Conjonctivite virale

ParZeba A. Syed, MD, Wills Eye Hospital
Reviewed BySunir J. Garg, MD, FACS, Thomas Jefferson University
Vérifié/Révisé avr. 2025 | Modifié juin 2025
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La conjonctivite virale est une infection conjonctivale aiguë très contagieuse, habituellement causée par un adénovirus. Les symptômes comprennent une irritation, une photophobie et un écoulement aqueux. Le diagnostic est clinique; parfois des cultures virales ou des tests de diagnostic immunologique sont indiqués. L'infection est généralement auto-limitée, mais certains cas plus sévères nécessitent parfois des corticostéroïdes locaux.

Étiologie de la conjonctivite virale

La conjonctivite peut accompagner un rhume banal ou d'autres infections virales générales (en particulier la rougeole, mais également la varicelle, la rubéole, et les oreillons). La conjonctivite virale localisée sans manifestations systémiques est habituellement causée par des adénovirus (jusqu'à 90% des conjonctivites virales) et parfois par des entérovirus ou le virus herpes simplex (1,3 à 4,8% des conjonctivites virales) (1).

La kératoconjonctivite épidémique est une forme grave de conjonctivite virale qui est habituellement causée par les sérotypes d'adénovirus Ad 5, 8, 11, 13, 19 et 37. Les adénovirus peuvent également être identifiés par les génotypes. Le génotype HAdV-D est associé à la conjonctivite et HAdV-D53 et HAdV-D54 ont été associés à une kératoconjonctivite épidémique. La fièvre pharyngoconjonctivale est habituellement due aux sérotypes Ad 3, 4, et 7.

La survenue des épidémies de conjonctivite hémorragique aiguë, une forme rare de conjonctivite associée à une infection par l'entérovirus type 70, a été décrite en Afrique et en Asie. Les infections par le virus Ebola (associé à la fièvre hémorragique Ebola, très contagieuse et potentiellement mortelle) et par le SARS-CoV-2 (associé à l'infection COVID-19, très contagieuse et potentiellement mortelle) peuvent se manifester par une hyperémie conjonctivale bilatérale, un larmoiement et des symptômes systémiques (2). La prudence et les équipements de protection individuelle appropriés doivent être utilisés lors de l'examen des patients présentant une conjonctivite, des symptômes systémiques et un voyage à partir de régions à haut risque.

Références pour l'étiologie

  1. 1. Azari AA, Barney NP. Conjunctivitis: a systematic review of diagnosis and treatment [published correction appears in JAMA. 2014 Jan 1;311(1):95. Dosage error in article text]. JAMA. 2013;310(16):1721-1729. doi:10.1001/jama.2013.280318

  2. 2. Navel V, Chiambaretta F, Dutheil F. Haemorrhagic conjunctivitis with pseudomembranous related to SARS-CoV-2. Am J Ophthalmol Case Rep. 2020;19:100735. Published 2020 May 6. doi:10.1016/j.ajoc.2020.100735

Symptomatologie de la conjonctivite virale

Après une période d'incubation d'environ 5 à 12 jours, une hyperhémie conjonctivale, un larmoiement, des signes d'irritation apparaissent généralement dans un œil et s'étendent rapidement à l'autre. Des follicules peuvent être présents sur la conjonctive palpébrale. Un ganglion prétragien souvent gros et douloureux est noté.

La plupart des patients ont eu un contact avec une personne atteinte de conjonctivite et/ou d'une infection récente des voies respiratoires supérieures.

En cas de kératoconjonctivite épidémique par adénovirus, le patient peut présenter une photophobie et une sensation de corps étranger en raison de l'atteinte cornéenne. Un chémosis peut être présent. L'existence de sécrétions (fibrine et cellules inflammatoires) et/ou le retentissement sur la cornée peuvent troubler la vision. Même après la guérison de la conjonctivite, des opacités sous-épithéliales cornéennes résiduelles (multiples, en forme de pièce de monnaie, de 0,5 à 1,0 mm de diamètre) peuvent être visibles à la lampe à fente pendant une période allant jusqu'à 2 ans (1). Les opacités cornéennes peuvent parfois produire une baisse de vision et entraîner des phénomènes de halos et de scintillements.

Référence pour la symptomatologie

  1. 1. Jonas RA, Ung L, Rajaiya J, Chodosh J. Mystery eye: Human adenovirus and the enigma of epidemic keratoconjunctivitis. Prog Retin Eye Res. 2020;76:100826. doi:10.1016/j.preteyeres.2019.100826

Diagnostic de la conjonctivite virale

  • Examen oculaire

Le diagnostic de la conjonctivite et la différenciation entre la conjonctivite bactérienne, virale et non infectieuse (voir tableau Caractéristiques différenciantes de la conjonctivite aiguë) sont habituellement cliniques; cependant, la différenciation entre conjonctivite virale et bactérienne peut être imprécise car les symptômes peuvent se chevaucher. Des cultures spéciales de tissus sont nécessaires à la croissance du virus mais sont rarement indiquées. Les tests par amplification des acides nucléiques et d'autres tests diagnostiques immunologiques rapides qui peuvent être effectués au cabinet peuvent être particulièrement utiles lorsque l'inflammation est grave et que d'autres diagnostics (p. ex., cellulite orbitaire) doivent être exclus (1).

Plusieurs caractéristiques permettent de différencier les conjonctivites virales et bactériennes dont la purulence des sécrétions, la présence de lymphadénopathies pré-auriculaires, et, dans la kératoconjonctivite épidémique, le chémosis.

Tout patient qui présente une photophobie doit être examiné avec une lampe à fente, et un test à la fluorescéine. La kératoconjonctivite épidémique peut causer une kératite ponctuée superficielle, qui se colore avec la fluorescéine. La kératite à herpès simplex peut également être observée par coloration à la fluorescéine et examen à la lampe à fente.

L'infection bactérienne secondaire d'une conjonctivite virale est très rare. Cependant, si un signe quelconque suggère une conjonctivite bactérienne (p. ex., écoulement purulent), des mises en culture peuvent être indiquées.

Tableau
Tableau

Référence pour le diagnostic

  1. 1. Azari AA, Barney NP. Conjunctivitis: a systematic review of diagnosis and treatment [published correction appears in JAMA. 2014 Jan 1;311(1):95. Dosage error in article text]. JAMA. 2013;310(16):1721-1729. doi:10.1001/jama.2013.280318

Traitement de la conjonctivite virale

  • Mesures de support

La conjonctivite virale est très contagieuse et des précautions pour éviter la transmission doivent être suivies.

Les médecins prennent les précautions suivantes pour éviter de transmettre l'infection:

  • Utiliser un désinfectant pour les mains ou se laver les mains correctement (faire mousser sur la totalité des mains, se frotter les mains pendant 20 sec au moins, bien rincer et couper l'eau en utilisant une serviette en papier)

  • Désinfecter l'équipement après avoir examiné les patients

Les patients doivent faire ce qui suit:

  • Utiliser un désinfectant pour les mains et/ou se laver les mains après avoir touché leurs yeux ou leurs sécrétions nasales

  • Éviter de toucher l'œil non infecté après avoir touché l'œil infecté

  • Éviter de partager des serviettes ou des oreillers

  • Éviter de nager dans les piscines

Les sécrétions doivent être éliminées par des lavages oculaires appropriés, et les yeux ne doivent pas être occlus. Les petits enfants atteints de conjonctivite doivent rester à la maison, pour éviter la dissémination de l'infection à l'école.

La conjonctivite virale est spontanément résolutive et dure de 1 semaine dans les cas légers, jusqu'à 3 semaines dans les cas graves. Elle ne nécessite que des compresses froides pour soulager les symptômes. Cependant, les patients qui ont une photophobie sévère ou dont la vision est affectée peuvent tirer profit de corticostéroïdes topiques (p. ex., acétate de prednisolone à 1% en gouttes 4 fois/jour). Si des corticostéroïdes locaux sont prescrits, ils doivent l'être habituellement par un ophtalmologiste. La kératite herpétique doit être écartée en premier (par coloration à la fluorescéine et examen à la lampe à fente) parce que les corticostéroïdes peuvent l'aggraver. Les collyres topiques à la cyclosporine A sont globalement moins efficaces mais sont utiles si l'utilisation de gouttes de corticostéroïdes est limitée par des effets indésirables.

Dans les cas graves, les pseudomembranes conjonctivales doivent être enlevées à la lampe à fente pour réduire les risques de cicatrices conjonctivales et de formation de symblépharons.

Points clés

  • La plupart des conjonctivites virales sont des infections très contagieuses causées par des adénovirus ou des entérovirus.

  • Plusieurs caractéristiques permettent de différencier les conjonctivites virales et bactériennes dont la purulence des sécrétions, la présence de lymphadénopathies pré-auriculaires, et, dans la kératoconjonctivite épidémique, le chémosis.

  • Le diagnostic est habituellement clinique.

  • Le traitement consiste habituellement en des compresses froides et des mesures visant à prévenir l'extension.

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