La dénutrition peut se développer parce que les personnes ne peuvent pas obtenir ou préparer de la nourriture, parce qu’elles ont un trouble qui rend difficile l’ingestion ou l’absorption de nourriture, ou parce que leurs besoins en calories sont beaucoup plus élevés.
La dénutrition est souvent manifeste : les personnes ont un poids insuffisant, avec des os souvent saillants, une peau sèche manquant d’élasticité et des cheveux secs qui tombent facilement.
Les médecins peuvent généralement diagnostiquer la dénutrition d’après l’apparence d’une personne, sa taille, son poids et sa situation (y compris les informations concernant son alimentation et sa perte de poids).
Une personne dénutrie doit recevoir de la nourriture en quantité progressive, par voie orale si possible, mais parfois au moyen d’un tube passant dans la gorge et allant jusqu’à l’estomac, ou inséré dans une veine (par voie intraveineuse).
La dénutrition est généralement considérée comme un déficit primaire en calories (c’est-à-dire de la consommation globale de nourriture) ou en protéines. Les carences en vitamines Présentation des vitamines Les vitamines représentent un élément fondamental d’un régime sain. Les apports journaliers recommandés (AJR), qui sont les quantités journalières dont la plupart des personnes en bonne santé... en apprendre davantage et les carences en minéraux Présentation des minéraux Les minéraux sont nécessaires au fonctionnement normal des cellules de l’organisme. L’organisme a besoin de quantités assez importantes de Calcium Chlorure Magnésium Phosphate en apprendre davantage sont habituellement considérées comme des troubles distincts. Toutefois, en cas de déficit calorique, une carence en vitamines et en minéraux peut y être associée. La dénutrition, souvent utilisée de manière interchangeable avec la malnutrition, est en fait un type de malnutrition.
La malnutrition est un déséquilibre entre les nutriments dont l’organisme a besoin et les nutriments qu’il obtient. Ainsi, la malnutrition inclut également la suralimentation (une consommation excessive de calories ou d’un nutriment spécifique, tel que protéine, lipide, vitamine, minéral ou autre supplément alimentaire), en plus de la dénutrition.
Le nombre de personnes dénutries dans le monde augmente depuis 2014. Dans The State of Food Security and Nutrition in the World 2020, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture Organization, FAO) a indiqué que près de 690 millions de personnes, soit 8,9 % de la population mondiale, étaient sous-alimentées en 2019, soit 60 millions de personnes de plus qu’en 2014. La plupart de ces personnes vivent dans des pays où le taux d’insécurité alimentaire est élevé. Le rapport de la FAO prévoit que la pandémie de COVID-19 COVID-19 Le COVID-19 est une maladie respiratoire aiguë qui peut être grave et qui est causée par le coronavirus appelé SARS-CoV-2. Les symptômes du COVID-19 sont très variables. Deux types de tests... en apprendre davantage pourrait entraîner une augmentation du nombre de personnes sous-alimentées de 83 à 132 millions en 2020.
Dans les régions où l’insécurité alimentaire n’est pas généralisée, la dénutrition est généralement beaucoup moins fréquente que la suralimentation. Cependant, certaines conditions augmentent le risque de dénutrition. À savoir :
La grande pauvreté
L’absence de domicile
La présence de troubles psychiatriques
Les graves maladies (le fait d’être gravement malade rend les personnes incapables de manger suffisamment, parce qu’elles ont perdu leur appétit ou parce que les besoins en nutriments de leur organisme sont considérablement accrus)
Les personnes jeunes (les nourrissons, les enfants et les adolescents sont à risque de dénutrition parce qu’ils grandissent et ont par conséquent des besoins importants en calories et en nutriments)
Âge avancé
Environ un septième des personnes âgées vivant dans la société consomment moins de 1 000 calories par jour, un apport insuffisant pour maintenir un état de nutrition approprié. La moitié des personnes âgées qui sont hospitalisées ou hébergées dans des établissements de long séjour ne consomment pas une quantité suffisante de calories.
Quand la consommation de calories est insuffisante, l’organisme commence par métaboliser ses propres réserves de graisse et les utilise pour produire des calories, comme si l’on brûlait des meubles pour garder une maison chaude. Une fois les réserves de graisse épuisées, l’organisme peut se mettre à métaboliser ses autres tissus, comme les muscles et les tissus des organes internes, conduisant à de graves problèmes, y compris le décès.
Dénutrition protéino-énergétique
La dénutrition protéino-énergétique (appelée également malnutrition protéino-énergétique) est une carence sévère en protéines et en calories qui survient lorsque les personnes ne consomment pas suffisamment de protéines et de calories pendant une période prolongée.
Dans les pays où le taux d’insécurité alimentaire est élevé, la dénutrition protéino-énergétique touche souvent les enfants. Elle contribue au décès chez plus de la moitié des enfants qui meurent (par exemple, en augmentant le risque de développer des infections fatales et, si des infections se développent, en augmentant leur gravité). Ce trouble peut toutefois toucher n’importe quelle personne, quel que soit son âge, si son apport alimentaire est inadéquat.
La dénutrition protéino-énergétique revêt deux formes principales :
Marasme
Kwashiorkor
Marasme
Le marasme est un déficit grave en calories et en protéines. Il a tendance à se développer chez les nouveau-nés et les très jeunes enfants. Il entraîne habituellement une perte de poids, une perte de muscle et de graisse et une déshydratation. L’alimentation maternelle protège généralement de cet état de marasme.
Kwashiorkor
Le kwashiorkor est un déficit grave surtout en protéines plutôt qu’en calories. Le kwashiorkor est moins commun que le marasme. L’origine du nom de cette maladie est africaine et signifie « premier enfant, deuxième enfant », parce que le premier enfant développe souvent la maladie lors de la naissance du second qui le remplace dans l’allaitement maternel. Les enfants tendent à développer cette maladie après le sevrage et ils sont en général plus âgés que ceux qui souffrent de marasme.
Le kwashiorkor a tendance à être confiné aux régions du monde où les aliments de base et ceux qui sont utilisés pour le sevrage sont pauvres en protéines, bien qu’ils apportent suffisamment de calories sous forme de glucides. Des exemples de tels aliments sont l’igname, le riz, le manioc, les patates douces et les bananes vertes. Quoi qu’il en soit, tout individu peut développer un kwashiorkor si son alimentation est constituée principalement de glucides. Les personnes qui souffrent de ce trouble retiennent les liquides, ce qui les rend bouffies et gonflées. Si le kwashiorkor est grave, leur abdomen a tendance à gonfler.
Jeûne
Le jeûne est la forme la plus extrême de dénutrition protéino-énergétique. Il résulte d’une carence partielle ou totale en substances nutritives essentielles sur une longue période. Elle survient généralement du fait de l’absence de nourriture (par exemple, pendant une disette), mais elle apparaît parfois lorsque de la nourriture est disponible (par exemple, en cas de jeûne ou d’ anorexie mentale Anorexie mentale L’anorexie mentale est un trouble des conduites alimentaires qui se caractérise par une recherche incessante de minceur, par une perception déformée de l’image du corps, par une peur extrême... en apprendre davantage ).
Causes de la dénutrition
La dénutrition peut découler des facteurs suivants :
Manque d’accès à la nourriture
Troubles ou médicaments perturbant l’ingestion, la transformation (métabolisme) ou l’absorption des nutriments
Un besoin en calories très augmenté
Les personnes peuvent manquer d’accès à la nourriture parce qu’elles ne peuvent pas se le permettre, n’ont aucun moyen de se rendre dans un magasin ou sont physiquement incapables de faire leurs courses. Dans certaines parties du monde, les approvisionnements alimentaires sont insuffisants à cause d’une guerre, d’une sécheresse, d’inondations ou d’autres facteurs.
Certains troubles, comme les troubles de malabsorption Présentation de la malabsorption Le syndrome de malabsorption est observé dans plusieurs affections où les nutriments provenant des aliments ne sont pas absorbés correctement dans l’intestin grêle. Certains troubles, infections... en apprendre davantage , interfèrent avec l’absorption de vitamines et de minéraux. La chirurgie qui consiste à enlever une partie du tube digestif peut avoir le même effet. Certains troubles, comme le sida Syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est une infection virale qui détruit progressivement certains globules blancs et peut aboutir au syndrome de l’immunodéficience acquise... en apprendre davantage , le cancer Présentation des cancers Un cancer est une multiplication anormale de cellules (provenant en général d’une seule cellule anormale). Ces cellules ont perdu leurs mécanismes normaux de contrôle et sont donc en mesure... en apprendre davantage ou la dépression Dépression Une brève discussion sur le trouble de deuil prolongé. La dépression consiste en un sentiment de tristesse et/ou une perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités habituelles ; elle devient... en apprendre davantage entraînent une perte d’appétit et une consommation d’aliments moins importante, ce qui entraîne une dénutrition.
Certains médicaments peuvent contribuer à la dénutrition. Les médicaments peuvent avoir les effets suivants :
Diminuer l’appétit : Des exemples en sont les médicaments utilisés pour traiter l’hypertension artérielle (comme les diurétiques), l’insuffisance cardiaque (comme la digoxine), ou le cancer (comme le cisplatine).
Provoquer des nausées, ce qui diminue l’appétit
Augmenter le métabolisme (comme la thyroxine et la théophylline) et augmenter ainsi le besoin en calories et en nutriments
Interférer avec l’absorption de certains nutriments dans l’intestin grêle
De plus, l’arrêt de certains médicaments (tels que les anxiolytiques et les antipsychotiques) ou de la consommation d’alcool peut entraîner une perte de poids.
Une consommation excessive d’ alcool Consommation d’alcool L’alcool (éthanol) est un dépresseur (il ralentit le fonctionnement du cerveau et du système nerveux). La consommation rapide ou régulière de grandes quantités d’alcool peut entraîner des problèmes... en apprendre davantage , qui contient des calories mais a peu de valeur nutritionnelle, diminue l’appétit. Comme l’alcool endommage le foie, il peut aussi perturber l’absorption et l’utilisation des nutriments. Le trouble alcoolique peut provoquer des carences en magnésium, en zinc et en certaines vitamines, y compris la thiamine.
Le tabac émousse le goût et l’odorat, ce qui rend la nourriture moins appétissante. Il semble aussi que le tabac provoque d’autres changements dans l’organisme qui contribuent à une perte de poids. Par exemple, le tabac stimule le système nerveux sympathique, ce qui augmente la consommation d’énergie du corps.
Certaines affections augmentent considérablement le nombre de calories nécessaires. Elles comprennent les infections, les blessures, une hyperactivité de la thyroïde (hyperthyroïdie Hyperthyroïdie L’hyperthyroïdie résulte d’une hyperactivité thyroïdienne qui entraîne une élévation des taux d’hormones thyroïdiennes et une accélération des fonctions vitales de l’organisme. La principale... en apprendre davantage ), des brûlures étendues et une fièvre de longue durée.
Chez les personnes âgées, de nombreux facteurs, y compris les altérations liées au vieillissement dans l’organisme, se conjuguent pour entraîner un état de dénutrition (Focus sur le vieillissement : Dénutrition Focus sur le vieillissement : Dénutrition ).
Symptômes de la dénutrition
Le signe le plus caractéristique d’un déficit calorique est la perte de la graisse corporelle (tissu adipeux).
Si les personnes sont privées de nourriture pendant environ un mois, elles perdent à peu près un quart de leur poids. Si le jeûne se poursuit pendant plus longtemps encore, les adultes peuvent perdre jusqu’à la moitié de leur poids, et les enfants peuvent en perdre davantage. Les os deviennent saillants et la peau apparaît fine, sèche, peu élastique, pâle et froide. La graisse du visage finit par disparaître, ce qui fait paraître les joues creuses et les yeux enfoncés. Les cheveux deviennent secs et rares et tombent facilement.
On appelle cachexie une atrophie importante des muscles et des tissus adipeux. On pense que la cachexie découle d’une production excessive de substances appelées cytokines, qui sont produites par le système immunitaire Présentation du système immunitaire Le système immunitaire a pour mission de protéger l’organisme contre des envahisseurs étrangers ou dangereux. Ces envahisseurs peuvent être : Micro-organismes (généralement appelés germes, tels... en apprendre davantage en réponse à un trouble tel qu’une infection, un cancer ou le SIDA.
D’autres signes sont la fatigue, l’impossibilité de retenir la chaleur, la diarrhée, une perte d’appétit, de l’irritabilité et de l’apathie. Dans des cas très sévères, les personnes peuvent ne plus réagir (ce que l’on appelle stupeur Stupeur et coma La stupeur est un état d’absence de réactivité duquel une personne peut être tirée uniquement par une stimulation physique vigoureuse. Le coma est l’absence de réactivité d’une personne qui... en apprendre davantage ). Les personnes se sentent faibles et incapables d’effectuer leurs activités normales. Chez les femmes, les menstruations deviennent irrégulières ou cessent. Si la dénutrition est grave, il peut y avoir une accumulation de liquide dans les bras, les jambes et l’abdomen.
La concentration de certains types de globules blancs diminue, un peu comme chez les personnes malades du SIDA. Par conséquent, le système immunitaire est affaibli, ce qui augmente le risque d’infections.
Si le déficit en calories est très prolongé, une insuffisance hépatique, cardiaque et/ou respiratoire peut se développer. Le jeûne total (aucune consommation d’aliments) est mortel en 8 à 12 semaines.
Les enfants qui sont gravement dénutris peuvent ne pas grandir normalement. Le développement comportemental peut s’en trouver nettement ralenti, un léger handicap intellectuel peut se manifester et se poursuivre au moins jusqu’à l’âge scolaire. Même si elle est traitée, la dénutrition peut avoir des effets durables chez les enfants. Les handicaps intellectuels et les problèmes digestifs peuvent persister, parfois toute la vie.
Moyennant traitement, la plupart des adultes guérissent complètement.
Diagnostic de la dénutrition
Examen clinique
Parfois, analyses de sang
Les médecins peuvent généralement diagnostiquer la dénutrition en posant des questions concernant l’alimentation et la perte de poids et en procédant à un examen clinique (voir aussi Évaluation du statut nutritionnel Évaluation du statut nutritionnel La nutrition est le processus par lequel les substances nutritives sont consommées, absorbées et utilisées par l’organisme, pour la croissance, le développement et le maintien de la vie. Pour... en apprendre davantage ). Une dénutrition grave qui dure depuis longtemps peut généralement être diagnostiquée d’après l’apparence physique de la personne et ses antécédents.
Les médecins peuvent aussi poser des questions concernant la capacité d’acheter et de préparer de la nourriture, la présence d’autres troubles, l’utilisation de drogues, l’humeur et les fonctions mentales. Ils peuvent utiliser des questionnaires standardisés pour les aider à obtenir des informations pertinentes. Les réponses à ces questions peuvent aider à confirmer le diagnostic, surtout quand la dénutrition est moins évidente, et peuvent aider à identifier la cause. Il est particulièrement important d’identifier la cause chez les enfants.
Lors de l’examen clinique, les médecins réalisent les actes suivants :
Mesure de la taille et du poids
Estimation de la quantité de muscle et de graisse dans le milieu de la partie supérieure du bras en mesurant la circonférence de la partie supérieure du bras et l’épaisseur d’un pli de peau à l’arrière de la partie supérieure du bras gauche (pli tricipital)
Vérification d’autres symptômes pouvant indiquer une dénutrition (tels que des changements sur la peau et les cheveux, et une accumulation de liquide dans les membres ou l’abdomen)
Ce qu’ils trouvent les aide à confirmer le diagnostic et à déterminer la gravité de la dénutrition.
Examens
Selon les circonstances, des analyses peuvent être effectuées ou non. Par exemple, si la cause est évidente et peut être corrigée, il n’est généralement pas nécessaire d’effectuer des analyses.
Le test le plus souvent effectué est un test sanguin pour mesurer le taux d’albumine (qui diminue lorsque les personnes ne consomment pas suffisamment de protéines). Les médecins peuvent également mesurer le nombre de certains types de globules blancs (qui diminuent à mesure que la dénutrition s’aggrave).
Des tests cutanés Examens peuvent être réalisés pour vérifier le niveau de fonctionnement du système immunitaire. Une substance contenant un antigène (qui déclenche normalement une réaction immunitaire) est injectée sous la peau. Si une réaction se produit dans un délai donné, c’est un signe que le système immunitaire fonctionne normalement. Un retard ou une absence de réaction indique l’existence d’un problème immunitaire, qui peut provenir de la dénutrition.
Si les médecins suspectent une carence en vitamines ou en minéraux, des analyses de sang sont en général effectuées pour mesurer les taux de ces nutriments.
Si les médecins suspectent que la cause est un autre trouble, d’autres tests peuvent être effectués pour aider à identifier cette cause. Par exemple, si les personnes ont une diarrhée sévère ou persistante en dépit d’un traitement, les médecins peuvent analyser un échantillon de selles pour y détecter d’éventuels microorganismes susceptibles de causer une infection. Certains examens, comme des analyses d’urine et des radiographies du thorax, peuvent être réalisés pour rechercher des infections.
Traitement de la dénutrition
Alimentation, généralement par la bouche
Traitement de la cause
Parfois, alimentation par sonde ou par voie intraveineuse
Pour les cas de dénutrition sévère, parfois médicaments
Chez la plupart des personnes, le traitement de la dénutrition consiste à augmenter graduellement le nombre de calories consommées. La meilleure solution est de prendre quotidiennement plusieurs petits repas nutritifs. Par exemple, si les personnes ont subi un jeûne, on commence par leur donner de petites quantités de nourriture fréquemment (6 à 12 fois par jour). Ensuite, on augmente graduellement la quantité de nourriture. Si les enfants ont de la diarrhée, on peut retarder les repas pendant un jour ou deux pour éviter que la diarrhée n’empire. Dans l’intervalle, on leur donne des liquides.
Les personnes qui ont de la difficulté à digérer les aliments solides peuvent avoir besoin de suppléments liquides ou d’un régime liquide. On utilise souvent des suppléments sans lactose ou à teneur réduite en lactose (tels que des suppléments à base de yaourts) parce que beaucoup de personnes ont des difficultés à digérer le lactose (un sucre présent dans les produits laitiers), et la dénutrition peut aggraver ce problème. Si ces personnes consomment des aliments contenant du lactose, il s’ensuit généralement une diarrhée.
On administre également des suppléments de multivitamines afin de s’assurer que les personnes obtiennent tous les nutriments dont elles ont besoin.
Les troubles susceptibles de contribuer à la dénutrition, tels que les infections, doivent être traités. Certains experts recommandent l’administration d’antibiotiques à tous les enfants sévèrement dénutris, même si aucune infection n’est apparente.
Si la dénutrition est grave, il peut être nécessaire d’hospitaliser les personnes.
Si les personnes sont nourries trop rapidement après une dénutrition grave, il peut en résulter des complications comme la diarrhée et des déséquilibres de l’eau corporelle, du glucose (un sucre) et d’autres nutriments. Ces complications se résolvent généralement en ralentissant le rythme de l’alimentation.
Les nutriments sont administrés par voie orale quand cela est possible. S’ils ne peuvent pas être administrés par la bouche, les nutriments peuvent l’être par l’une des méthodes suivantes :
Une sonde insérée dans le tube digestif (alimentation par sonde)
Un tube (cathéter) inséré dans une veine (alimentation par voie intraveineuse)
Alimentation par sonde
L’ alimentation par sonde Alimentation par sonde L’alimentation par sonde peut être utilisée pour nourrir des personnes dont le tube digestif fonctionne normalement, mais qui ne peuvent pas manger suffisamment pour subvenir à leurs besoins... en apprendre davantage (nutrition entérale) peut être utilisée pour alimenter les personnes dont le tube digestif fonctionne normalement, si elles ne peuvent manger suffisamment pour couvrir leurs besoins nutritionnels (comme en cas de brûlures graves) ou si elles présentent des difficultés de déglutition (comme en cas d’accident vasculaire cérébral).
Pour l’alimentation par sonde, un fin tube de plastique (sonde nasogastrique) est introduit par le nez dans la gorge jusqu’à ce qu’il atteigne l’estomac ou l’intestin grêle (procédure appelée intubation nasogastrique). Si une alimentation par sonde doit être utilisée pendant une longue période, la sonde d’alimentation peut être insérée directement dans l’estomac ou l’intestin grêle, en pratiquant une petite incision dans l’abdomen.
Les aliments qui sont administrés par cette sonde doivent contenir tous les nutriments nécessaires à la personne. Il existe des solutés spéciaux, y compris pour les personnes ayant des besoins particuliers (comme des limitations de l’apport liquidien). Il est également possible d’administrer des aliments solides par une sonde nasogastrique, après les avoir moulinés. L’alimentation par voie nasogastrique doit être administrée lentement et de manière continue, ou en plus grandes quantités (appelées un bol) à intervalles de quelques heures.
L’alimentation par voie nasogastrique peut induire de nombreux troubles qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital.
Inhalation (aspiration) d’aliments dans les poumons : Chez les personnes âgées, l’aspiration est le problème le plus fréquent causé par l’alimentation nasogastrique. L’aspiration d’aliments peut provoquer une pneumonie Pneumonie par inhalation et pneumopathie chimique La pneumonie par inhalation est une infection pulmonaire causée par l’inhalation de sécrétions buccales, du contenu de l’estomac, ou les deux. La pneumopathie chimique est une irritation pulmonaire... en apprendre davantage . L’aspiration des aliments peut être limitée en administrant la solution lentement et en relevant la tête du lit pendant une ou deux heures après l’alimentation par sonde, ce qui réduit le risque de recracher les aliments (régurgitation).
Diarrhée et douleurs abdominales Ces problèmes peuvent être réduits en changeant la solution ou en l’administrant plus lentement.
Irritation des tissus : La sonde peut provoquer une irritation et une érosion des tissus du nez, de la gorge et de l’œsophage. Si les tissus deviennent irrités, une solution consiste habituellement à enlever la sonde nasogastrique et à poursuivre l’alimentation avec un type de sonde différent.
Alimentation par intraveineuse
On a recours à l’ alimentation par voie intraveineuse Alimentation par intraveineuse On a recours à l’alimentation par intraveineuse quand le tube digestif ne peut absorber les nutriments de manière adéquate, comme c’est le cas dans les troubles de malabsorption sévères. On... en apprendre davantage (nutrition parentérale) lorsque le tube digestif ne peut pas absorber les nutriments de manière adéquate (par exemple, chez les personnes atteintes d’un trouble de malabsorption Présentation de la malabsorption Le syndrome de malabsorption est observé dans plusieurs affections où les nutriments provenant des aliments ne sont pas absorbés correctement dans l’intestin grêle. Certains troubles, infections... en apprendre davantage ). On y a également recours lorsque le tube digestif doit rester temporairement vide de nourriture (par exemple chez les personnes atteintes de rectocolite hémorragique Rectocolite hémorragique La rectocolite hémorragique est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin chronique dans laquelle le gros intestin (côlon) devient enflammé et ulcéré (grêlé ou érodé), entraînant des... en apprendre davantage ou de pancréatite Présentation de la pancréatite La pancréatite est l’inflammation du pancréas. Le pancréas est un organe en forme de feuille de 13 centimètres de longueur environ. Il est entouré par le bord inférieur de l’estomac et par la... en apprendre davantage sévère).
L’administration d’aliments par voie intraveineuse peut subvenir à une partie des besoins nutritionnels d’une personne (nutrition parentérale partielle) ou à sa totalité (nutrition parentérale totale). La nutrition parentérale totale nécessitant une sonde intraveineuse (cathéter), une veine d’un diamètre suffisamment grand, comme la veine sous-clavière située au-dessous de la clavicule, peut être utilisée.
La nutrition parentérale peut aussi causer des problèmes, tels que :
Infection : Le risque d’infection est constant, car le cathéter est en général laissé pendant une longue période et les solutés qui y sont introduits contiennent beaucoup de glucose, un sucre qui favorise le développement des bactéries. Les personnes en nutrition parentérale totale doivent donc être étroitement surveillées, avec une grande attention portée aux éventuels signes d’infection.
Excès d’eau (surcharge volumique) : L’administration d’eau en trop grande quantité peut causer une accumulation de liquide dans les poumons, rendant la respiration difficile. Les médecins doivent donc surveiller régulièrement le poids des personnes et la quantité d’urine excrétée. Ils peuvent parfois réduire ce risque en calculant la quantité d’eau nécessaire avant de procéder à l’alimentation.
Déséquilibres et déficits nutritionnels : Rarement, des carences en certaines vitamines et certains minéraux peuvent se produire. Les médecins mesurent périodiquement les niveaux sanguins de certains minéraux dissous (électrolytes), du glucose et de l’urée (une mesure de la fonction rénale) pour identifier certains déséquilibres nutritionnels. Ils peuvent ensuite ajuster le soluté en conséquence.
Diminution de la densité osseuse : Lorsqu’elle est administrée pendant une période dépassant environ trois mois, la nutrition parentérale totale cause une diminution de la densité osseuse chez certaines personnes. La raison en est inconnue, et le meilleur traitement consiste à arrêter temporairement ou définitivement ce type d’alimentation.
Troubles hépatiques : La nutrition parentérale totale peut provoquer un dysfonctionnement hépatique, le plus souvent chez les bébés prématurés. Des analyses de sang sont effectuées pour contrôler la fonction hépatique. Il peut être utile d’adapter la solution.
Problèmes liés à la vésicule biliaire : Il peut y avoir formation de calculs biliaires Calculs biliaires Les calculs biliaires sont des dépôts solides (essentiellement des cristaux de cholestérol) qui se forment dans la vésicule. Le foie peut sécréter trop de cholestérol, lequel est transporté... en apprendre davantage
. Le traitement consiste à ajuster la solution et, si possible, à alimenter les personnes par voie orale ou par une sonde d’alimentation.
Médicaments
On administre parfois des médicaments aux personnes gravement sous-alimentées pour stimuler leur appétit, tels que le dronabinol ou le mégestrol, ou pour augmenter leur masse musculaire, tels que l’hormone de croissance ou un stéroïde anabolisant (par exemple, la nandrolone ou la testostérone).
Informations supplémentaires
Les ressources en anglais suivantes pourraient vous être utiles. Veuillez noter que LE MANUEL n’est pas responsable du contenu de cette ressource.
The State of Food Security and Nutrition in the World 2020 : Rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture Organization, FAO) contenant des estimations sur l’insécurité alimentaire, la faim et la malnutrition aux niveaux mondial et régional