Examen clinique de l'adulte âgé

ParRichard G. Stefanacci, DO, MGH, MBA, Thomas Jefferson University, Jefferson College of Population Health
Vérifié/Révisé mai 2022
Voir l’éducation des patients

L'examen clinique de la personne âgée doit comprendre tous les principaux systèmes, mais avec une attention particulière aux sujets de préoccupation identifiés au cours de l'anamnèse (voir aussi Revue générale de l'évaluation des personnes âgées et Anamnèse chez les personnes âgées).

Observer les patients et leurs mouvements (p. ex., marcher dans la salle d'examen, s'asseoir ou se lever d'une chaise, monter et descendre de la table d'examen, enlever ou mettre ses chaussettes et ses chaussures) peut fournir de précieuses informations sur leur autonomie. Leur hygiène personnelle (p. ex., état vestimentaire, propreté, odeur) peut fournir des informations sur l'état mental et leur capacité à prendre soin d'eux-mêmes.

Si les patients se fatiguent, l'examen clinique peut devoir être interrompu et repris lors de la consultation suivante. Les patients âgés peuvent avoir besoin de plus de temps pour se dévêtir et monter sur la table d’examen; ils ne doivent pas être bousculés. La table d’examen doit être réglée à une hauteur que les patients peuvent facilement atteindre; un marche pied peut aider à monter. Les patients fragiles ne doivent pas être laissés seuls sur la table d'examen. Certaines parties de l'examen peuvent être plus confortables si le patient est assis sur une chaise.

Les médecins doivent décrire l'aspect général du patient (p. ex., agréable, agité, dénutri, distrait, pâle, dyspnéïque, cyanosé). Il faut noter si le patient est examiné dans un lit, l'utilisation de rembourrages de protection ou d'alaises, de ridelles (partielles ou complètes), de contentions, la présence d'une sonde urinaire ou d'une couche.

Signes vitaux

Le poids doit être mesuré à chaque consultation. Pendant la mesure, les patients qui présentent des problèmes d'équilibre peuvent avoir besoin de saisir une barre d'appui placée à proximité. La taille est mesurée annuellement pour vérifier la perte de hauteur due à l'ostéoporose.

La température est vérifiée. Une hypothermie peut passer inaperçue si le thermomètre n'est pas adapté. Cependant, l'absence de fièvre ne permet pas d'exclure une infection.

Pouls et pression artérielle sont vérifiés aux deux bras. Le pouls est mesuré sur 30 s et toute irrégularité est notée. Puisque de nombreux facteurs peuvent modifier la pression artérielle, elle est mesurée plusieurs fois après avoir mis les patients au repos > 5 min.

La pression artérielle peut être surestimée chez les patients âgés parce que leurs artères sont calcifiées. Cette situation rare, appelée pseudo-HTA, doit être suspectée si des vertiges apparaissent après introduction d'un traitement antihypertenseur ou après augmentation des doses pour traiter une HTA systolique persistante.

Du fait de sa fréquence, l'absence d'hypotension orthostatique doit être vérifiée chez tous les patients âgés. La pression artérielle est mesurée en décubitus dorsal puis après que le patient soit resté debout pendant 3 à 5 min. Si la pression artérielle systolique chute de 20 mmHg une fois que le patient est en position debout ou si un symptôme d'hypotension est détecté, l'hypotension orthostatique est confirmée. La prudence est requise lors du test chez les patients hypovolémiques.

La fréquence respiratoire des personnes âgées diffère en fonction de la santé et des conditions de vie. La fréquence respiratoire normale chez les personnes âgées vivant de façon indépendante est de 12 à 18 respirations par minute, alors que la fréquence respiratoire chez ceux qui ont besoin de soins de longue durée est de 16 à 25 respirations par minute.

Peau et ongles

L'observation initiale comprend la couleur cutanée (normale, pâleur, cyanose). L’examen clinique inclut une recherche de lésions prénéoplasiques et néoplasiques, de nécroses et de lésions de pression. Chez les personnes âgées, les points suivants doivent être considérés:

  • Des ecchymoses peuvent survenir facilement lorsque la peau est traumatisée, souvent sur l'avant-bras, parce que le derme s'amincit avec l'âge.

  • Un bronzage irrégulier peut être normal parce que les mélanocytes disparaissent progressivement avec le vieillissement.

  • Des crêtes longitudinales sur les ongles et l'absence de lunule en forme de croissant sont normales avec l'âge.

  • Des fractures de l'ongle peuvent survenir parce qu'avec le vieillissement, l'épaisseur de l'ongle diminue.

  • Les hémorragies en flammèches noires au milieu ou dans le tiers distal de l'ongle sont plus susceptibles d'être dues à un traumatisme qu'à une bactériémie.

  • Un ongle épaissi et jaune indique une onychomycose, une infection fongique.

  • Lorsque la bordure de l'ongle pénètre dans la peau avoisinante il s'agit d'un ongle incarné (onychocryptose).

  • Des ongles blanchâtres qui s'écaillent facilement, avec parfois une surface en dé à coudre, évoquent un psoriasis.

  • Des ecchymoses inexpliquées peuvent indiquer une maltraitance.

Tête et cou

Face

Les modifications liées à l'âge peuvent comprendre:

  • Sourcils qui tombent sous le rebord orbitaire supérieur

  • Descente du menton

  • Perte de l'angle entre la ligne du sous-maxillaire et le cou

  • Rides

  • Peau sèche

  • Poils épais sur les oreilles, le nez, la lèvre supérieure et le menton

Les artères temporales doivent être palpées à la recherche d'une sensibilité et d'un épaississement, qui peuvent indiquer une artérite à cellules géantes; la suspicion de cette pathologie nécessite une évaluation et un traitement immédiats.

Nez

La descente progressive de la pointe du nez est un phénomène normal lié à l'âge. L'âge peut provoquer une séparation du cartilage latéral supérieur et inférieur, entraînant un élargissement et un allongement du nez.

Yeux

Les modifications normales liées à l'âge comprennent:

  • Perte de graisse orbitaire: elle est responsable d'un affaissement progressif de l'œil vers l'arrière dans l'orbite (énophtalmie). Ainsi, l'énophtalmie n'est pas nécessairement un signe de déshydratation chez les personnes âgées. L'énophtalmie s'accompagne d'un approfondissement du creux sus-tarsal de la paupière supérieure et une gêne légère dans la vision périphérique.

  • Pseudoptosis (diminution de la taille de l'ouverture palpébrale)

  • Entropion (enroulement vers l'intérieur de la paupière inférieure)

  • Ectropion (éversion de la paupière inférieure)

  • Gérontoxon (est un anneau blanc à la périphérie de la cornée)

Avec le vieillissement, la presbytie se développe; le cristallin devient moins élastique et moins en mesure de changer de forme lors de la focalisation sur des objets proches.

L'examen de la vue doit se concentrer sur les tests d'acuité visuelle (p. ex., en utilisant un tableau de Snellen). Le champ visuel peut être testé au lit du malade par confrontation, c'est-à-dire, que le patient est invité à regarder l'examinateur afin que celui-ci puisse déterminer les différences entre leurs deux champs visuels. Cependant, ces tests ont une faible sensibilité pour la plupart des troubles visuels. La tonométrie est parfois pratiquée en médecine générale; cependant, elle est habituellement pratiquée par des ophtalmologistes ou des optométristes car faisant partie de leurs examens systématiques ou par les ophtalmologistes quand un patient leur est adressé pour une suspicion de glaucome.

L'ophtalmoscopie est pratiquée pour vérifier la cataracte, le nerf optique ou la dégénérescence maculaire et rechercher des signes de glaucome, d'HTA ou de diabète. L'aspect de la rétine ne change habituellement pas beaucoup avec l'âge et l'examen peut être sans particularité sauf s'il existe une pathologie. Chez les patients âgés, une élévation légère à modérée de la pression intracrânienne peut ne pas entraîner d’œdème papillaire en raison de l’atrophie corticale qui survient avec le vieillissement; l'œdème papillaire est plus probable lorsque la pression est nettement accrue. Des zones de pigment noir ou des hémorragies à l'intérieur et autour de la macula indiquent une dégénérescence maculaire.

Pour tous les patients âgés, un examen des yeux par un ophtalmologiste ou un optométriste est recommandé tous les 1 à 2 ans parce qu'un tel examen peut être beaucoup plus sensible pour certains troubles oculaires courants (p. ex., glaucome, cataracte, pathologies de la rétine).

Oreilles

Le conduit auditif externe est examiné à la recherche d'un bouchon de cérumen, en particulier si un problème d'audition a été remarqué lors de l'interrogatoire. Si un patient porte un appareil auditif externe, il est enlevé et examiné. L’embout et le tube en plastique peuvent s’obstruer avec du cérumen ou la batterie peut être morte, ce qui se traduit par l’absence de sifflement (larsen) lorsque le volume de la prothèse auditive est monté.

Pour évaluer l'audition, l’examinateur, avec son visage hors de vue du patient, chuchote 3 à 6 mots ou lettres aléatoires dans chacune des oreilles du patient. Si le patient répète correctement au moins la moitié de ces mots pour chaque oreille, l'audition est considérée comme fonctionnelle pour une conversation en tête-à-tête. Les patients atteints de presbyacousie (déficit auditif lié à l'âge, graduel, bilatéral, symétrique et prédominant sur les hautes fréquences) sont plus susceptibles de signaler des difficultés pour comprendre les discussions que pour entendre les sons. Le bilan avec un audioscope portable, si disponible, est également recommandé, car les sons tests sont normalisés; ainsi, ce bilan peut être utile lorsque plusieurs intervenants prennent soin d'un même patient.

On demande aux patients si la perte d'audition perturbe le travail ou le fonctionnement social ou familial, ou bien on peut leur demander de pratiquer l'Hearing Handicap Inventory for the Elderly–Screening Version (HHIE), un outil d'auto-évaluation visant à déterminer les effets de la perte d'audition sur l'adaptation émotionnelle et sociale des personnes âgées. Si la perte auditive perturbe le fonctionnement ou si le score HHIE est positif, on demande aux patients d'effectuer un test audiométrique formel.

Bouche

La bouche est examinée à la recherche d'un saignement ou d'une tuméfaction des gencives, de dents qui bougent ou cassées, d'une infection mycosique et de signes de cancer (p. ex., leucoplasie, érythroplasie, ulcération, masse). L'examen peut retrouver

  • Des dents noires: en raison de taches extrinsèques et d'un émail moins translucide, ce qui se produit avec le vieillissement

  • Des fissures dans la bouche et sur la langue et une langue qui colle à la muqueuse buccale: en rapport avec une xérostomie

  • Une gencive érythémateuse et œdémaciée qui saigne facilement: indique en général un problème gingival ou péridontal

  • Mauvaise haleine: pouvant indiquer des troubles buccaux (p. ex., caries, parodontite), une autre infection (p. ex., sinus), ou parfois un trouble pulmonaire

Les surfaces dorsale et antérieure de la langue sont examinées. Les modifications fréquentes liées à l'âge comprennent des veines variqueuses sous la langue, la glossite migrante bénigne (langue géographique), et des papilles qui s'atrophient sur les côtés de la langue. Chez les patients édentés, la langue peut augmenter de volume pour faciliter la mastication; cependant, l’augmentation de volume (macroglossie) peut également être le signe d’une amylose ou d’une hypothyroïdie. Une langue à la surface lisse, douloureuse peut indiquer une carence en vitamine B12.

Les prothèses dentaires doivent être enlevées avant d'examiner la bouche. Les prothèses augmentent le risque de candidose buccale et de résorption des arcades alvéolaires. Une inflammation de la muqueuse palatine et des ulcères des arcades alvéolaires peuvent résulter de prothèses dentaires inadaptées.

L'intérieur de la bouche est palpé. Une augmentation de volume, ferme et douloureuse de la parotide peut indiquer une parotidite, en particulier chez les patients déshydratés; du pus peut s’écouler du canal de Sténon en cas de parotidite bactérienne. Les microrganismes responsables sont souvent des staphylocoques.

Des lésions douloureuses, inflammatoires et fissurées au niveau de la commissure des lèvres (chéilite angulaire ou perlèche) peuvent être notées chez les patients édentés qui ne portent pas de prothèses dentaires; ces lésions sont habituellement accompagnées d'une infection fongique.

Articulation temporomandibulaire

Cette articulation doit être évaluée à la recherche d'une dégénérescence (arthrose), anomalie fréquente liée à l'âge. L'articulation peut dégénérer quand des dents sont tombées et que les forces de compression sur l'articulation deviennent trop fortes. La dégénérescence peut être évoquée devant un crépitement ressenti au bout du condyle quand le patient ouvre et ferme la bouche, par des douleurs à la mastication ou par les deux.

Cou

La glande thyroïde, qui est située à l'avant du cou, enroulée autour de la trachée, est examinée à la recherche d'une hypertrophie et de nodules.

Les souffles carotidiens dus à des souffles cardiaques transmis peuvent être différenciés de ceux dus à des sténoses de l'artère carotide en déplaçant le stéthoscope vers la tête: un souffle cardiaque irradié devient plus faible; le souffle de sténose de l’artère carotide devient plus fort. Les souffles dus à une sténose carotidienne suggèrent une athérosclérose diffuse. Si les patients qui ont un souffle carotidien sont asymptomatiques, la conduite à tenir vis-à-vis d'un bilan cérébrovasculaire ou d'un traitement est mal définie.

La souplesse du cou est vérifiée. La résistance à la flexion passive, l'extension et la rotation latérale peuvent indiquer une lésion du rachis cervical. La résistance à la flexion et à l'extension peut également se produire en cas de méningite, mais, sauf si la méningite est accompagnée par une lésion du rachis cervical, le cou peut être tourné passivement d'un côté à l'autre sans résistance.

Anomalies du thorax et du dos

Tous les secteurs des poumons sont examinés par la percussion et l'auscultation. Des râles aux bases pulmonaires peuvent être entendus chez des sujets en bonne santé, mais ils disparaissent après quelques inspirations profondes. L'amplitude thoracique (mouvements du diaphragme et de la cage thoracique) doit être notée.

Le dos est examiné à la recherche d'une scoliose et de douleurs. Des douleurs sévères lombaires, de la hanche et de la jambe avec une douleur exquise sacrée, peuvent indiquer une fracture spontanée ostéoporotique du sacrum, qui peut survenir chez les patients âgés.

Seins

Chez les hommes et les femmes, les seins peuvent être examinés annuellement, mais il n'y a pas de preuves solides de bénéfice (c'est-à-dire, de diminution de la mortalité par cancer du sein), ce qui limite les recommandations de l'American Cancer Society et de l'U.S Preventive Services Task Force. Si les mamelons sont rétractés, une pression doit être exercée autour des mamelons; cette pression redresse les mamelons quand la rétraction est due au vieillissement mais pas quand elle est due à une lésion sous-jacente.

Cœur

La taille du cœur peut être évaluée par la palpation de l'apex. Cependant, un déplacement provoqué par la cyphoscoliose peut rendre l'évaluation difficile.

L'auscultation doit être effectuée systématiquement (rythme, régularité, souffles, clics et frottements). Une bradycardie sinusale inexpliquée et asymptomatique chez des personnes âgées apparemment en bonne santé peut ne pas avoir d'importance clinique. Un rythme irrégulier sporadique suggère une fibrillation auriculaire.

Chez les personnes âgées, un souffle systolique entendu à la base (entre l'apex et le sternum) indique le plus souvent

  • Sclérose de la valvule aortique: typiquement, ce souffle n’est pas hémodynamiquement significatif, bien que le risque d'accident vasculaire cérébral puisse être augmenté. Il est maximum en début de systole et est rarement entendu au niveau des carotides. La sclérose valvulaire aortique évolue rarement vers une signification et une calcification hémodynamiques; bien que rare, la sclérose valvulaire aortique est actuellement la lésion la plus fréquente qui conduit à une sténose aortique symptomatique et à la nécessité d'un traitement.

Cependant, un souffle systolique peut être dû à d'autres pathologies, qui doivent être identifiées:

  • Rétrécissement valvulaire aortique: ce souffle, contrairement à celui de la sclérose valvulaire aortique habituelle, a son maximum plus tard pendant la systole, est transmis aux carotides et est intense (supérieur au grade 2); le 2e bruit cardiaque est diminué, la pression différentielle est pincée et il existe une diminution de la vitesse d’ascension au carotidogramme. Cependant, chez les personnes âgées, le souffle du rétrécissement aortique peut être difficile à identifier parce qu’il peut être plus doux, que le 2e bruit cardiaque est rarement audible et que les pressions différentielles pincées sont rares. De plus, chez beaucoup de personnes âgées ayant un rétrécissement aortique, la vitesse d'ascension ne ralentit pas parce que la compliance vasculaire est diminuée.

  • Insuffisance mitrale: ce souffle est plus fort habituellement à l’apex et irradie vers l’aisselle.

  • Cardiomyopathie obstructive: le souffle s’intensifie lorsque les patients pratiquent la manœuvre de Valsalva.

Les souffles diastoliques sont toujours pathologiques quel que soit l'âge.

Un quatrième bruit du cœur est fréquent chez les personnes âgées sans pathologie cardiovasculaire évidente et est généralement absent chez les personnes âgées ayant une pathologie cardiovasculaire évidente.

Si des symptômes neurologiques ou cardiovasculaires apparaissent chez un patient porteur d'un stimulateur cardiaque, un examen à la recherche de bruits du cœur irréguliers, d'un souffle, d'un pouls irrégulier, d'une hypotension et d'une insuffisance cardiaque est nécessaire. Cette symptomatologie peut être due à la perte du synchronisme auriculoventriculaire.

Système gastro-intestinal

L'abdomen est palpé à la recherche de hernies favorisées par la faiblesse des muscles abdominaux, qui sont fréquentes chez les sujets âgés et peut prédisposer aux hernies. La plupart des anévrismes de l’aorte abdominale sont palpables sous la forme d’une masse pulsatile; mais, seule leur dimension latérale peut être évaluée par l'examen clinique. Chez certains patients (en particulier ceux qui sont maigres), l'aorte peut être palpable, mais les pulsations ne sont pas expansives. Le dépistage échographie de l'aorte est recommandé pour tous les hommes âgés qui ont fumé. Le foie et la rate sont palpés à la recherche d'une hypertrophie. La fréquence et la qualité de bruits intestinaux sont vérifiées et la zone sus-pubienne est percutée pour rechercher une douleur, une gêne et des signes de rétention urinaire.

La région anorectale externe est examinée à la recherche de fissures, d'hémorroïdes et d'autres lésions. La sensibilité et le réflexe anal sont testés. Un toucher rectal pour détecter une masse, une sténose, une douleur ou un fécalome est fait chez l'homme et chez la femme. Des examens fécaux occultes sont également effectués. Les recommandations de dépistage du cancer colorectal sont importantes.

Appareil génital masculin

La prostate est palpée pour évaluer la sensibilité, la consistance et l'existence de nodules. Estimer la taille de la prostate par le toucher rectal est imprécis et il n’y a pas de corrélation entre la taille et le risque d’obstruction urétrale; cependant le toucher rectal peut fournir une évaluation qualitative du volume de la prostate. La plupart des organisations professionnelles ne recommandent pas le toucher rectal comme outil de dépistage du cancer de la prostate. Les recommandations de dépistage du cancer de la prostate sont traitées ailleurs (voir dépistage du cancer de la prostate.)

La région génitale doit être examinée à la recherche de signes d'infections sexuellement transmissibles, d'autres infections et d'anomalies.

Appareil génital féminin

Pour les patientes qui n'ont pas la mobilité de la hanche l'examen pelvien bimanuel peut se faire couchée sur le côté gauche. La diminution en ménopause des œstrogènes induit l’atrophie de la muqueuse vaginale et urétrale; la muqueuse vaginale semble sèche et dépourvue de plis. Les ovaires ne doivent pas être palpables 10 ans après la ménopause; des ovaires palpables suggèrent un cancer. Les patientes doivent être examinées à la recherche d'un prolapsus urétral, vaginal, du col ou de l'utérus. Il est demandé aux patientes de tousser pour rechercher une incontinence urinaire et un prolapsus intermittent.

Certains professionnels de santé recommandent que les patientes de ≥ 21 ans bénéficient d'un dépistage par examens pelviens annuellement. D'autres recommandent un intervalle de 3 ans jusqu'à l'âge de 65 ans. Cependant, aucune preuve n'est en faveur ou ne réfute les examens pelviens chez les patientes asymptomatiques à faible risque. Ainsi, pour ces patients, la décision concernant la fréquence de ces examens doit être individualisée.

Ni un test de Papanicolaou (Pap test) ni un test du papillomavirus humain (HPV) ne sont recommandés chez les femmes de ≥ 65 ans qui ont eu des résultats normaux au cours des 10 années précédentes.

La région génitale doit être examinée à la recherche de signes d'infections sexuellement transmissibles, d'autres infections et d'anomalies.

Système musculosquelettique

Les articulations sont examinées à la recherche d'une sensibilité, d'une tuméfaction, d'une subluxation, de crépitements, d'une chaleur, d'une rougeur et d'autres anomalies. La mobilité active et passive de chaque articulation doit être évaluée. La présence de rétractions doit être notée. La résistance variable à la manipulation passive des extrémités (gegenhalten) se produit parfois avec le vieillissement.

Certaines anomalies, en particulier celles des mains, peuvent suggérer un trouble spécifique:

Ces malformations peuvent perturber l'autonomie ou les activités de la vie quotidienne.

Pieds

Les pathologies articulaires fréquentes liées à l’âge comprennent l’hallux valgus, qui correspond à une déviation du 1er métatarsien en dedans et du gros orteil en dehors (avec souvent un oignon) et le quintus varus ou déviation latérale de la tête du 5e métatarsien. L'orteil en marteau (hyperflexion de l'articulation interphalangienne proximale) et l'orteil en griffe (hyperflexion des interphalangiennes proximales et distales) peuvent perturber l'autonomie et les activités de la vie quotidienne. La déformation des orteils peut résulter du port de chaussures mal ajustées pendant des années ou d'une polyarthrite rhumatoïde, d'un diabète ou de troubles neurologiques (p. ex., maladie de Charcot-Marie-Tooth).

Parfois, des problèmes de pieds indiquent d'autres troubles systémiques (voir tableau Manifestations des maladies systémiques au niveau des pieds). Par exemple, la palpation de la dorsalis pedis et des pouls tibiaux postérieurs sont des éléments importants de l'examen cardiovasculaire et la découverte d'un œdème peut suggérer une insuffisance veineuse ou un dysfonctionnement cardiaque, hépatique ou rénal.

Les patients qui ont des problèmes au niveau des pieds doivent être adressés à un podologue pour une évaluation et un traitement réguliers.

Système neurologique

L'examen neurologique des patients âgés est le même que pour tout adulte. Cependant, des pathologies non neurologiques qui sont fréquentes chez les personnes âgées peuvent compliquer cet examen. Par exemple, les déficits visuels et auditifs peuvent entraver l'évaluation des nerfs crâniens et la périarthrite (inflammation des tissus autour d'une articulation) de certaines articulations, en particulier les épaules et les hanches, peut perturber l'évaluation de la fonction motrice.

Les signes neurologiques découverts à l'examen doivent être interprétés en fonction de l'âge du patient, de ses antécédents et des signes associés. Des anomalies symétriques, telles qu'une diminution des réflexes achilléens et la diminution de la sensibilité vibratoire distale, sans retentissement fonctionnel et sans autre symptomatologie neurologique peuvent se voir chez les patients âgés. Le médecin doit décider si ces résultats justifient une évaluation plus détaillée à la recherche d'une lésion neurologique. Les patients doivent être réexaminés régulièrement à la recherche d'un déficit fonctionnel, d'une asymétrie et de nouveaux symptômes.

Nerfs crâniens

Le bilan des nerfs crâniens peut être complexe.

Les personnes âgées ont souvent un myosis; leur réflexe photomoteur peut être faible et leurs réponses pupillaires à la vision de près peut être diminuée. Le regard vers le haut et, dans une moindre mesure, vers le bas peut être discrètement limité. Le mouvement des yeux, lors de l'évaluation du champ visuel au doigt, peut apparaître saccadé et irrégulier. Le phénomène de Bell (mouvement réflexe des yeux vers le haut lors de leur fermeture) est parfois absent. Ces modifications surviennent habituellement avec le vieillissement.

Nombre de personnes âgées, ont un odorat diminué du fait d'une baisse du nombre de neurones olfactifs, de nombreuses infections des voies respiratoires supérieures ou d'une rhinite chronique. Cependant, toute perte asymétrique (perte de l'odorat d'une seule narine) est anormale. Le goût peut être altéré parce que l'odorat est diminué ou parce que les patients prennent des médicaments qui diminuent la salivation.

Les déficits visuels et auditifs peuvent aussi résulter de problèmes au niveau des yeux et des oreilles plutôt que d'une atteinte des nerfs crâniens.

Fonction motrice

Les patients peuvent être évalués pour un tremblement pendant qu'on leur serre la main et au cours d'autres activités simples. Lorsqu'un tremblement est détecté, son amplitude, son rythme, sa localisation, sa fréquence et son temps d'apparition (de repos, d'action ou intentionnel) sont notés.

Force musculaire

Les personnes âgées, en particulier celles qui ne font pas régulièrement d'exercices physiques de musculation, peuvent paraître faibles pendant les tests standards de la force musculaire. Par exemple, lors de l'examen clinique, le médecin peut facilement redresser le coude d'un patient en dépit des efforts de celui-ci pour maintenir une contraction. Si la faiblesse est symétrique, ne dérange pas le patient et n'a pas changé son autonomie ou son niveau d'activité, elle est due à une non utilisation plutôt qu'à une maladie neurologique. Cette faiblesse peut être traitée par un entraînement de résistance; pour les jambes en particulier, il peut améliorer la mobilité et réduire le risque de chute. Le renforcement des membres supérieurs est également bénéfique pour la fonction globale. Une augmentation du tonus musculaire, mesuré par la flexion et l’extension du coude ou du genou, est normale chez les personnes âgées; cependant, des mouvements saccadés lors de l'examen et une rigidité en roue dentée sont anormaux.

La sarcopénie (diminution de la masse musculaire) est une fréquente avec l'âge. Elle n'a pas de signification sauf si elle s'accompagne d'une baisse ou d'un changement d'autonomie (p. ex., les patients ne peuvent plus se lever d'une chaise sans s'appuyer). La sarcopénie affecte en particulier les muscles de la main (p. ex., muscles interosseux et thénar). La faiblesse des muscles extenseurs du poignet, des doigts et du pouce est fréquente chez les patients qui utilisent un fauteuil roulant parce que la compression du bras contre l'accoudoir peut entraîner une atteinte du nerf radial. Les mouvements des bras peuvent être vérifiés en demandant au patient d'utiliser un couvert de cuisine ou de mettre ses deux mains derrière de la tête.

Coordination

La coordination motrice est testée. La coordination diminue du fait de modifications des mécanismes centraux et peut être mesurée par l'examen neurologique; mais cette diminution est habituellement subtile et ne porte pas atteinte à l'autonomie.

Démarche et posture

Toutes les composantes de la marche doivent être évaluées; cela comprend l’initiation de la marche; la longueur du pas, la hauteur, la symétrie, la continuité et la cadence (le rythme); la vitesse (vitesse de marche); l’amplitude des pas; et la posture de marche. Les sensations, le contrôle musculosquelettique et moteur et l'attention, qui sont nécessaires pour marcher de façon indépendante et coordonnée, doivent également être évalués. Une évaluation des risques de chute est recommandée chaque année pour tous les adultes âgés de 65 ans ou plus.

Les modifications liées à l'âge peuvent comprendre:

  • Des pas plus petits, parce que les muscles du mollet sont faibles ou parce que l'équilibre est mauvais

  • Une réduction de la vitesse de marche chez les patients de > 70 ans parce que les pas sont plus courts

  • Une augmentation du temps de double appui ou appui bipodal (quand les deux pieds sont sur le sol), qui peut être dû à des perturbations de l'équilibre ou à la peur de tomber

  • Une réduction de mouvements de certaines articulations (p. ex., flexion plantaire de cheville juste avant que l'arrière du pied se décolle, mouvement du bassin dans le plan frontal et transversal)

  • De légers changements dans la posture de marche (p. ex., une plus grande rotation vers le bas du bassin, probablement due à l’association d’une graisse abdominale accrue, d’une faiblesse des muscles abdominaux et d’une atrophie des muscles fléchisseurs de la hanche; une rotation légèrement supérieure des orteils vers l’extérieur, probablement due à la perte de rotation interne de la hanche ou à une tentative d'augmenter la stabilité latérale)

Lorsque la vitesse de marche est < 1 m/s, le risque de mort est augmenté de façon importante.

Le vieillissement a peu d’effet sur la cadence de marche ou sur la posture; généralement, les personnes âgées marchent debout sauf si une pathologie est présente (voir tableau).

Tableau

Le contrôle postural est évalué en utilisant la manœuvre de Romberg (patient debout avec les pieds joints et les yeux fermés). La sécurité est primordiale, et un clinicien effectuant un test de Romberg doit être en mesure d'empêcher le patient de tomber. Avec le vieillissement, le contrôle postural est souvent altéré et le balancement postural (mouvements dans le plan antéropostérieur lorsque le patient reste immobile et debout) peut augmenter.

Réflexes

Les réflexes ostéotendineux sont vérifiés. Le vieillissement a habituellement peu d'effet sur eux. Cependant, rechercher le réflexe achilléen peut exiger des techniques spéciales (p. ex., en mettant le patient à genoux sur le bord du lit avec les pieds dans le vide et avec les mains jointes). Un réflexe diminué ou absent, constaté chez près de la moitié des personnes âgées, peut ne pas indiquer de pathologie, en particulier s'il est symétrique. Ceci arrive parce que l'élasticité du tendon diminue et que la conduction nerveuse dans le tendon (arc réflexe long) ralentit. Un réflexe achilléen asymétrique révèle généralement un trouble (p. ex., une sciatique).

La réapparition de réflexes primitifs (connus sous le nom de réflexes archaïques), qui comprennent le réflexe de la moue, le réflexe de succion et le réflexe palmomentonnier, peut souvent se rencontrer chez des patients âgés qui n'ont pas de pathologie cérébrale détectable (p. ex., démence). Un réflexe de Babinski (réponse en extension du réflexe cutané plantaire) chez les patients âgés est anormal; il indique une lésion du motoneurone supérieur, souvent par spondylose cervicale, avec compression médullaire partielle.

Sensibilité

L'évaluation de la sensibilité comprend le toucher (pique test cutané), la stéréognosie (p. ex., graphesthésie, stéréognosie), la sensibilité au chaud-froid, la proprioception (perception de la position des articulations), et la sensibilité vibratoire (diapason). Le vieillissement a des effets limités sur la sensibilité. De nombreux patients âgés peuvent signaler des engourdissements, en particulier dans les pieds. Ces engourdissements peuvent résulter d'une diminution de la taille des fibres dans les nerfs périphériques, en particulier les grosses fibres. Néanmoins, les patients qui présentent des engourdissements doivent être examinés à la recherche d'une neuropathie périphérique. Dans de nombreux cas, aucune cause aux engourdissements ne peut être identifiée.

De nombreuses personnes âgées n'ont plus de sensation vibratoire en dessous des genoux. Elle est perdue du fait de la sclérose des petits vaisseaux de la colonne postérieure de la moelle épinière. Cependant, la proprioception, qui est censée utiliser une voie similaire, n'est pas affectée.

État mental

L'examen de l'état mental est important chez les sujets de ≥ 65 ans ou chez les jeunes qui craignent un déclin cognitif. Les patients perturbés par un tel examen doivent être rassurés en leur disant qu'il s'agit d'un test de routine. L’examinateur doit s’assurer que les patients peuvent entendre; la déficience auditive qui empêche les patients d’entendre et de comprendre les questions peut être prise pour un dysfonctionnement cognitif. Évaluer les fonctions cognitives des patients qui ont des troubles de la parole ou du langage (p. ex., dysarthrie, apraxie de la parole, aphasie) peut être difficile.

L'orientation peut être normale chez de nombreux patients qui ont une démence ou d'autres troubles cognitifs. Ainsi, l'évaluation peut nécessiter des questions pour identifier des anomalies dans la conscience, le jugement, le calcul, la parole, le langage, les praxies, les fonctions exécutives ou la mémoire, ainsi que l'orientation. Des anomalies dans ces domaines ne peuvent pas être attribuées uniquement à l'âge et si des problèmes sont notés, un bilan plus approfondi, comprenant un bilan neurocognitif, est nécessaire.

Avec le vieillissement, le traitement de l’information et la mémoire à long terme sont ralentis mais restent globalement intacts. Avec du temps et des encouragements, les patients effectuent ces tâches de manière satisfaisante (sauf en cas d'anomalie neurologique).

État nutritionnel

L'âge modifie l'interprétation de nombreux paramètres utilisés pour évaluer l'état nutritionnel chez les jeunes. Par exemple, le vieillissement peut modifier la taille. Les modifications de poids peuvent refléter des problèmes de nutrition et/ou d'hydratation. La composition corporelle (masse maigre et teneur en graisses) se modifie. Malgré ces modifications liées à l'âge, l'indice de masse corporelle (IMC) est malgré tout utile chez les patients âgés, bien qu'il sous-estime l'obésité. Le tour de taille et le rapport taille-hanches ont été utilisés en lieu et place. Les risques liés à l'obésité sont accrus si le tour de taille est > 102 cm chez l'homme et > 88 cm chez la femme ou si le rapport ceinture/hanche est > 0,9 chez l'homme et > 0,85 chez la femme.

Si des anomalies de l'anamnèse nutritionnelle (p. ex., perte de poids, carences en nutriments essentiels présumés) ou de l'indice de masse corporelle (IMC) sont identifiées, une évaluation nutritionnelle approfondie, y compris des mesures de laboratoire, sont indiquées.

Points clés

  • Des informations précieuses sur l'autonomie d'un patient peuvent être acquises par l'observation.

  • L'examen clinique doit comprendre tous les systèmes, en particulier le statut cognitif, et peut nécessiter 2 séances.

quizzes_lightbulb_red
TESTEZ VOS CONNAISSANCESTake a Quiz!
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS