquée chez les patients qui ont une douleur subite et sévère.

  • La présence ou l'absence de signes d'ischémie, d'inflammation et d'anomalies neurologiques, plus l'acuité de l'installation réduisent les diagnostics différentiels.

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