Revue générale des pneumonies interstitielles idiopathiques

ParJoyce Lee, MD, MAS, University of Colorado School of Medicine
Reviewed ByRichard K. Albert, MD, Department of Medicine, University of Colorado Denver - Anschutz Medical
Vérifié/Révisé Modifié juin 2025
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Les pneumopathies interstitielles idiopathiques (IIPs) sont des maladies pulmonaires interstitielles d'étiologie inconnue qui ont en commun un tableau clinique et radiographique assez similaire et se distinguent principalement par leurs aspects histopathologiques à la biopsie pulmonaire. Classées en 8 sous-types histologiques, toutes sont caractérisées par des degrés d'inflammation et de fibrose variables et toutes entraînent une dyspnée. Le diagnostic repose sur le recueil des antécédents, l'examen clinique, la TDM à haute résolution, l'imagerie, les épreuves fonctionnelles respiratoires et la biopsie pulmonaire. Le traitement dépend du sous-type. Le pronostic varie largement selon le sous-type, allant d'excellent à une évolution presque toujours fatale.

Les 8 types histologiques de pneumopathies interstitielles diffuses idiopathiques, par ordre décroissant de fréquence, sont les suivants

Ces sous-types sont caractérisés par différents degrés d'inflammation et de fibrose interstitielle (1). Tous sont à l'origine d'une dyspnée; opacités diffuses à la TDM à haute résolution; et inflammation et/ou fibrose à la biopsie. Les sous-types sont cependant importants à distinguer, parce qu'ils sont cliniquement différents (voir tableau Signes clés des pneumopathies interstitielles idiopathiques) et répondent différemment au traitement. Certains types de pneumopathies interstitielles idiopathiques peuvent être appelés pneumopathies interstitielles inclassables en raison de critères cliniques, radiologiques et/ou pathologiques inadéquats ou discordants. Certains médicaments comme les glucocorticoïdes peuvent également modifier les signes cliniques et radiologiques, entraînant des difficultés de classification.

Tableau
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Référence générale

  1. 1. Travis WD, Costabel U, Hansell DM, et al: An Official American Thoracic Society/European Respiratory Society Statement: Update of the International Multidisciplinary Classification of the Idiopathic Interstitial Pneumonias. Am J Respir Crit Care Med 188 (6):733–748, 2013.

Symptomatologie des pneumonies interstitielles idiopathiques

Les symptômes et les signes de pneumonies interstitielles idiopathiques sont habituellement non spécifiques. Toux et dyspnée d'effort sont typiques, d'apparition et de progression variables. Les signes fréquents comprennent une tachypnée, une limitation de l'ampliation thoracique, des râles crépitants secs des deux bases et un hippocratisme digital. Les maladies rhumatismales systémiques telles que les myopathies inflammatoires idiopathiques, les vascularites associées aux autoanticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) et la polyarthrite rhumatoïde présentent des symptômes (p. ex., fièvre, perte de poids, malaise, myalgie et arthralgie) qui peuvent être des signes associés dans la plupart des sous-types de pneumopathies interstitielles idiopathiques.

Diagnostic des pneumonies interstitielles idiopathiques

  • TDM à haute résolution

  • Épreuves fonctionnelles respiratoires

  • Examens complémentaires

  • Parfois, biopsie pulmonaire

Une pneumopathie interstitielle diffuse idiopathique doit être évoquée chez tout patient qui a une maladie pulmonaire interstitielle inexpliquée. Les médecins, radiologues et anatomopathologistes doivent échanger des informations afin de déterminer le diagnostic chez un patient donné. Causes potentielles (voir tableau Causes des maladies pulmonaires interstitielles) sont évalués systématiquement. Pour un rendement diagnostic maximal, le recueil des antécédents doit porter sur les critères suivants:

  • Durée des symptômes

  • Signes ou symptômes d'une maladie auto-immune sous-jacente

  • Antécédents familiaux de maladie pulmonaire, notamment fibrose pulmonaire

  • Antécédent de tabagisme (parce que certaines maladies surviennent plus souvent chez les fumeurs actuels ou anciens)

  • Consommation actuelle et antérieure de médicaments sur ordonnance et de drogues illicites

  • Examen détaillé de la maison et de l'environnement de travail, y compris ceux des membres de la famille

Une liste chronologique des professions exercées par le patient est recueillie, y compris les fonctions spécifiques et expositions connues à des agents organiques et inorganiques (voir tableau Causes des maladies pulmonaires interstitielles). Le degré, la durée et l'ancienneté de l'exposition et l'utilisation de protections est analysée.

La radiographie de thorax est généralement anormale, mais les signes ne sont pas suffisamment spécifiques pour distinguer les différents sous-types.

Des épreuves fonctionnelles respiratoires sont souvent effectuées pour estimer la gravité du trouble physiologique, mais elles ne permettent pas de distinguer les différents sous-types. Les résultats typiques sont une physiologie restrictive, avec des volumes pulmonaires réduits et une capacité de diffusion réduite. Une hypoxémie est fréquente pendant l'effort et peut être présente au repos.

La TDM à haute résolution, qui permet de distinguer les maladies de l'espace aérien des maladies interstitielles, est l'examen le plus utile et doit être réalisée. Elle permet une évaluation de l'étiologie potentielle, de l'étendue et de la distribution de la maladie, et elle est plus susceptible de détecter la maladie sous-jacente ou coexistante (p. ex., adénopathies médiastinales occultes, cancer, emphysème). La TDM à haute résolution doit être effectuée avec le patient en décubitus dorsal et ventral et doit comprendre une imagerie expiratoire dynamique pour accentuer la visualisation de l'atteinte des petites voies respiratoires.

Des examens paracliniques sont effectués en cas de signes cliniques suggérant une maladie rhumatologique systémique, une vascularite ou une exposition environnementale. De tels tests peuvent comprendre les anticorps antinucléaires, le facteur rhumatoïde et d'autres tests sérologiques plus spécifiques des maladies rhumatologiques systémiques (p. ex., anticorps anti-peptide cyclique citrulliné [CCP], ribonucléoprotéine [RNP], anti-Ro [SSA], anti-La [SSB], anticorps sclérodermie [Scl70], anticorps anti-Jo-1, panel d'anticorps de myosite).

La biopsie transbronchique par voie bronchoscopique peut permettre de différencier certaines pneumopathies interstitielles comme la sarcoïdose et la pneumopathie d'hypersensibilité, mais la biopsie ne permet pas de prélever suffisamment de tissu pour diagnostiquer une pneumopathie interstitielle diffuse idiopathique. Le lavage bronchoalvéolaire permet d'affiner le diagnostic différentiel chez certains patients et peut exclure d'autres processus, tels qu'une infection. L'intérêt de cette procédure dans l'évaluation clinique initiale et le suivi de la majorité des patients qui ont une de ces affections n'a cependant pas été démontré.

La cryobiopsie, une technique qui congèle rapidement le tissu pulmonaire immédiatement avant son extraction, facilite le diagnostic de certaines maladies pulmonaires interstitielles. Le rendement tissulaire est supérieur à celui de la biopsie transbronchique mais inférieur à celui de la biopsie pulmonaire chirurgicale. Les risques de la procédure comprennent les saignements et le pneumothorax. La cryobiopsie transbronchique peut être envisagée comme une alternative à la biopsie pulmonaire chirurgicale dans les centres qui ont l'expérience de sa réalisation et de l'interprétation de ses résultats.

Une biopsie pulmonaire chirurgicale est nécessaire pour confirmer le diagnostic lorsque l'anamnèse et la TDM ne sont pas diagnostiques. La décision de procéder à une biopsie pulmonaire chirurgicale doit être prise lors d'une discussion multidisciplinaire. Une biopsie au niveau de plusieurs zones par chirurgie thoracoscopique vidéo-assistée est préférée.

Traitement des pneumonies interstitielles idiopathiques

  • Varie selon le trouble

  • Parfois, antifibrotiques ou glucocorticoïdes

  • Rarement, transplantation pulmonaire

Le traitement varie selon le trouble (voir tableau Traitement et pronostic des pneumonies interstitielles idiopathiques).

Le sevrage tabagique est toujours recommandé pour éviter l'accélération éventuelle de la progression de la maladie et pour éviter les comorbidités respiratoires. Les soins de soutien sont nécessaires chez de nombreux patients, comme l'oxygène d'appoint (souvent à domicile) et la réhabilitation pulmonaire; les deux sont des thérapies d'appoint importantes qui soulagent les symptômes et améliorent la qualité de vie. La coordination des soins entre cliniciens de multiples spécialités peut parfois être nécessaire pour traiter le trouble sous-jacent et, dans les cas avancés, les séquelles de la maladie (p. ex., cardiologie s'il y a une hypertension pulmonaire).

Les antifibrotiques (pirfénidone, nintédanib) sont généralement recommandés dans la fibrose pulmonaire idiopathique et peuvent être envisagés dans les formes évolutives d'autres types de fibrose pulmonaire. Ces médicaments ralentissent le déclin de la fonction pulmonaire et la progression de la maladie.

Les glucocorticoïdes sont typiquement recommandés dans la pneumopathie organisée cryptogénique, la pneumopathie interstitielle lymphoïde et la pneumonie interstitielle non spécifique, mais pas dans la fibrose pulmonaire idiopathique. D'autres thérapies immunosuppressives (p. ex., mycophénolate mofétil, azathioprine) peuvent également être envisagées.

La transplantation pulmonaire peut être recommandée chez les patients éligibles au stade terminal de la maladie.

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Points clés

  • Il existe 8 sous-types histologiques de pneumonie interstitielle idiopathique.

  • La symptomatologie et les signes radiologiques thoraciques ne sont pas spécifiques.

  • Le diagnostic des pneumopathies interstitielles diffuses idiopathiques est principalement basé sur l'anamnèse et la TDM à haute résolution.

  • Effectuer une biopsie pulmonaire lorsque l'évaluation clinique et la TDM haute résolution ne sont pas diagnostiques.

  • Le traitement et le pronostic varient selon le sous-type.

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